EN 1992, l’A­cadémie Expéri­men­tale des Théâtres a ouvert le cycle inti­t­ulé : L’ŒUVRE D’UN METTEUR EN SCÈNE avec, pour pre­mier invité, Claude Régy. La ren­con­tre, organ­isée en col­lab­o­ra­tion avec le Théâtre Gérard Phillipe, s’est déroulée au Théâtre Renauld-Bar­rault. Elle a été ani­mée par Georges Banu, Serge Saa­da et Jean- Pierre Thibau­dat.

Les spec­ta­cles de Claude Régy sus­ci­tent des réac­tions vio­lences, qu’elles soient de fas­ci­na­tion ou de rejet, et cela tout au long de son par­cours artis­tique. Inter­roger l ‘œuvre de Régy, c’est approcher des spec­ta­cles ani­més par le souci d’un théâtre sans lim­ites, un théâtre qui se donne encore le droit à l’es­sai, à l’ex­péri­men­ta­tion, le plus sou­vent à par­tir des textes con­tem­po­rains que Claude Régy fut un des pre­miers à décou­vrir (Hand­ke, Strauss, Stevens, Mor­ton … )

La ren­con­tre con­sacrée à Claude Régy a réu­ni d’abord des col­lab­o­ra­teurs d’an­ci­enne date, d’une même généra­tion artis­tique, invités à par­ler de cette expéri­ence par­ti­c­ulière qui con­siste à TRAVAILLER AVEC CLAUDE RÉGY. Le deux­ième vol­er, ACCOMPAGNER CLAUDE RÉGY, a per­mis à des assis­tants, élèves ou col­lab­o­ra­teurs plus récents de témoign­er de la col­lab­o­ra­tion avec l’artiste et de ses retombées sur leur pro­pre par­cours théâ­tral. Invité à être présent seule­ment pour le troisième volet, inti­t­ulé INTERROGER CLAUDE RÉGY, le met­teur en scène, entouré par des artistes pour qui son œuvre compte, a répon­du à leurs ques­tions avec cet effort d’élu­ci­da­tion qui accepte d’in­té­gr­er l’énig­ma­tique dont il habite cha­cune de ses pris­es de parole.

Claude Régy a tra­vail­lé et tra­vaille avec des généra­tions et des cul­tures artis­tiques dif­férences. Ses choix esthé­tiques, son refus de route forme d’in­sti­tu­tion­nal­i­sa­tion, ont fait de lui un artiste à part. Les généra­tions de met­teurs en scène issues des années qua­tre-vingt ne s’y sont pas trompées, elles le présen­tent sou­vent comme un phare, comme un met­teur en scène incon­tourn­able qui, en refu­sant tout com­pro­mis, a su con­serv­er, à l’abri des modes, une con­duite artis­tique exem­plaire. Ses deux derniers spec­ta­cles, CHUTES et JEANNE D’ARC AU BÛCHER, nous mon­trent que cerce quête obstinée de L’artiste « qui creuse tou­jours » est loin de s’être achevée. Le théâtre de Claude Régy reste encore plus que jamais un « espace per­du » où le dépasse­ment n’est plus frap­pé d’in­ter­dic­tion.

Claude Régy s’im­pose aujour­d’hui comme une des références con­stantes pour les nou­veaux met­teurs en scène et son théâtre leur appa­raît comme un des repères les plus indis­cuta­bles. Il ne cesse d’être présent, per­tur­ba­teur, rad­i­cal. Le temps ne L’a pas érodé et sa force reste intacte.