Eric Da Silva et l’Emballage Théâtre
En 1982, est formée la compagnie Emballage Théâtre, donc les premières créations sont DON JUAN de Molière puis LOVE de Schisgall.
En 1983, création de LA GRANDE ET LA PETITE MANŒUVRE d’Arthur Adamov.
En 1985, dans un ancien entrepôt de l’aviation, à Suresnes,mise en scène des 35 premières pages de TOMBEAU POUR CINQ CENT MILLE SOLDATS de Pierre Guyorar.
À la suite de ce spectacle, la compagnie reçoit les premiers signes d’une reconnaissance institutionnelle et ses premières subventions.
En 1987, c’est avec un texte écrit par le metteur en scène, Eric Da Silva, que le travail se poursuit : Nous SOMMES SI JEUNES NOUS NE POUVONS PAS ATTENDRE.
En janvier 1989, création au Théâtre de Gennevilliers de TROÏLUS ET CRESSIDA de William Shakespeare. Succès et tournée nationale et internationale de janvier à avril 1990.
En décembre 1990, création de No MAN’S MAN d’Eric Da Silva.
En mars 1991, tournée au Japon de TROÏLUS ET CRESSIDA.
La préparation de la tournée de No MAN’S MAN et la mise en chantier de la nouvelle production occuperont les mois qui viennent.
Troisième génération
AVEC la nouvelle génération de metteurs en scène, souvent sans théâtre, après la conquête des prédécesseurs toujours en place, les certitudes et la conquête vacillent. « L’illusion théâtrale a du plomb dans l’aile » (1) nous dit joliment B. Dort. Aussi selon lui, ces nouveaux metteurs en scène qui ont entre trente et quarante ans, s’intéresseraient moins au produit, au spectacle qu’au processus. Ils redécouvrent l’identité, la matérialité des éléments dont ils font leurs spectacles. Leurs réalisations relèvent de la mise à nu du théâtre et touchent à l’élémentaire, aux entrailles, à l’architecture du théâtre. Art minimal et chirurgical. »
Il m’a semblé utile de rappeler ces réflexions non pour sécuriser le lecteur-spectateur qui pourrait enfin classer Eric Da Silva et son équipe de l’Emballage Théâtre quelque part mais bien parce qu’il y a une parenté forte, et qu’au delà il n’est pas vain de tenter de « lire » ce que devient notre théâtre, ce qu’il est.
Chez Eric Da Silva, il y a cette double mise à nu du théâtre dans son discours gestuel et dans son discours textuel. Mise sur la sellette de l’un et de l’autre dans un décor minimal dé cor-scalpel, blanc pour TROILUS ET CRESSIDA et No MAN’S MAN avec les sorties qui relèvent de la machine, de la bouche ou du sexe, renvoyant à la notion machine de guerre de G. Deleuze. Nous sommes déjà au cœur du problème qui nous préoccupe.
En panne de risque ?
« Le sentiment diffus qu’il n’y a plus guère de prise de risque dans le théâtre français contemporain … » J.M. Deprats, L’art du théâtre n°7 au tomne 1982.
Ceux d’il y a 15 – 20 ans se sont installés dans l’exploration des classiques. Je dirais qu’il y a un sentiment diffus qu’hormis des créateurs comme Kantor, le metteur en scène est une sorte d’artiste qui vieillit mal. Quelle capacité et quelle possibilité de renouvellementJ
Quelques risques de jeunesse, autour des années 68 … quelques modes… beaucoup de places déjà rares… prises pour longtemps encore…
Eric Da Silva rencontrant des « apprentis-comédiens » parlait de grisaille du théâtre, de poussière. Conscient des risques qu’il prend, il les revendique. Risques dans un travail en compagnie depuis près de l 0 ans, risques sur les textes, risques sur la mise en scène. Risque en passant à l’écriture.
Son travail, quels qu’en soient les résultats, montrerait a contrario de ce que dit J.-M. Deprats sur la relève des metteurs en scène, qu’elle existe.