ANDRÉS GALLINA

Théâtre

ANDRÉS GALLINA

Los días de la fragilidad (Les jours de la fragilité) 2016

Le 14 Avr 2019

A

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Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 137 - Noticias argentinas - Perspectives sur la scène contemporaine argentine
137

[…]
Deux­ième mi-temps
De l’adieu du muet et de la buteuse, de com­ment ils chantent des berceuses, de com­ment ils dor­ment sur le sable envelop­pés dans une servi­ette, et de la tristesse qu’il peut y avoir en tout.

Elle
Le muet, reste ici et arrête un peu de penser. Tu es tou­jours en train de penser ?

Je me fous de tout que tout le vil­lage me voie avec toi que demain nous appa­rais­sions dans LavoixdeMi­ra­marle Muet poète ultra et la tueuse du but toi et moi sur la pre­mière page bril­lants en noir et blanc nos corps nus pleins de blessures.

Fais-moi mal le Muet défoule-toi déchire-moi les lig­a­ments croisés fais flash­er ma peau rem­plis mon corps de signes pour que dans l’infirmerie du Club Atléti­co Tem­per­ley quand je passerai le con­trôle médi­cal tu appa- raiss­es dans toutes les radi­ogra­phies.

Et je m’en fous de pass­er pour une conne dans cette ville à la con et pour les fans parce que ce qui compte pour de vrai en cet instant c’est que tout ça soit vrai Muet ce qui se passe main­tenant entre toi et moi que nous restions tatoués dans le sable sec même si demain je pars pour Tem­per­ley et que mon foot­ball s’exporte dans le monde entier et que toi tu puiss­es seule­ment touch­er ma peau sur les pages de soie des revues de mode et que nos voix ne se super­posent plus jamais dans une con­ver­sa­tion (ah ça non, par­don toi tu ne par­les pas par­fois j’oublie qu’il te manque ça.)

Mais on s’en fout que demain d’autres muets cri­ent à cha­cun de mes buts que n’importe quel foot­ball clin­quant soit en réal­ité un men­songe obscène qui nous lacère le vis­age je ne veux pas que ça compte main­tenant que l’amour passe tou­jours après le foot­ball après tout en plein hiv­er d’un vil­lage mort nous sommes tous les deux nous sommes une équipe de qua­trième divi­sion que les fans abrutis insul­tent mais à la fin à la fin Muet amour à la fin à la fin toi et moi nous mon­tons en pre­mière divi­sion.

Moi,
Je t’enlève le mail­lot du Once comme si je volais son dra­peau à un ultra de l’équipe adverse et pareil aus­si je m’enlève le short et comme un vam­pire de la côte après la sai­son d’hiver je vais sucer ton sang bleu du Oncepour com­mencer et finir le match en toi.

Je ren­tre je ne sais pas trop com­ment mais je ren­tre et ma res­pi­ra­tion s’agite au point de finir avec un poumon en moins : du calme Muet je me dis il faut que je tienne j’escalade tout je monte par la jambe ferme et tra­vail­lée à force de courir partout dans les dunes de la serre munic­i­pale.

Je tombe vingt mille mètres en toi vers le cœur d’une ville où il pleut presque tou­jours.

  1. Ndt : Once Unidos est le nom du club de foot­ball local dans lequel joue Elle au début de
    la pièce. ↩︎

A

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Andrés Gallina
Extrait d'œuvre théâtrale
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