L’opéra mondialisé touche-t-il ses limites ? Paroles de cantatrices

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L’opéra mondialisé touche-t-il ses limites ? Paroles de cantatrices

Entretiens avec Magdalena Kožená et Elsa Benoit

Le 17 Sep 2021
Magdalena Kožená. Photo Julia Wesely
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Magdalena Kožená. Photo Julia Wesely
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Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 144-145 - Opéra et écologie(s)
144 – 145

Vu de France, où les troupes lyriques ont dis­paru dans la sec­onde moitié du XXe siè­cle, toute pro­duc­tion d’opéra prend des couleurs inter­na­tionales à la lec­ture de sa dis­tri­b­u­tion vocale. Il en va de même ailleurs : on engage plus volon­tiers des Bri­tan­niques pour chanter Brit­ten, des Alle­mands pour chanter Strauss, des Ital­iens pour chanter Puc­ci­ni… Cela va plus loin : les dis­tri­b­u­tions du Fes­ti­val de Bayreuth sont aujourd’hui aus­si panachées que celles de titres français dans des théâtres hexag­o­naux. Comme leurs pairs, les artistes français excel­lent dans tous les réper­toires : épaulés par leurs agents, ils tra­vail­lent donc autant, voire davan­tage, à l’étranger que dans leur pays de for­ma­tion et/ou de rési­dence. Le bilan car­bone des pro­duc­tions lyriques s’en alour­dit donc d’autant. Faut-il repenser ce mod­èle exal­tant, mais par­fois éprou­vant pour les artistes ? Entre­tien avec deux chanteuses aux expéri­ences dif­férentes, la mez­zo-sopra­no tchèque Mag­dale­na Kožená et la sopra­no française Elsa Benoit.

« Faut-il à tout prix com­pos­er
des dis­tri­b­u­tions inter­na­tionales ? »

— Mag­dale­na Kožená

La pandémie qui a sus­pendu nos activ­ités nous mon­tre qu’une muta­tion devient urgente : je ne pense pas que nous revien­drons facile­ment au monde d’avant, et il va pour­tant fal­loir rou­vrir les théâtres et remet­tre tout le monde au tra­vail. Nous, artistes, devons con­tribuer à la réflex­ion. Le mod­èle de pro­duc­tion lyrique dom­i­nant repose sur les voy­ages des inter­prètes, qui passent une par­tie de leur vie active en avion et à l’hôtel. Or le traf­ic aérien n’est plus souten­able, ni pour la planète ni pour nous, car nos con­di­tions de voy­age se sont dégradées depuis vingt ans. Je ne m’interroge pas seule­ment sur les solistes, mais aus­si sur les for­ma­tions et les com­pag­nies. Cer­tains orchestres ont les tournées pour base de leur mod­èle économique : cela peut-il dur­er ? Notre milieu devrait dévelop­per une réflex­ion sur les ressources locales. Dans chaque cap­i­tale se for­ment et vivent de nom­breux artistes. 

Faut-il à tout prix com­pos­er des dis­tri­b­u­tions inter­na­tionales ? Certes, cer­tains chanteurs sont irrem­plaçables, mais il y a dans chaque pays d’excellents inter­prètes qui rendraient pos­si­bles de nou­velles con­struc­tions artis­tiques. Bien enten­du, peu d’artistes souhait­ent lim­iter leur car­rière à leur ville de rési­dence. À mes débuts, j’ai con­nu la vie de troupe au Volk­sop­er de Vienne. Tout en bas de la hiérar­chie, j’assurais de petits rôles sans égards pour ma tes­si­ture : mez­zo, j’étais amenée à chanter aus­si bien alto que sopra­no. Ce sys­tème qui utilise les artistes est sécurisant, mais pas tou­jours sat­is­faisant. 

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Agnès Terrier
Docteure et agrégée de lettres, Agnès Terrier est dramaturge et conseillère artistique de l'Opéra Comique depuis 2007....Plus d'info
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