Mère de Wajdi Mouawad– Arpenter le gouffre

Théâtre
Critique

Mère de Wajdi Mouawad– Arpenter le gouffre

Le 14 Juil 2022
Aïda Sabra et Odette Makhlouf dans Mère, mise en scène par Wajdi Mouawad, Paris, La Colline, 2021. Photo Tuong-Vi Nguyen.
Aïda Sabra et Odette Makhlouf dans Mère, mise en scène par Wajdi Mouawad, Paris, La Colline, 2021. Photo Tuong-Vi Nguyen.

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Aïda Sabra et Odette Makhlouf dans Mère, mise en scène par Wajdi Mouawad, Paris, La Colline, 2021. Photo Tuong-Vi Nguyen.
Aïda Sabra et Odette Makhlouf dans Mère, mise en scène par Wajdi Mouawad, Paris, La Colline, 2021. Photo Tuong-Vi Nguyen.
Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 147 - Scènes contemporaines des mondes arabes
147

Il y a chez les ama­teurs de Waj­di Mouawad un trait com­mun, une médaille dont les deux faces sont l’indulgence et la fureur.

Fureur, lorsqu’il se laisse aller aux excès de son génie, lorsqu’il trébuche sur la ligne de crête du pathos, oublie de couper la tête de la Méduse de sa pro­pre créa­tion, par laque­lle il se laisse fascin­er (l’image est de lui). Indul­gence, lorsqu’il com­met quelques faux pas dans le domaine où il excelle : la sincérité, mât­inée d’autodérision, de sa si com­plexe auto­bi­ogra­phie, celle d’un dou­ble exilé – du Liban bien sûr, mais aus­si du Québec qu’il a quit­té pour la France, bien que les enjeux de cette autre déter­ri­to­ri­al­i­sa­tion soient bien dif­férents. Il a fait de cette his­toire per­son­nelle, à force de la malax­er, la matière de ce qui est presque devenu mytholo­gie.

Il y a d’ailleurs, dans Mère, très peu de ces faux pas à par­don­ner. C’est qu’il va au bout de la logique auto­bi­ographique et plonge, sans scrupule, dans un matéri­au si riche que l’on ignore pourquoi il a par­fois besoin de s’en écarter en met­tant en scène d’autres auteurs que lui-même.

Avant Père et Frères, les deux volets à venir, après Seuls, où Mouawad incar­nait le fils qu’il était, et Sœurs, autre solo, Mère pour­suit le cycle dévelop­pant les dif­férents points de vue des mem­bres de sa famille sur leur his­toire et son inscrip­tion dans l’Histoire. Un cycle que Mouawad a choisi d’appeler Domes­tique. Le terme peut sur­pren­dre, mais dit bien que c’est la ques­tion du foy­er, de la terre d’appartenance que Mouawad pose, sans relâche, à tra­vers les chemins généalogiques qu’il emprunte. 

Il s’approche ici au plus près de sa vérité intime en racon­tant, selon un dis­posi­tif nar­ratif somme toute assez sim­ple – le Waj­di d’aujourd’hui est témoin du Waj­di d’hier, incar­né par un enfant de dix ans – la péri­ode où il a vécu avec sa mère, sa sœur et son frère à Paris, en l’absence du père, resté sous les bombes bey­routhines dans l’espoir vain de gag­n­er de quoi sub­venir aux besoins de sa famille.

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Wajdi Mouawad
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Emmanuelle Favier
Auteure de théâtre (Laissons les cicatrices), de nouvelles (Confession des genres) et de poésie (Le Point...Plus d'info
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