À consulter sur ce thème : Quentin DELUERMOZ et Boris GOBILLE, « Énergies révolutionnaires, Une anthropologie politique de la Révolution française », Politix, revue des sciences sociales du politique.
Coauteurs du spectacle La Chose Commune1 (création 2017), Emmanuel Bex et David Lescot sont respectivement compositeur et jazzman pour le premier, auteur2, metteur en scène et musicien pour le second. Si la figure européenne de la musique improvisée (par ailleurs maître incontesté de l’orgue Hammond) signe ici la composition musicale, et que l’auteur féru d’Histoire3 signe le texte et la mise en scène, leur collaboration est totale. « C’est une véritable démarche de création à quatre mains (sur le clavier de l’ordinateur et sur celui du piano simultanément) », affirme David Lescot. Un geste d’écriture théâtrale et musicale, puissamment inspiré par les énergies révolutionnaires à l’œuvre dans la Commune : engagement et utopies, avancées sociales plutôt que politiques, jubilation et conscience citoyenne exacerbée… Au-delà de son échec (la Commune s’est achevée par une semaine sanglante d’une violence inouïe !), cette courte période de l’Histoire est avant tout pour David Lescot « un laboratoire fécond d’inventions sociales où nous pouvons nous refaire des forces aujourd’hui ».
SML La Commune est une période de l’Histoire, plus connue symboliquement que de manière factuelle. Pourquoi s’en être emparé aujourd’hui ?
DL Emmanuel (Bex) et moi avions envie de travailler ensemble depuis longtemps et le choix de la Commune s’est rapidement imposé. Comme tu le dis, c’est une période de l’Histoire faussement connue et pourtant passionnante, hautement symbolique ! La Commune, c’est un extraordinaire événement révolutionnaire qui fait écho aux combats et à la situation politique et sociale contemporaine, mais c’est aussi une grande improvisation sociale et politique… Pour tenter de retrouver quelque chose de la folle énergie de cet événement, de la force de ce rassemblement hétéroclite, il nous a semblé que le mélange des genres sur scène serait idéal : mélange de théâtre et de musique, équipe d’interprètes et de musiciens aux talents multiples…
SML Quelle forme avez-vous choisi ?
DL À dire vrai, c’est la première chose à laquelle j’ai songé. Je ne souhaitais pas aller du côté de l’illusion théâtrale, de la fiction, de la forme dramatique. J’ai rapidement proposé à Emmanuel la forme très frontale du concert. Le spectacle est composé d’une succession de morceaux comme dans une Revue ou un concert justement, mais un concert un peu inclassable : un concert historique ou un concept-album live.
SML Comment cette Chose Commune s’est-elle écrite ? À partir de documents d’archives ? En mots et en musique simultanément ?