Reprendre en devenant. 
Des vies de la dramaturgie

Théâtre
Edito

Reprendre en devenant. 
Des vies de la dramaturgie

Le 30 Déc 2020
Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 132 - Bruxelles, ce qui s'y trame
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Il est tou­jours dif­fi­cile de repren­dre même si cette dif­fi­culté est peut-être le pro­pre d’une pra­tique qui a plus ten­dance à repren­dre et rejoin­dre ce qu’un.e autre – metteur.e en scène, choré­graphe, directeur.rice de struc­ture… – a lancé qu’à rad­i­cale­ment ini­ti­er. Quand on exerce la pra­tique dra­maturgique1, on sait que l’on vient tou­jours « après », que ça a tou­jours déjà com­mencé et que notre tâche con­siste moins à ten­ter de « remon­ter » à l’idée orig­inelle qu’à accom­pa­g­n­er le déploiement, le pro­longe­ment et par­fois la trans­for­ma­tion de ce avec quoi l’autre par­tait. Accom­pa­g­n­er des départs sans avoir à en con­naître en amont la des­ti­na­tion, se met­tre au ser­vice des bifur­ca­tions, habiter une dou­ble atten­tion qui prend soin tout autant de ce qui met quelqu’un.e en route que de tout ce qu’elle ou il va trou­ver, acci­den­telle­ment, sur sa route : c’est dans cette zone sen­si­ble, sans con­tour fixe mais se recon­fig­u­rant à chaque nou­velle col­lab­o­ra­tion, que me sem­blent en effet se mou­voir cer­taines pra­tiques dra­maturgiques con­tem­po­raines autour desquelles je me meus moi-même.

Repren­dre, donc. Pren­dre sans entière­ment maîtris­er, sans avoir et sans chercher la pro­priété mais en ayant accep­té le petit décalage qui pose, l’air de rien, l’espace d’une dif­férence et d’une altérité tel que le con­tient le minus­cule pré­fixe « re ». Repren­dre, recom­mencer, ce n’est jamais répéter en pen­sant retrou­ver le même orig­inel. Cela relève plutôt d’une con­fi­ance don­née à l’impossible iden­tité et à la magie des tra­jets au sein desquels, comme le dit le philosophe Jean Bor­reil : « Il n’y a pas de revenir, il n’y a que des devenirs. »2 Pour une philosophe-dra­maturge qui a fait de toute sa vie – tant intime que pro­fes­sion­nelle – un per­pétuel déplace­ment et qui s’est « for­mée » en ne ces­sant de repos­er les con­di­tions des pos­si­bles dé-for­ma­tions, dé-cen­trements, dés­ap­pro­pri­a­tions… une telle présen­ta­tion de la reprise devrait entraîn­er adhé­sion joyeuse, à la fois apaisée et dynamisée, ain­si qu’élan pro­longé en com­pagnon­nage de chemins d’invention.

Pour­tant, aujourd’hui, cette même sin­gu­lar­ité dit qu’il est par­ti­c­ulière­ment « dif­fi­cile de repren­dre » et elle le dit sans pou­voir faire si facile­ment de la dif­fi­culté une qual­ité pro­pre à la pra­tique dra­maturgique qui saurait la tor­dre du dedans pour en faire un ressort de créa­tion. Elle le dit sans pou­voir con­ver­tir le « dur » en « com­plexe », en com­pli­ca­tion que sait généreuse­ment pro­duire l’entrelacement du même et du dif­férent. Elle l’écrit et, surtout, elle le vit en se sen­tant abîmée, amputée de ce qu’elle se con­fec­tion­nait dans la reprise et qui con­fec­tion­nait celle-ci dans une alliance, fine et épaisse à la fois, de mou­ve­ment et de sta­bil­ité. Elle perçoit l’invitation à la reprise en en ayant, comme cela est telle­ment craint en ce moment, « per­du le goût ». Mais juste­ment, ce n’est pas le goût « nor­mal » qu’elle voudrait retrou­ver en se fiant pour cela aux ordon­nances des bons gestes, et en se méfi­ant, comme tout nous l’indique en ce temps de « pandémie », des poten­tielles altéra­tions. C’est, au con­traire, le goût déviant, fait de déviances et de tor­sions des ordon­nance­ments que, jusqu’à présent, le fait de « repren­dre » lui procu­rait. 

Partout, au moment où elle écrit, au moment où j’écris, j’entends les annonces de « la ren­trée » et les appels à « la reprise ». Et partout, tout le temps, je me sens privée de la dynamique d’un « repren­dre » qui veut dire ren­con­tr­er, pour me trou­ver assignée au piétine­ment qui le fait rimer avec ren­tr­er et retourn­er. Ren­tr­er au foy­er con­finé après être retourné.e.s dans les insti­tu­tions rigid­i­fiées qui nous assurent, sans trem­bler, sans se voir en rien altérées, que rien n’a changé alors que nous savons bien que tout a changé. Nous sommes en sep­tem­bre 2020 et, en effet, c’est la ren­trée.

C’est la ren­trée, la « reprise » des cours, des trans­ports bondés, des emplois du temps sur­chargés et des charges qui pèsent sur la « respon­s­abil­ité » de chaque tra­vailleuse ou chaque tra­vailleur qui doit décider de « ren­tr­er » au lieu du tra­vail ou de « ren­tr­er » à la mai­son : ce qui compte c’est qu’il ou elle puisse faire au max­i­mum « comme avant ». C’est la ren­trée, c’est le rit­uel par lequel redé­marre chaque année, et dans celle-ci, comme dans toutes les autres, on doit repren­dre exacte­ment dans les mêmes formes que précédem­ment, retrou­ver les mêmes usages, les mêmes vis­ages en oubliant presque qu’ils sont à présent masqués. C’est la ren­trée, rien n’a changé et pour­tant, on le sait, tout a changé. Mais ce savoir sen­si­ble qui, lui, perçoit, dans le même martelé, la résis­tance de la trans­for­ma­tion, le rythme des dis­so­nances et la saveur des har­moniques plurielles qui font grin­cer les appels à l’unisson, lui, ce savoir savoureux, ne cesse d’être attaqué et cap­turé au moment où la reprise se voit con­fisquée. Elle est bru­tale­ment enfer­mée dans la case iden­ti­taire du retour au même qui efface ce que la reprise est ou, plus pré­cisé­ment, qui annule ce qu’elle fait. À présent elle est assurée ; les auteurs de son assur­ance sont les experts des san­tés et des nor­mal­ités à retrou­ver et ses acteurs, comme son poten­tiel sin­guli­er d’action et d’agitation, sont arrêtés et for­cés au mutisme et à la dis­pari­tion. C’est la ren­trée, c’est la reprise et nous sommes nombreux.ses à ne plus trou­ver aucune prise et à tout sim­ple­ment per­dre pied. 

Alors oui, il est dif­fi­cile de repren­dre, dif­fi­cile de s’inscrire sous un verbe qui définit l’inverse de ce que nous pen­sions qu’il fai­sait. La dif­fi­culté est d’autant plus ressen­tie ici qu’elle se joue pour moi à plusieurs niveaux. Elle com­mence dans le sim­ple fait d’être invitée à « repren­dre » une réflex­ion déjà entamée et partagée plusieurs fois et, en réal­ité, tout près d’« ici ». Beau­coup de mes réflex­ions autour de la dra­maturgie se trou­vent sur le site Inter­net de La Bel­lone que dirige celle qui, avec Car­o­line Godart, m’invite ici à écrire : Mylène Lau­zon. À ce niveau-là, la dif­fi­culté s’éprouve donc d’abord comme une crainte de con­tra­dic­tion, une peur de finir par rigid­i­fi­er ce qui est essen­tielle­ment fluc­tu­ant et mou­vant et de le faire en répé­tant juste­ment ce que je dis sou­vent à par­tir du terme même de dra­maturgie qui, lui aus­si, l’air de rien, implique le mou­ve­ment : face aux dra­ma­tiques qui ont pour cen­tre unique le dra­ma, autrement dit – ou comme le dit l’autre de l’étymologie grecque – l’action en tant que finie et achevée, la dra­maturgie décen­tre ce dra­ma en lui ajoutant la sub­til­ité de l’ergon qui, lui, sig­ni­fie, mou­ve­ment. La dra­maturgie remet en mou­ve­ment le fini comme le défi­ni et pou­voir par­ler d’elle ou avec elle implique donc de fuir les dé-fini­tions et de con­stam­ment inven­ter des manières déplacées de la présen­ter ou plus pré­cisé­ment de la faire expéri­menter

Or c’est là que la dif­fi­culté se redou­ble et passe du sin­guli­er au partagé. Car ce qui pour­rait me préserv­er d’une forme de trahi­son quant à ce qui fait pour moi la dra­maturgie ou quant à ce qu’elle fait et qui la fait résis­ter aux dé-fini­tions ; ce qui pour­rait en effet ne pas me faire tomber, par répéti­tion assurée, dans le car­can de la représen­ta­tion qui fige et donc rate la dynamique dra­maturgique, c’est ce dont nous nous trou­vons col­lec­tive­ment privés : la fac­ulté d’expéri­menter. Dans cette cap­ture mor­bide de la reprise qui nous enjoint de recom­mencer « nor­male­ment » sur fond d’excep­tion­nel, de crise et d’urgence san­i­taire pro­longée, ce sont bien nos capac­ités à éprou­ver qui sont « con­t­a­m­inées ». Les con­di­tions min­i­males de l’expérience que sont l’espace et le temps nous sont en effet chaque fois plus forte­ment enlevées. D’un côté, l’espace dense et sen­si­ble des mou­vances est rem­placé par la ligne droite de la restau­ra­tion et du rétab­lisse­ment des nor­mal­ités sup­posées représen­ta­tives de la « san­té » de nos sociétés – que l’on sait bien, pour­tant et depuis longtemps, être malades, tox­iques et intox­iquées. De l’autre côté, le temps dis­paraît, il n’y a plus de durée à éprou­ver, il n’y a que l’urgence et ses injonc­tions à agir vite et à suiv­re les mesures pris­es « vite fait ».

Depuis plusieurs années les É/états d’urgence s’installent en promettant leur rapide interruption, la libération proche des espaces publics et la restitution du temps commun.

Il y a cinq ans, il y a trois ans, il y a trois mois… il devait, il devrait y avoir un arrêt mais la fin ne vient pas et le temps nous est dérobé. 

Ça ne s’arrête pas, ça reprend, c’est la ren­trée. C’est la reprise : reprise de la cir­cu­la­tion des avions et du virus, reprise des aug­men­ta­tions d’aide don­née aux PME et de celles du nom­bre de malades ou de per­son­nes étant hos­pi­tal­isées.… Tout se con­fond, les formes ne se dis­tinguent plus, on perd, avec le temps qui nous est ôté, nos capac­ités à dis­cern­er et à con­sid­ér­er vrai­ment, pro­fondé­ment, ce que nous expéri­men­tons. Plus d’espace, plus de temps, plus de sen­si­bil­ité et d’expérimentation, nous avançons tête bais­sée comme une masse hyper­anesthésiée. Or, éton­nam­ment, c’est ici, en ce point max­i­mal d’obscénité que nous nous voyons « mas­sive­ment » touch­er, que quelque chose con­tin­ue de s’éprou­ver, en dehors de la fan­tas­mée « total­ité » et en débor­ds de la représen­ta­tion dra­ma­tique que l’on peut facile­ment en don­ner. L’expérience résiste au même moment où elle se voit exis­ter à l’endroit d’une résis­tance qui, elle, se vit au croise­ment du sin­guli­er et du partagé. Une résis­tance que n’expriment aucun dis­cours, aucun représen­tant, aucun corps trop molaire de la man­i­fes­ta­tion « anti-masque » ou anti telle ou telle mesure prise par un gou­verne­ment, mais qui réside d’abord et seule­ment à l’endroit d’une sen­sa­tion. 

Nous sommes nom­breuses et nom­breux – sans doute bien plus que nous ne le pen­sons – à éprou­ver aujourd’hui l’âpreté d’une reprise et d’une ren­trée et, tout sim­ple­ment, à ne pas y arriv­er. Les corps boitent, les march­es ne vont plus si droit, les yeux que l’on con­tin­ue de pou­voir regarder sont fatigués et les souf­fles sont coupés, non pas par le port du masque mais par le déporte­ment de la durée et l’emportement du temps. Tout va trop vite, on voudrait laiss­er dépos­er tout ce qui s’est ren­ver­sé, on voudrait « saisir ce qui nous saisit »3, attrap­er ce qui nous attrape et qui nous fait pass­er d’un état à l’autre en un instant. On voudrait arrêter et expéri­menter à nou­veau le temps, non pas ce temps con­finé auquel toute notre épreuve de la durée a été, pen­dant des mois, assignée en se com­p­ri­mant, mais le temps réel, dense et épais car tis­sé des sen­sa­tions et de leurs partages. On voudrait en somme « repren­dre » les con­di­tions de l’espace et du temps qui nous per­me­t­tent d’éprouver que nous sommes vivants, que nous sommes mou­vants, que nous sommes for­cé­ment changeant, devenant, et non « revenant » en forme de morts-vivants. On voudrait, on pour­rait et le poten­tiel peut ouvrir des pos­si­bles d’incarnation et surtout d’expérimentation. C’est aus­si cela qui con­stitue le tra­jet des créa­tions et des inven­tions de formes et de partage de sen­si­bil­ités que tente le si bien nom­mé et dont le nom fait du bien : « art vivant ». On peut repren­dre le temps et rou­vrir l’espace de nos croise­ments, on peut se décon­fin­er, vrai­ment.

La résis­tance de l’expérience rou­vre ain­si la pos­si­bil­ité de la reprise : ce qui la rend pos­si­ble et ce qu’elle rend pos­si­ble. Res­saisir l’espace et le temps mais aus­si et surtout pou­voir les redé­ploy­er, les désen­cas­tr­er de ce qui, sous les noms d’urgence et de retour sans dévi­a­tion, les a cap­turés. Pou­voir les refaire cir­culer et nous laiss­er, avec eux, bouger. Cela peut com­mencer en effet par la réin­ser­tion du mou­ve­ment dans cet appar­ent arrêt général­isé, par la per­tur­ba­tion des linéar­ités posées entre un début et une fin iden­ti­fiée, et par la tor­sion du tra­jet sim­pli­fié en retour et des­ti­na­tion déjà fixée.

En somme, l’expérience peut reprendre et redémarrer par une « reprise », reprise par une pratique qui a fait de la résistance à l’arrêt sa première dynamique, elle peut être relancée par la dramaturgie et plus précisément par une dramaturgie qui agit au nom de l’impossibilité des arrêts, en faveur des durées partagées et en s’occupant des espaces qui permettent ces dernières. 

Les espaces qui pren­nent soin du temps com­mun et du temps du com­mun tel qu’il ne se décrit pas, ne se plan­i­fie pas, ne se décide pas par des un.e.s pour des autres mais s’éprouve à plusieurs, qui exis­tent et por­tent un nom. Le philosophe Mau­rice Mer­leau-Pon­ty, entre autres, appelle ces organ­i­sa­tions qui « don­nent de la durée aux expéri­ences » des « insti­tu­tions »4. Dans ces espaces que l’on recon­naît comme rel­e­vant de nos dessins d’humains pen­sant-par­lant-rêvant, de nos inscrip­tions et de nos manières de nous inscrire dans l’espace et le temps, nous fab­riquons les con­di­tions d’un soin don­né à ce à quoi nous tenons. Depuis plusieurs années, j’ai trou­vé dans l’occupation de cer­taines insti­tu­tions, le milieu « ajusté » pour déploy­er la dra­maturgie à laque­lle je tiens et qui cir­cule des plateaux artis­tiques aux places poli­tiques en pas­sant par des scènes théoriques con­flictuelles. Aujourd’hui plus que jamais j’y vois des ressorts pour con­tin­uer, ensem­ble, de cir­culer, pour résis­ter à l’assignation. 

À La Bel­lone, dans le cadre des sémi­naires de dra­maturgie et surtout des con­ver­sa­tions dra­maturgiques que j’ai avec des artistes en rési­dence qui se vivent comme des expéri­ences de codé­place­ments, tout comme au théâtre Nan­terre-Amandiers au sein du cycle Mon­des pos­si­bles, je crois que c’est cela que l’on fait. Se ren­con­tr­er, « repren­dre » sen­si­bil­ité et vivac­ité grâce à l’autre qui racon­te son tra­jet d’invention, mais aus­si repren­dre pied, ensem­ble, dans ce que nous habitons et que l’on peut habiter autrement qu’en fonc­tion des appels à la ren­trée ou au con­fine­ment. Tout autour de nous se déploie le paysage sur fond duquel nous nous par­lons, nous parta­geons des expéri­ences et pou­vons pass­er des ordon­nance­ments for­cés au désor­dre pro­pre au vivant que l’on décide, juste­ment, de soign­er.

Saisir, percevoir ce qui nous écrit pour écrire différemment, voilà ce qui constitue pour moi la vitalité de certaines institutions et ce qui, en les occupant de nos présences dramaturgiques, nous offre des vivacités d’attention et, tout simplement, nous rend vivant.e.s. 

Dans un présent mor­bide, elles peu­vent con­stituer des poches de res­pi­ra­tion et nous don­ner un droit à respir­er, non plus ponctuelle­ment mais dans une durée épaisse et éprou­vée à égal­ité. Des insti­tu­tions comme La Bel­lone ou comme le cycle Mon­des pos­si­bles peu­vent nous laiss­er sen­tir l’air d’un présent où il est impos­si­ble de recom­mencer mais où l’on devrait tout repren­dre en altérant et en redis­tribuant ce qui fait altéra­tion et ce qui, réelle­ment, nous redonne san­té.


  1. Nous nous référons dans cet arti­cle aux « pra­tiques dra­maturgiques » et non à ce que l’on con­naît davan­tage, dans la tra­di­tion théâ­trale, comme « écri­t­ure dra­ma­tique ». Un.e dra­maturge accom­pa­gne un.e artiste (metteur.euse en scène ou choré­graphe le plus sou­vent) au cours d’une créa­tion, soucieux.se de ce qui se des­sine « entre » inten­tions de l’artiste, réal­i­sa­tion scénique ou du moins physique et per­cep­tion que peu­vent en faire les spec­ta­teurs. ↩︎
  2. In La rai­son nomade, Édi­tions Pay­ot et Rivages, 1993. ↩︎
  3. Selon la for­mule de Mar­shall McLuhan. ↩︎
  4. Voir notam­ment : L’Institution, la pas­siv­ité. Notes de cours au Col­lège de France (1954 – 1955), Mau­rice Mer­leau-Pon­ty. Édi­tions Belin, 2003, p. 6. ↩︎
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