JORGE EIRO

Théâtre

JORGE EIRO

País clandestino – vers Dijon 2017

Le 12 Avr 2019

A

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Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 137 - Noticias argentinas - Perspectives sur la scène contemporaine argentine
137

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Scène 6 — Man­i­fes­ta­tion

PEDRO 2016, Brésil. Je vais à la mani- fes­ta­tion con­tre le coup d’état, Temer vient de pren­dre de manière indi- recte le pou­voir. J’ai un T‑shirt rouge, quelques per­son­nes dans la rue me regar­dent avec mépris. On dit que Lula va par­ler, juste en le nom­mant l’at- mosphère change. Le pays est divisé. Là-haut j’écoute le son des héli­cop- tères. Il y a eu des grandes man­i­fes- tations de la droite sur cette avenue. J’arrive plus près de l’avenue Paulista et je com­mence à écouter les gens.

JORGE 2001, j’ai 20 ans, je suis avec mon frère chez moi. On est tous les deux défon­cés. À cette époque-là mon frère était deal­er de shit et dans le fri­go il y avait un demi-kilo de shit dans un sac. Ma maman est venue nous voir pour tout ce qui se pas­sait dans le pays. Mon frère était un peu para­no à cause du shit. La télé était allumée. De la Rua allait par­ler, la sit­u­a­tion était hors de con­trôle.

LUCIA 2011, j’ai 28 ans, je viens de ren­tr­er en Espagne après avoir étudié à l’étranger. Je ne recon­nais pas l’Espagne et je ne me recon­nais pas en Espagne. Mon père a dû ren­voy­er ses employés et fer­mer son stu­dio d’architecture qu’il a ouvert il y a 28 ans. Je ne recon­nais pas mon père. Je ne me recon­nais pas en mon père.

PEDRO Donc j’arrive, il y a beau­coup de gens. Je vois le batail­lon antiémeute. Ça fait froid dans le dos. 15 ans avant sur cette même avenue, ce batail­lon me frap­pait à la tête lors d’une man­i­fes­ta­tion, sans rai­son. Je me suis retrou­vé cou­vert de sang, la sen­sa­tion que j’allais mourir. Tou­jours beau­coup de ten­sion entre la police et les man­i­fes­tants de gauche. Aujourd’hui encore plus.

JORGE La chaine nationale de télévi­sion. Le dis­cours est court, pra­tique et défini­tif. Il inau­gure l’état de siège. On com­mence à écouter les bruits de casseroles et les coups con­tre les bal­cons. On sort sur le bal­con de l’avenue Riva­davia et on voit les gens qui com­men­cent à sor­tir dans la rue et marcher vers le cen­tre.

LUCIA Mon amie Eva, pho­tographe, cherche des beaux murs où faire des shoot­ings pour la pièce que je vais présen­ter. On rit, « tu dois avoir l’air d’une met­teuse en scène mod­erne » dit Eva. What­sApp n’arrête pas de son­ner.

A

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