Le théâtre de marionnettes pose, par essence, des questions aussi essentielles que : qu’est-ce que l’homme ? Qu’est-ce qu’être vivant ? Qu’est-ce que la liberté ? Comment envisager les liens entre l’esprit et la matière ? Le questionnement sur la nature et la condition humaine ainsi que sur les frontières entre le vivant et le non-vivant sont au centre de sa représentation. Les récents développements de la pensée scientifique autour des questions du post-humain réactivent le modèle de la marionnette, aux côtés d’autres figures telles que l’automate, le robot, l’avatar numérique, le cyborg. En somme, la marionnette nous aide depuis longtemps à penser ce qu’il y a en nous d’« autre » que l’humain. C’est ce à quoi s’emploie l’ouvrage collectif Les Scènes philosophiques de la marionnette, édité aux éditions L’Entretemps, dans la collection « La Main qui parle » de l’Institut International de la marionnette de Charleville-Mézières. Il y a deux manières de penser la marionnette. Soit la philosophie permet d’interpréter les scènes marionnettiques – les énoncés philosophiques délivrent alors des énoncés clairs et explicites sur les spectacles pour penser des questions d’envergure comme la technique, la matière, l’âme, l’animation… Ici, la philosophie est première et le spectacle, second. Soit la marionnette et son écriture sont approchées comme des pensées en soi, pensées de plateau, pensées de terrain. Cette « pensée-marionnette » qui fait de la marionnette une forme de pensée spécifique s’appréhende dans la mise en situation de concepts sur scène. La marionnette devient alors une pensée qui jaillit au sein de pratiques expérimentales. On peut tout à fait répondre philosophiquement à la question : la marionnette a‑t-elle une âme ? L’article de Philippe Choulet mobilise en effet Platon, Descartes, Leibniz, Kant, Spinoza et Nietzsche pour comprendre cette « illusion d’animation ». Mais il est aussi possible, comme le propose Noémie Lorentz, de mettre à l’épreuve ces présupposés philosophiques en les confrontant à la conception des marionnettes à fils de Frank Soehnle, si reconnaissables par leur mouvement souple de balancier relativement libre (permettant de revendiquer malicieusement que c’est bien la marionnette qui dirige), ou bien à la pratique de Stephen Mottram qui dédie à la précision technique et au contrôle la « vie » de ses marionnettes, sans entretenir une quelconque mythologie de l’âme présupposée des marionnettes.
Baby Macbeth est un spectacle d’objets en vieil anglais de la compagnie bruxelloise Gare centrale, créé en 2017. Il est…