Alain Badiou et le retour d’Ahmed

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Alain Badiou et le retour d’Ahmed

Le 12 Juil 2018
Didier Galas dans Ahmed revient, texte Alain Badiou, mise en scène Didier Galas, Festival d’Avignon 2018. Photo François Mori.
Didier Galas dans Ahmed revient, texte Alain Badiou, mise en scène Didier Galas, Festival d’Avignon 2018. Photo François Mori.
Didier Galas dans Ahmed revient, texte Alain Badiou, mise en scène Didier Galas, Festival d’Avignon 2018. Photo François Mori.
Didier Galas dans Ahmed revient, texte Alain Badiou, mise en scène Didier Galas, Festival d’Avignon 2018. Photo François Mori.
Article publié pour le numéro
135

L’engagement d’Alain Badiou se développe et se décline avec bon­heur entre philoso­phie, poli­tique et créa­tion théâ­trale.

Forte­ment mar­qué dans sa jeunesse par l’univers impér­i­al et les guer­res colo­niales en même temps que par l’arrivée mas­sive de tra­vailleurs immi­grés, il a puisé dans ces évène­ments his­toriques la matière pre­mière de son théâtre. Lecteur atten­tif du théâtre antique et clas­sique, où depuis tou­jours le per­son­nage de la plus basse des class­es est le héros de la comédie – l’esclave chez Plaute, le valet chez Molière – Alain Badiou a pro­longé cette tra­di­tion en choi­sis­sant un héros de ban­lieue pour en faire le per­son­nage cen­tral de sa Tétralo­gie d’Ahmed1, faisant le pari que « quelque chose de la vérité n’est per­cep­ti­ble, n’est lis­i­ble que du point de vue de celui qui est exclu ». C’est lui qui est por­teur de la vision réelle des con­tra­dic­tions que la société pro­duit. Ce théâtre de l’opprimé, pour par­ler comme Augus­to Boal, fait de l’esclave et du valet, celui qui per­met de dénouer les intrigues de la société, et de rouler dans la farine les dom­i­nants.

Dans l’effervescence des années 1968, qui auront mar­qué en pro­fondeur toute une généra­tion, des étu­di­ants et de jeunes pro­fesseurs allaient à la ren­con­tre d’ouvriers algériens et maro­cains ; ensem­ble ils ten­taient de démêler les nœuds des principes d’oppression qui étaient au cœur de leur sit­u­a­tion. Alain Badiou a par­ticipé à ces ten­ta­tives de prox­im­ité de la jeunesse avec les tra­vailleurs immi­grés.

Le per­son­nage d’Ahmed est le fruit de la famil­iar­ité de son auteur avec l’histoire du théâtre, con­juguée à une expéri­ence con­crète de par­tic­i­pa­tion aux mou­ve­ments de con­tes­ta­tion sociale et poli­tique des années 1950 et 1960.

Deux des pièces de la tétralo­gie sont des réécri­t­ures. La pre­mière, Ahmed le sub­til, est la trans­po­si­tion mod­erne des Fourberies de Scapin de Molière et la qua­trième, Les Cit­rouilles, celle des Grenouilles d’Aristophane.

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Bernard Debroux
Bernard Debroux
Fondateur et membre du comité de rédaction d'Alternatives théâtrales (directeur de publication de 1979 à...Plus d'info
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