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WERNER SCHWAB disait que son oint de départ était que les gens ne parlent pas, mais qu’ils sont parlés. Schwab : « La motivation de base n’est pas de raconter une histoire, car toutes les histoires ont été racontées. C’est la douleur qui est importante. Ce qui compte, c’est d’essayer à nouveau le chemin entre ce qui est exprimé et ce qui devrait être exprimé. »
Dans MA GUEULE DE CHIEN, Schwab écrit que « la langue tire les personnages derrière elle comme des boîtes de conserve qu’on aurait attachées à la queue d’un chien (« wie Blechbüchsen, die man einem Hundeschwanz angebunden hat »). Alors comme des ramasseurs d’épaves, nous suivons le chemin parcouru par ce chien sauvage, en jetant un coup d’œil sur les matériaux qu’il a laissés ici et là, derrière lui. Schwab : « Matériaux ? Ils sont là de toute façon. On ne peut pas les mettre à profit. Et puisqu’on ne peut les mettre à profit, il ne reste qu’à les façonner continuellement. Et ça m’est égal si je suis assis isolé dans le noir ou debout dans la foule. Où que l’on se trouve dans la vie, des choses se présentent à nous. Et là, c’est l’attitude, qui compte rien d’autre. Et attitude veut tout de même dire : interprétation, regard et écriture précisément. Mais creuser des thèmes, ça n’a pas de sens. »
Schwab disait du théâtre que c’était « une cochonnerie ennuyeuse où l’un peut mourir d’ennui contre paiement ». Il a voulu y mettre un peu d’excitation comme dans les concerts d’lggy Pop. Alors il s’est attelé à la besogne avec corps et âme, mais surtout avec du muscle. Schwah : “Le cœur, comme morceau de chair humaine, est un muscle, et la force est la seule manière de sauver le vieil animal théâtre, qu’on peut sauver, si on le martyrise en l’écrasant ».
Etant donné ses convictions d’artiste iconoclaste, et une certaine stratégie de la provocation propre aux artistes timides, à ses débuts, les critiques ont essayé de l’évincer. Mais Schwab l’a pris du bon côté : « Au bout du compte chaque forme de réaction est à mon avantage. Surtout quand elle est violente. Quand quelqu’un écrit : ‘Schwab est un trou du cul’, c’est formidable. »