Il faut capter les énergies de notre époque …

Il faut capter les énergies de notre époque …

Entretien avec Frédéric Flamand

Le 21 Déc 1994
EX MACHINA. Conception et mise en scène: Frédéric Flamand scénographie électronique: Fabrizio Plessi, une production de Charleroi/Danses. Photo de Cugnac.
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EX MACHINA. Conception et mise en scène: Frédéric Flamand scénographie électronique: Fabrizio Plessi, une production de Charleroi/Danses. Photo de Cugnac.
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Article publié pour le numéro
Lettres aux acteurs-Couverture du Numéro 46 d'Alternatives ThéâtralesLettres aux acteurs-Couverture du Numéro 46 d'Alternatives Théâtrales
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La piscine de la Broucheterre à Charleroi.
Photo Véronique Vercheval.
La piscine de la Broucheterre à Charleroi.
Pho­to Véronique Vercheval.

BERNARD DEBROUX : Com­ment s’est opéré le pas­sage du Baller Roy­al de Wal­lonie à Charleroi/Danses ?

Frédéric Fla­mand : Je me sou­viens de la pre­mière fois que j’ai été à Charleroi. J’ai eu la vision de ce que je devrais faire là. J’ai été ren­con­tr­er les danseurs que je ne con­nais­sais pas. Je me suis retrou­vé avec 25 danseurs que je n’avais jamais vus de ma vie, ce qui est une sit­u­a­tion aber­rante, impens­able pour moi aupar­a­vant. J’ai demandé à aller voir les cours et la pre­mière vision fur le stu­dio de danse. Une vision assez extra­or­di­naire : des gens fai­saient la barre, tra­vail­laient leur corps et par les baies vit­rées, on voy­ait cette ville de Charleroi, les usines de Cock­er­ill-Sam­bre qui crachaient leur fumée. Devant cette vision de deux mon­des, cette implan­ta­tion de la danse au milieu des usines, je me suis dit que c’é­tait là que je devais puis­er la force de ce que j’al­lais faire. Mais en plus il y avait la vision du futur. Je me suis tou­jours intéressé au monde con­tem­po­rain, au monde de la com­mu­ni­ca­tion et donc aus­si au pas­sage du monde indus­triel au monde de l’in­for­ma­tique, ce qui est aus­si le prob­lème de Charleroi. Com­ment une ville indus­trielle va-t-elle sur­vivre, pass­er à ce monde des nou­velles tech­nolo­gies, un monde en pleine muta­tion ? C’est pour cette rai­son que l’ex­is­tence, dans un tel envi­ron­nement, d’un baller néo-clas­sique, comme l’ex Baller Roy­al de Wal­lonie m’a tou­jours paru aber­rante, à la lim­ite du kirsch.

Ici, nous avons ter­miné notre trilo­gie sur le corps mod­erne1. ICARE, c’é­tait la tech­nolo­gie arti­sanale, TITANIC c’est la tech­nolo­gie indus­trielle — et comme par hasard le spec­ta­cle été créé dans un musée de l’in­dus­trie, dans une usine gigan­tesque à Charleroi. Ce fur un tra­vail fou d’in­té­gr­er la danse dans une vraie usine qui fonc­tion­nait avec des ouvri­ers, avec tous les prob­lèmes que cela pose même pour les danseurs, ne fût-ce que respir­er l’air incroy­able de cette univers-là. Tour cela influ­ence évidem­ment le mou­ve­ment. On ne crée pas sur une plage au Brésil les mêmes mou­ve­ments que dans une usine à Charleroi2. La danse s’est donc imprégnée de cet univers. Un univers très puis­sant, parce que Charleroi est une ville blessée, une ville en muta­tion, qui con­naît juste­ment ce pas­sage d’un monde à l’autre que nous sommes en train de vivre chaque jour un peu plus en cerce fin de siè­cle… Une ville qui donne une très grande force sur le plan artis­tique. C’est une ville qui est aus­si à l’é­cart. Il n’y a pas d’u­ni­ver­sité, elle est à l’é­cart du milieu cul­turel par rap­port à Paris par exem­ple. Peut-être qu’une expéri­ence artis­tique puise sa force juste­ment dans cet « écart ». Cela m’a tou­jours fort intéressé. Le Plan K s’est instal­lé dans une anci­enne usine à Molen­beek, un quarti­er périphérique de Brux­elles et tour le monde à l’époque dis­ait qu’on était fous d’aller dans cette vieille usine de l’autre côté du canal. Toute la force de cette usine a été juste­ment d’être « à l’é­cart ». Cela per­met de se ressourcer et de puis­er routes ses forces dans cet écart. L’ex­péri­ence de Charleroi n’est que la con­tin­u­a­tion de cette pre­mière expéri­ence. Le « local » devient uni­versel.

B. D.: Une con­stante dans ton tra­vail, c’est de par­tir du con­cret du lieu. Ex MACHINA n’échappe pas à la règle, puisque le spec­ta­cle a été créé dans une anci­enne piscine.

F. F.: Oui, c’est ma con­cep­tion de la danse dans la ville. Pour moi, la danse dans la ville, ce n’est pas néces­saire­ment le « tem­ple » qu’est le Palais des Beaux­ Arts, c’est plutôt cette piscine désaf­fec­tée. C’est une intu­ition, un choix esthé­tique. Après, on s’est ren­du compte, qu’en fair la piscine de la Broucheterre est la pre­mière piscine con­stru­ire à Charleroi. Tour le monde à Charleroi la con­naît, cour le monde a appris à nag­er là. C’est aus­si un endroit très impor­tant parce que c’est là que les gens qui n’avaient pas d’ar­gent allaient pren­dre un bain, une douche. Il y a une charge émo­tive arrachée à cet endroit. Mais avant tour c’est l’ar­chi­tec­ture qui m’a intéressé.

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Frédéric Flamand
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Bernard Debroux
Bernard Debroux
Fondateur et membre du comité de rédaction d'Alternatives théâtrales (directeur de publication de 1979 à...Plus d'info
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