Forte d’une belle et longue histoire, la revue Alternatives théâtrales fondée à Bruxelles en 1979 fête ses 40 ans. Conçues autour d’un thème (discipline, pays, artiste…) par un comité de rédaction belgo-français, ses publications prennent part à la constitution d’une mémoire des arts de la scène contemporains en Europe et dans le monde.
En s’appuyant sur les 138 numéros parus au cours des quatre dernières décennies, nous revenons sur les grands moments d’alternatives théâtrales qui marquent l’évolution du théâtre contemporain, et restent gravés dans nos mémoires.
À l’instar de Jacques Nichet, qui nous a malheureusement quittés en juillet dernier, nous nous intéressons aux singulières métamorphoses théâtrales depuis les années 1970. Nous avons le plaisir de publier ici un extrait de sa passionnante leçon inaugurale au Collège de France en 2011.
De quels grands chocs la revue Alternatives théâtrales a‑t-elle été le témoin depuis sa création ? De quelles alternatives artistiques, esthétiques, pédagogiques, politiques et économiques s’agit-il ? Yannic Mancel et Nancy Delhalle livrent respectivement leur réflexion sur l’évolution des formes « alternatives », souvent rebaptisées « émergentes » ou « innovantes », sur le décentrement du texte et l’évolution de la place du corps sur scène…
Des directeurs de lieux comme Philippe Sireuil pour le Théâtre des Martyrs à Bruxelles, Géraldine Chaillou et Jean-Marie Hordé pour le Théâtre de la Bastille à Paris, apportent leurs témoignages et leurs visions de programmateurs. Sans être à la tête de théâtres « alternatifs », ils sont en quête de formes plus ou moins « improbables » qui renouvellent les codes scéniques : écritures de plateau, poèmes visuels et textuels, hybridation des arts scéniques et plastiques, intrusion de l’image cinématographique, numérique et de l’art vidéo, création au féminin… Pauline D’Ollone, programmée entre autres aux Martyrs, pointe le nombre accru de spectacles qui abordent des sujets « sociétaux » en collant à une actualité immédiate. Source d’inquiétude pour certains philosophes de l’art qui pensent que cette tendance traduit un abandon de « l’art pour l’art » et un éventuel tournant moralisateur… Un Cahier central réalisé par Bernard Debroux, permet de revenir en mots et en images sur les Alternatives proposées par notre comité de rédaction depuis dix ans.
Parmi les grandes méta-morphoses des arts de la scène aujourd’hui, « la création au collectif » nous intéresse au plus haut point. Georges Banu ausculte les familles théâtrales, qui de Copeau ou Jouvet aux collectifs contemporains, réinventent la manière d’œuvrer et de penser en/le commun. Nous consacrons un dossier à tous ces groupes, bandes ou troupes, qui créent collégialement.
Merci à Georges Banu de nous avoir proposé ce beau sujet de réflexion.
Avec Chantal Hurault, nous avons réalisé en live quelques entretiens auprès des collectifs tg stan, In Vitro et Les Possédés, qui semblent entretenir des relations de parenté. Vous retrou-verez également dans ce numéro (et/ou sur notre site), les réflexions stimulantes de nombreux « bancs de poissons » belges et français qui ont répondu à notre questionnaire-type à une ou plusieurs voix.
Par ordre d’apparition dans le sommaire : tg stan, Mariedl, Transquinquennal, Les Lucioles, Tibaldus, Clinic Orgasm Society, Rien de Spécial/Énervé, Les Compagnons pointent, F71, Théâtre en liberté, Greta Koetz, L’avantage du doute et Eudomenia.
Nous les remercions pour cette belle livraison d’utopies pragmatiques et créatives !