« Je n’ai pas de problèmes avec les choses éphémères. C’est du théâtre, je l’accepte et je ne me plains de rien.
Avec l’éphémère je n’ai pas de problèmes. Mais c’est avec LEs MÉNINES, le tableau qui m’a le plus ébloui au monde, que j’en ai. Tu vois, si l’on met toutes ces maquettes au feu je m’en fous car je sais qu’il n’y a pas LES MÉNINES là-dedans. »
Roberto Plate
LES décors de Plate dégagent de l’espace. Espace toujours en attente, comme une grotte qui appelle l’expédition, I’occupation, I’exploration. Espace à l’affût du vivant à venir. Espace à investir. C’est ce à quoi le metteur en scène se confronte car la liberté que le scénographe lui réserve tient de la chance mais aussi de l’épreuve. Plate propose des volumes et rarement des récits. Il n’aime pas suivre l’œuvre, épouser son cours, s’arrêter sur ses carrefours. De même qu’il fuit le détail séducteur et abhorre l’ornement superflu. La redondance l’exaspère et la décoration l’irrite et en ce sens Plate affirme sa filiation avec le Bauhaus. Ni se couler dans la matrice du texte, ni pavoiser la cage de scène ne l’intéressent.
La constance des refus de Plate s’affirme à travers son œuvre de scénographe qui, indéniablement, porte la marque des choix du peintre qu’il est. Les deux pratiques lui semblent être inséparables, mais c’est sa vision de plasticien qui détermine ses options de scénographe car Plate défend une vision hiérarchique des arts plastiques avec au sommet de l’échelle la
peinture, la sculpture dont s’inspirent ensuite les autres activités graphiques. Dans cette organisation pyramidale la scénographie occupe une position intermédiaire. Elle aurait en quelque sorte les vertus et les vices du purgatoire.