L’enfant terrible d’une terrible époque

L’enfant terrible d’une terrible époque

Entretien avec Eva Feitzinge

Le 28 Oct 1995

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Werner Schwab-Couverture du Numéro 49 d'Alternatives ThéâtralesWerner Schwab-Couverture du Numéro 49 d'Alternatives Théâtrales
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MICHAEL BUGDAHN : Com­ment avez­ vous fait la con­nais­sance de Wern­er Schwab ?

Eva Feitzinger : J’ai enten­du dire qu’il y avait, à Graz, un nou­v­el auteur, une sorte d’en­fant prodi­ge, qui écrivait des choses étranges pour le théâtre. Non sans mal, j’ai réus­si à me pro­cur­er le texte des PHÉSIDENTES, sa pre­mière pièce. Je l’ai lue et j’avais des sen­ti­ments con­fus, j’é­tais boulever­sée et très sur­prise ; j’avais du mal à imag­in­er une mise en scène de ce texte.

Ensuite, j’ai appris qu’une com­pag­nie indépen­dante mon­tait LES PRÉSIDENTES à Vienne. C’est là que j’ai ren­con­tré Schwab pour la pre­mière fois. Il était très impres­sion­nant : 1 mètre 92, cheveux blonds coif­fés en banane. Tou­jours en noir : veste en cuir et jeans noirs. Ce n’é­tait pas sans impor­tance pour lui, la mode. Il avait beau­coup de goût, le sens de l’esthé­tique et du style.

Mike Sens : Aimait-il le théâtre ?

E.F.: Il dis­ait qu’il n’avait été au théâtre qu’une seule fois, avec l’é­cole, et que ça l’avait telle­ment ennuyé qu’il avait voulu s’en aller. Il ne racon­tait pas ça par coquet­terie. Il avait aus­si vu à la télévi­sion une pièce de Thomas Bern­hard, je crois, avec Bern­hard Minet­ti, et cela l’avait beau­coup impres­sion­né. Cela peut sem­bler étrange, car il avait inter­rompu ses études, mais sa con­nais­sance de la lit­téra­ture, des beaux-arts et de la musique, était énorme. J’ig­nore com­ment il avait pu accu­muler tout ça. Apparem­ment, et c’est lui-même qui le dis­ait, il avait été telle­ment seul, enfant et ado­les­cent, que la lit­téra­ture et l’art avaient tenu la place des amis.

M.S.: Revenons à votre ren­con­tre à Vienne.

E.F.: Je lui ai dit que jamais encore, je n’avais lu un tel texte, mais que je ne voy­ais pas bien com­ment on pour­rait le jouer. Il m’a tout de suite demandé si je ne voy­ais pas que c’é­tait très drôle. Et moi j’ai répon­du : « Je ne trou­ve pas ça drôle du tout ». Mais deux ou trois jours après, en voy­ant la représen­ta­tion des PRÉSIDENTES, j’ai tout à coup com­pris à quel point ces phras­es étaient comiques. A côté de moi, dans le pub­lic, il y avait deux femmes d’un cer­tain âge. La pre­mière dis­ait : « Mais c’est hor­ri­ble, quelle honte, c’est dégoû­tant, c’est franche­ment dégoû­tant, allez, on s’en va ». Et l’autre répondait : « Oui, oui, main­tenant on y va ». Eh bien, non, elles ne sont pas par­ties, parce que ça les fai­sait telle­ment rire. C’est une réac­tion très typ­ique des spec­ta­teurs face au théâtre de Schwab.

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