Le théâtre propose une éclaircie à la pesanteur du réel

Entretien
Théâtre
Edito

Le théâtre propose une éclaircie à la pesanteur du réel

Conversation avec Alain Badiou

Le 29 Juil 2018
Didier Galas dans Ahmed se fâche, mise en scène Christian Schiaretti, TNP Villeurbanne, 1994. Photo Gérard Rondeau.
Didier Galas dans Ahmed se fâche, mise en scène Christian Schiaretti, TNP Villeurbanne, 1994. Photo Gérard Rondeau.
Didier Galas dans Ahmed se fâche, mise en scène Christian Schiaretti, TNP Villeurbanne, 1994. Photo Gérard Rondeau.
Didier Galas dans Ahmed se fâche, mise en scène Christian Schiaretti, TNP Villeurbanne, 1994. Photo Gérard Rondeau.
Article publié pour le numéro
135

Bernard Debroux : Dans Méta physique du bon­heur réel1, vous citez plusieurs fois cette phrase de Saint- Just, « Le bon­heur est une idée neuve en Europe ». Par asso­ci­a­tion d’idées, elle m’a ramené à un des spec­ta­cles les plus mar­quants dans mon sou­venir de spec­ta­teur, 1789 du théâtre du Soleil, décou­vert en 1969 (!) et dont le sous-titre était une autre phrase de Saint-Just : « La révo­lu­tion doit s’arrêter à la per­fec­tion du bon­heur ». Dans ce même livre, vous pro­posez une dis­tinc­tion entre dif­férents types de vérité et les dif­férentes formes de bon­heur qui y sont liées : le plaisir pour l’art, la joie pour l’amour, la béat­i­tude pour la sci­ence et l’enthousiasme pour la poli­tique. Dans mon expéri­ence de spec­ta­teur, il me sem­ble que la récep­tion de 1789mêlait ces dif­férents états : du plaisir bien sûr, mais aus­si de l’enthousiasme !

Alain Badiou : Si l’on par­le de ce spec­ta­cle en par­ti­c­uli­er, il est évidem­ment insé­para­ble de l’enthousiasme flot­tant de l’époque toute entière, sur­gi en 1968. On allait de l’enthousiasme poli­tique au théâtre et du théâtre à l’enthousiasme. Au théâtre, il y a une capac­ité sin­gulière pour le spec­ta­teur qui con­siste à trans­former sa récep­tion en quelque chose comme un bon­heur, le bon­heur du spec­ta­teur qui va faire l’éloge du spec­ta­cle à par­tir d’éléments qui peu­vent être au con­traire sin­istres, trag­iques, effrayants, etc. C’est en ce sens que je dis que le théâtre reste dans le reg­istre de l’art. Il y a un bon­heur sin­guli­er qui est lié, non pas à ce qui est, men­tion­né, représen­té, mais au théâtre lui-même, le théâtre en tant qu’art. Dans le spec­ta­cle que vous évo­quez, je suis d’accord avec vous, il y avait à la fois le bon­heur du théâtre et l’enthousiasme qui vous mobil­i­sait sub­jec­tive­ment pour chang­er le monde…

BD … et de la joie aus­si …

AB Aus­si, oui.

BD Peut-être pas la béat­i­tude que pro­cure la décou­verte sci­en­tifique !

AB Oh, sait-on ? Voyez la pièce de Brecht sur Galilée ! La sin­gu­lar­ité du théâtre est peut- être de pro­duire un affect affir­matif avec des don­nées qui, du point de vue de leur apparence ou de leur évi­dence, ne le sont pas du tout. J’ai tou­jours trou­vé extra­or­di­naire que les spec­ta­cles les plus effrayants, ceux dont on devrait sor­tir anéan­tis, arrivent à pren­dre au théâtre une espèce de grandeur sus­pecte qui fait qu’on sort de là illu­miné, en un cer­tain sens, par des crimes et d’infernales trahisons.

BD Les pièces de Shake­speare en sont un exem­ple frap­pant…

AB C’est la ques­tion para­doxale du plaisir de la tragédie. Aris­tote a ten­té d’en don­ner une expli­ca­tion. Il a dit qu’au fond, nos mau­vais instincts se trou­vaient puri­fiés parce qu’ils étaient sym­bol­isés sur la scène, et ain­si comme expul­sés de notre âme. Il appelait ça « cathar­sis », purifi­ca­tion. Nous sommes heureux au théâtre parce que nous sommes déchargés, par le spec­ta­cle réel, de ce qui empoi­sonne notre sub­jec­tiv­ité. Le théâtre est une machine assez com­plexe. Il est tou­jours immergé dans son temps, donc il est tra­ver­sé par les affects dom­i­nants du temps. C’est pour cela qu’il y a un théâtre dépres­sif ou un théâtre de l’absurde ou un théâtre épique, etc. Mais d’un autre côté, quand il est réus­si, quand il a la grandeur de l’art, il crée un affect qui est fon­da­men­tale­ment celui de la sat­is­fac­tion, quelle que soit sa couleur, avec des matéri­aux on ne peut plus dis­parates.

BD En pro­longe­ment de cette réflex­ion, je voudrais faire référence à cette même époque (de l’après 68) et à mes débuts de tra­vail dans l’action cul­turelle où j’aimais éclair­er le sens de cette action en m’appuyant sur les con­cepts dévelop­pés par Lucien Gold­mann2 et repris à Lucácz de « con­science réelle » et « con­science pos­si­ble ». C’était une idée très pos­i­tive, très affir­ma­tive (qu’on peut bien sûr inter­roger et cri­ti­quer dif­férem­ment avec le recul) qui sup­po­sait que l’art, la créa­tion, les inter­ven­tions cul­turelles et artis­tiques pou­vaient bous­culer les habi­tudes sclérosées et pro­duire du change­ment… Pour­rait-on met­tre en lien ces con­cepts et ces pra­tiques avec ce que vous appelez le « théâtre des pos­si­bles » que vous met­tez en oppo­si­tion avec le théâtre « théâtre » qui est dans la repro­duc­tion d’un cer­tain réel édul­coré et où rien ne se passe… ?

AB Je pense que le grand théâtre pro­pose tou­jours une espèce d’éclaircie à la pesan­teur du réel, éclair­cie qui reste dans l’ordre du pos­si­ble, et donc fait appel chez le spec­ta­teur à un type de con­science qu’il ne con­naît pas immé­di­ate­ment, qui n’est donc pas sa con­science réelle. Le théâtre joue en effet sur cette « pos­si­bil­ité ». Antoine Vitez répé­tait sou­vent que « le théâtre ser­vait à éclair­er l’inextricable vie ». L’inextricable vie, c’était le sys­tème d’engluement de la con­science réelle dans des pos­si­bil­ités dis­parates, des choix impos­si­bles, des con­ti­nu­ités médiocres. Le théâtre fait un tri, dis­pose tout cela en fig­ures qui se dis­putent ou qui s’opposent, et ce tra­vail restitue des pos­si­bil­ités dont le spec­ta­teur, au départ, n’avait pas con­science.

BD Le théâtre européen a été forte­ment influ­encé à par­tir des années 1970 et 1980 par l’irruption des sci­ences humaines dans l’espace social. À côté du met­teur en scène, on a vu appa­raître le « dra­maturge » au sens alle­mand. Celui-ci a pu même être con­sid­éré à un cer­tain moment comme le « gar­di­en » du sens. Le théâtre est un univers de signes (texte, jeu de l’acteur, scéno­gra­phie, lumières, cos­tumes) où tout fait sens. On entendait sou­vent lors de répéti­tions dire à l’acteur : « là, ce que tu fais, c’est juste ». Para­doxale­ment, je me sou­viens d’avoir assisté à des répéti­tions de pièces mis­es en scène par Ben­no Besson (qui avait pour­tant tra­vail­lé de longues années avec Brecht à Berlin) qui encour­ageait l’acteur en lui dis­ant : « là, ce que tu fais, c’est beau ».

AB Je serais assez ten­té d’admirer les deux approches et d’être dans une syn­thèse pru­dente afin d’éviter le choix. D’une cer­taine façon quand on dit « c’est juste », on emploie un mot qui est, soit du reg­istre de l’exactitude, soit du reg­istre de la norme. « Juste » est un mot équiv­oque. On peut en effet aus­si bien dire : « Le résul­tat de cette addi­tion est juste ». Le mot « juste » tire vers jus­tice ou vers exact. Il est au milieu des deux.

Je pense aus­si que lorsqu’on dis­ait « c’est juste » dans un con­texte sournoise­ment poli­tisé, c’était parce qu’on préférait dire « juste » que « beau ». Dire « c’est beau » était con­sid­éré comme trop intem­porel… Les deux appré­ci­a­tions peu­vent en vérité appa­raître chez le met­teur en scène à des moments et dans des con­textes dif­férents. « Juste » va tir­er du côté de la con­science pos­si­ble, de la fonc­tion éduca­tive du théâtre. « Beau », c’est autre chose, c’est le sen­ti­ment qu’on peut avoir d’être dans une lumière sin­gulière, une éclair­cie vis­i­ble. « Beau » est une qual­ité intrin­sèque de ce qui se voit, de ce qui appa­raît, de ce qui est dit, de ce qui s’entend. Je dirais volon­tiers que la ruse du théâtre, c’est de tou­jours, sournoise­ment, soutenir le juste par le beau, de faire comme si le juste était lui-même tou­jours beau. Si un moment de théâtre est à la fois juste et beau, quelque chose exerce sur nous une attrac­tion sin­gulière qui, par ailleurs, peut être aus­si la révéla­tion que telle action est pos­si­ble alors qu’on la croy­ait impos­si­ble. Cette con­fu­sion du juste et du beau, je la voy­ais, chez Vitez, dans beau­coup de ses actions de met­teur en scène. Sou­vent les acteurs se plaig­naient qu’il ne leur don­nait pas d’indications au sens strict du terme. Il était l’opposé de Strehler, qui, lors des répéti­tions, finis­sait par jouer la pièce entière tout seul ! Les acteurs étaient assis au pre­mier rang, regar­daient… Et finale­ment, ain­si étrange­ment « tra­vail­lé », le spec­ta­cle était extra­or­di­naire quand même !

Chez Vitez, c’était très dif­férent. Je me sou­viens de la répéti­tion d’un moment de mon Écharpe rouge, dans lequel un acteur, qui n’intervenait pas dans ce moment, regar­dait et suiv­ait les choses, assis au fond de la scène. Au moment où, se lev­ant, il allait entr­er à son tour dans l’action, Vitez est inter­venu pour lui dire : « Ne te lève pas, c’est très beau que tu sois assis, que tu com­mences la scène comme ça, sans te lever. » S’il avait dit « c’est juste », on n’aurait pas bien com­pris pourquoi le fait qu’il soit assis ren­forçait son entrée en scène. Vitez dis­ait « c’est beau » parce que le non-geste qu’il allait faire en phras­ant sa pos­ture assise était sin­guli­er, et allait impos­er à la scène une espèce de frappe par­ti­c­ulière. Voilà pourquoi je suis pour la beauté autant que pour la jus­tice !

BD Pour­riez-vous expliciter, en regard de l’opposition que l’on fait par­fois entre théâtre du corps et théâtre du texte, et que vous récusez, les notions d’immanence du texte et de tran­scen­dance de l’image ? Vous dites que le théâtre, ce n’est pas de la poli­tique, ce n’est pas de la philoso­phie, mais qu’il se situe entre les deux…

AB J’ai tou­jours été, peut-être de façon réac­tive et par­fois même réac­tion­naire, déçu par les con­tro­ver­s­es sur l’importance respec­tive de la présence théâ­trale du corps ou du texte. Je pense que l’apologie du corps, cette fausse philoso­phie de la présence vitale, finit par aboutir à une entrée mas­sive de la choré­gra­phie dans le théâtre. Je par­lerais même d’une sorte de cor- rup­tion du théâtre par la danse. Je ne le dis pas con­tre la danse que j’aime beau­coup par ailleurs, mais ce n’est pas la même chose. La danse peut exis­ter dans l’espace de la scène, cela ne sig­ni­fie pas qu’elle se résume ou se résout en théâtre. Le théâtre peut bien enten­du com­porter des élé- ments choré­graphiques, mais, pour moi, ce n’est pas son essence pro­pre. Je pense que le théâtre, c’est ce qui se tient dans une rela­tion ser­rée entre imma­nence, côté corps, et tran­scen­dance, côté texte, assez ser­rée, indémêlable. Il y a l’évidence du vis­i­ble d’un côté et la saisie du sens audi­ble de l’autre. Ce n’est pas la même per­cep­tion. L’audition n’est pas la vue. Par une com­bi­nai­son de l’audition et de la vue le théâtre est capa­ble de sym­bol­is­er une rela­tion entre imma­nence et tran­scen­dance qui aboutit à quelque chose d’inséparé. C’est cet insé­paré qui me fascine dans le théâtre. Le fait que quelque chose est recon­stru­it sur scène dans une fig­ure de présence absolue qui cepen­dant touche aus­si au plus com­plet imag­i­naire (lequel est porté par des ques­tions de per­son­nages, de tex­tu­al­ité etc.) Quand on défait cela, quand on val­orise ou sures­time un des aspects, qu’il domine l’autre, je suis inqui­et…

Cela veut dire au fond que le théâtre, pour moi, c’est fon­da­men­tale­ment et de façon supérieure, l’art dialec­tique, la sépa­ra­tion-insé­parée comme con­tra­dic­tion active. Que l’on ait un texte qui a 3000 ans d’âge, et qu’il devi­enne immé­di­ate­ment sai­sis­sant aujourd’hui quand il est porté et présen­té par des corps- par­lants est vrai­ment extra­or­di­naire !

Par ailleurs, je suis frap­pé par le fait que dans l’histoire du théâtre, il y a des moments où il se gon­fle par des apports extérieurs impor­tants et où il tend vers l’idéologie du théâtre total. On sent cette courbe mon­ter au XIXe siè­cle, par exem­ple, au point même que Wag­n­er va faire con­stru­ire à Bayreuth le théâtre du « théâtre total ». Mais ensuite, à un moment don­né, arrivent des gens, comme Copeau, qui pro­posent une bru­tale sim­pli­fi­ca­tion et qui dis­ent : « le théâtre, c’est quelques acteurs sur un planch­er nu ». C’est l’histoire dialec­tique du théâtre et c’est aus­si la dialec­tique du théâtre lui-même : chaque représen­ta­tion est un cer­tain par­ti pris sur cette dialec­tique.

BD Cette dialec­tique peut se retrou­ver à l’intérieur du par­cours d’un met­teur en scène. Si on pense à Chéreau qui a mis en scène le Ring de Wag­n­er à Bayreuth, mais qui pou­vait se retrou­ver pour La Douleur de Mar­guerite Duras, seul, sur une scène nue, pourvue d’une table et d’une chaise, en com­pag­nie de Dominique Blanc, ou encore la lec­ture spec­ta­cle qu’il fit, pieds nus, de Comade Pierre Guy­otat…

AB Je suis absol­u­ment de votre avis. Cette dialec­tique, on peut la voir his­torique­ment, elle est présente comme vir­tu­al­ité théâ­trale à l’intérieur de n’importe quel spec­ta­cle, et finale­ment, chez le même met­teur en scène, on peut voir la sat­is­fac­tion de l’ornementation et la sat­is­fac­tion de l’ascétisme.

BD Cocteau dis­ait de la poésie que « c’est un men­songe qui dit tou­jours la vérité ». Aragon, dans le même ordre d’idée par­lait du « men­tir vrai ». On peut con­sid­ér­er le théâtre comme le lieu d’une ten­sion entre le vrai et le faux, ques­tion philosophique par excel­lence…

AB Quand Pla­ton prend des posi­tions très raides vis à vis du théâtre, c’est évidem­ment en rai­son du fait qu’il s’inquiète de ce que le spec­ta­teur puisse éprou­ver des affects ou porter des juge­ments au regard de choses qui ne sont finale­ment que des fic­tions. Pla­ton remar­que que, sou­vent, le per­son­nage qui attire le plus l’admiration du spec­ta­teur parce qu’il est joué par un acteur extra­or­di­naire, c’est le méchant, l’horrible, le traître, le ban­dit, l’assassin. N’importe qui peut accéder à la gloire théâ­trale porté par le texte, l’acteur, la poésie… Il pense que ce n’est pas moral ! Et l’immoralité est une ques­tion récur­rente dans l’histoire du théâtre. Les églis­es ont tou­jours sus­pec­té le théâtre d’être un lieu de fal­si­fi­ca­tion et de débauche…

BD … Jusqu’à excom­mu­nier les acteurs, ce qui fut jusqu’au XVI­I­Ie siè­cle en France la posi­tion catholique et protes­tante …

AB Pour moi, le philosophe doit accepter que la fonc­tion du théâtre ne soit pas réelle­ment d’indiquer ce qui est bien ou ce qui est mal. Même Brecht n’avait pas cette inten­tion. Il voulait mon­tr­er que, de toutes façons, nous sommes con­fron­tés à des choix néces­saires et que nous devons le savoir. Ce n’est pas la même chose que de dire : « ceci est bien, ceci est mal ». C’est une instruc­tion générale sur le côté prob­lé­ma­tique de nos engage­ments. Brecht nous demande d’être au clair, quand on fait quelque chose, sur ce qu’on est en train de faire. Le théâtre a une fonc­tion qui n’est pas de dire le vrai, mais une fonc­tion d’éclaircissement sur l’arène où le vrai et le faux, le juste et l’injuste sont en con­flit. Il jette sur cette arène un ray­on de lumière spé­ci­fique, nou­veau. Il s’agit moins d’instruire les spec­ta­teurs que de les aver­tir de ce qu’est le réel.

BD N’est-ce pas aus­si la fonc­tion de la philoso­phie ?

Alain Badiou, Festival d’Avignon 2015. Photo Christophe Raynaud de Lage.
Alain Badiou, Fes­ti­val d’Avignon 2015.
Pho­to Christophe Ray­naud de Lage.

AB Il y a une théâ­tral­ité de la philoso­phie. Le théâtre et la philoso­phie sont com­plices. Pla­ton lui-même par­le de « rival­ité » entre la poésie et la philoso­phie. Rival­ité veut dire qu’il y a com­mu­nauté de des­tin et de fonc­tion. Je penche plutôt du côté des philosophes attirés par le théâtre, con­va­in­cus que le théâtre peut être une forme appro­priée pour par­ler de cer­tains aspects de ce qu’ils pensent. Lorsque j’étais jeune, j’étais très attiré par Sartre qui, à cette époque, était bien plus con­nu pour être l’auteur de Huis clos que de L’Être et le néant.

Entre nous, ce qui éclaire la chose de façon sin­gulière la cri­tique du théâtre par Pla­ton, c’est qu’il n’a lui-même écrit que des dia­logues, que du théâtre ! C’est le seul grand philosophe qui ait trou­vé le moyen de ne jamais écrire le moin­dre traité sys­té­ma­tique, avec des déf­i­ni­tions, des con­séquences tirées des déf­i­ni­tions, des polémiques académiques, comme le fer­ont juste après lui Aris­tote puis toute la tra­di­tion méta­physique. Pla­ton ne procède pas du tout comme ça. Il monte des petites pièces de théâtre ! On a là une bonne con­clu­sion : le des­tin de cet immense philosophe, explicite­ment enne­mi du théâtre, est d’être joué…

  1. Alain Badiou, Méta­physique du bon­heur réel, Press­es uni­ver­si­taires de France, 2015, réédi­tion Quadrige, 2017. ↩︎
  2. Lucien Gold­mann, Struc­tures men­tales et créa­tion cul­turelle, Paris, 10/18, Union Générale d’Éditions, 1970. ↩︎
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Bernard Debroux
Bernard Debroux
Fondateur et membre du comité de rédaction d'Alternatives théâtrales (directeur de publication de 1979 à...Plus d'info
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