Joris Lacoste est écrivain. Théâtre Ouvert vient de rééditer sous le titre DIPTYQUE ses deux premières pièces (COMMENT CELA EST-IL ARRIVÉ ? et NOUVELLES RÉVÉLATIONS SUR LE JEUNE HOMME, coll. Enjeux, 2002) et présentera COMMENT FAIRE UN BLOC la saison prochaine.
CHRISTOPHE TRIAU : Théâtre Ouvert vient de publier ton « Diptyque », constitué de COMMENT CELA EST-IL ARRIVÉ ?, qui se présente comme un texte monologué, et de NOUVELLES RÉVÉLATIONS SUR LE JEUNE HOMME, destiné à être porté par plusieurs voix non caractérisées. Ces deux textes tournent autour de la (ou des) même(s) histoire(s), et tu les présentes comme « se f[aisant] face, l’une étant comme le négatif de l’autre ». Comment en es-tu venu à construire une telle confrontation de ces deux régimes de parole théâtrale ?
Joris Lacoste : Ce n’était pas calculé. J’ai d’abord écrit un monologue parce que je m’intéressais à la parole en tant que telle, et surtout parce que n’ayant jamais écrit de théâtre c’était plus facile de commencer par une seule voix. Très vite cependant j’ai eu envie de pluralité, de multiplier les acteurs, de différencier des voix. J’avais l’impression qu’il y avait plein de voix cachées ou empêchées dans le premier texte qui ne demandaient qu’à prendre la parole. J’ai fait ça de manière très intuitive, ce n’est qu’a posteriori que j’ai compris comment les deux textes s’articulaient. On pourrait dire que COMMENT CELA EST-IL ARRIVÉ ? est le discours d’un seul individu traversé de plusieurs voix, alors que NOUVELLES RÉVÉLATIONS SUR LE JEUNE HOMME est l’incarnation de différentes voix dans l’espace d’un seul cerveau. C’est en cela que je parle de négatif. C’est parce que celui qui dans la première pièce parlait s’est tu que dans la seconde d’autres voix peuvent se lever, qui redistribuent la même histoire mais en creux, depuis des points de vue démultipliés.
C. T. : Ces deux modes de discours théâtral te semblent-ils radicalement opposés, ou au contraire, en fin de compte, très proches ?