LB
Comment pouvez-vous définir votre programmation et les difficultés auxquelles vous êtes confronté pour la réaliser ?
DP Les difficultés que nous rencontrons sont toujours liées aux caractéristiques d’une institution publique, avec un budget dont il faut tirer le meilleur usage possible, tout en offrant aux artistes un espace qui garantisse leur liberté de création et leur permette de prendre des risques. La construction du patrimoine culturel d’une société est sans aucun doute liée à la complexité et aux tensions présentes dans les processus de création eux-mêmes, entre liberté artistique, pensée critique, recherche esthétique, recherche du plaisir et construction d’une mémoire collective. Un centre culturel comme le San Martín n’est pas étranger à cette complexité et diversité : il a accueilli des activités aussi différentes que la CONADEP (Commission de spécialistes qui a rédigé le document sur 8960 cas de disparitions durant la dictature militaire) ou des performances robotiques où des exosquelettes contrôlent les mouvements d’êtres humains.
LB
Quels sont les artistes que le Centre Culturel San Martín a soutenus et qui n’ont pas encore été diffusés en Europe ?
DP Le Centre Culturel accueille des artistes provenant du circuit alternatif qui sont parvenus à construire une esthétique singulière en provoquant de cette manière un grand intérêt chez les programmateurs étrangers. La plupart de ces artistes se distinguent par la force des interprétations, l’audace des propositions et l’innovation en matière dramaturgique. Dans ce domaine, des artistes comme Mariano Pensotti, Lola Arias, Fernando Rubio, Romina Paula, Gerardo Naumann, Luis Biasotto, Luciana Acuña et le Grupo Krapp, ont trouvé dans le Centre Culturel un contexte propice pour développer leur travail. Même si certains d’entre eux ont réalisé des tournées dans plusieurs pays européens, on ne peut pas dire que le résultat a été continu et général. Des séjours et résidence en Europe ont permis la création d’œuvres qui ont ensuite été créées en Argentine, mais nous n’avons pas observé de tournées récurrentes de certaines compagnies ou créateurs argentins comme un phénomène structurel. Mariano Tenconi Blanco, par exemple, a pu écrire une pièce aux USA à partir d’une bourse, la pièce a eu beaucoup de succès en Argentine, mais il n’est pas encore connu au niveau européen.
LB
Que pensez-vous des échanges internationaux entre l’Argentine et l’Europe du point de vue de la programmation, de la production ou d’autres types de collaboration ? Comment pensez-vous qu’ils pourraient se développer ?