MIKE SENS : Comment avez-vous rencontré Werner Schwab ?
F. M. Einheit : Un metteur en scène l’a appelé un soir en lui « Neubauten ». Nous nous sommes rencontrés à Vienne, puis Werner a commencé à écrire FAUST. C’était en 1992, je crois. Ce fut très dur de trouver un théâtre qui veuille bien accueillir cette production. Nous avons
pour ainsi dire contacté tous les théâtres en Allemagne. Nous avons finalement réussi à monter FAUST à Potsdam, mais Schwab ne l’aura jamais vu sur scène.
M. S.: Jusqu’où avez-vous développé le projet ensemble ?
F. M. E .: Il avait écrit sa version et indiqué à quel moment il voulait de la musique, pour voir ce que je proposerais. Nous nous étions mis d’accord pour qu’il n’y ait pas de réels instruments sur scène, comme par
exemple un guitariste qui surgirait soudainement. Alors nous avons eu l’idée de faire une musique « bureaucratique » ; tous les instruments utilisés étant des livres, des tables…
M. S.: Des livres ? Comment peut-on faire de la musique avec des livres ?
F. M. E.: Il y a beaucoup de possibilités. On peut les faire cuire… (rires) Taper dessus, les déchirer… On a construit toute une fosse d’orchestre remplie de livres : on les feuillette, on tambourine dessus… on les dévore ! Le théâtre nous a donné deux tonnes de livres. Il faut développer l’insolence ! Tout ce qui se passe dans FAUST se passe dans la tête du personnage. Rien n’est vrai, tout est dans son imagination. Alors la scénographie représente l’intérieur de sa tête. Les personnages de Méphisto et Marguerite ne sont que les projections de Faust.