David Harrower

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David Harrower

Le 1 Nov 2000
Article publié pour le numéro
Le théâtre dédoublé-Couverture du Numéro 65-66 d'Alternatives ThéâtralesLe théâtre dédoublé-Couverture du Numéro 65-66 d'Alternatives Théâtrales
65 – 66
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David Har­row­er n’a pas fini d’écrire : en un sens, il dirait même, avec cet esprit cri­tique et inqui­et qui le car­ac­térise, qu’il n’a même pas encore com­mencé. Mais le suc­cès immé­di­at de sa pre­mière pièce KNIVES IN HENS1 ( DES COUTEAUX DANS LES POULES ), créée à Edim­bourg en 1995, et jouée depuis dans plus de qua­torze pays européens, en Amérique, au Cana­da et en Aus­tralie en févri­er 2000), l’a soudain propul­sé au devant de la scène.

Déjà, la Roy­al Shake­speare Com­pa­ny et le Nation­al The­atre ont pris une option sur ses prochaines œuvres et d’autres théâtres lon­doniens lui ont com­mandé des tra­duc­tions de Büch­n­er et Piran­del­lo. SIX PERSONNAGES EN QUÊTE D’AUTEUR est un titre qui décrit d’ailleurs par­faite­ment son proces­sus lent et sin­ueux d’écriture, tout en tâton­nements et en ren­con­tres obscures et secrètes, d’où sour­dent des vis­ages et des paroles crues comme des prières, ou des injures. Har­row­er a besoin d’être appelé, con­vo­qué, réveil­lé là où il croy­ait dormir pro­fondé­ment ? Et pour cela il faut le temps, beau­coup de temps, et de fer­men­ta­tion, comme pour ce whisky fade et ensor­ce­lant que son per­son­nage Meu­nier sert à la Jeune Femme des COUTEAUX, et qui l’étourdit jusqu’au meurtre.

Cette soudaine notoriété, couron­née de prix pres­tigieux en Angleterre et en Alle­magne, inter­roge pro­fondé­ment l’écrivain, qui veut encore explor­er tous les chemins de tra­verse. D’ailleurs, les deux pièces qui ont suivi DES COUTEAUX DANS LES POULES : KILL THE OLD TORTURE THEIR YOUNG (TUEZ LES VIEUX TORTUREZ LEURS JEUNES ) et PRESENCE, sont rad­i­cale­ment dif­férentes, au point qu’une pre­mière lec­ture ne per­met pas de définir une sin­gu­lar­ité « éti­quetable » de l’écriture. Si le style, selon l’expression con­sacrée, est « de l’homme même », dans le cas de Har­row­er l’homme se cherche en même temps que son style, et sans doute pas dans l’ordre qu’on attendrait… De fait, une vision poé­tique se pro­file inten­sé­ment, un paysage pour la scène, une lib­erté formelle rad­i­cale et per­tur­ba­trice qui inter­roge la représen­ta­tion théâ­trale de l’espace et du temps, les notions de fable et de per­son­nage, de con­ti­nu­ité, de logique, de cohérence ? de « réal­isme ». Si le dossier qui suit paraît ellip­tique, énig­ma­tique, vagabond, c’est parce que l’œuvre elle-même est encore si neuve qu’elle défie tout pro­pos défini­tif. En tout cas, elle témoigne d’une forte vital­ité du théâtre écos­sais, qui nous réserve encore bien des plongées nou­velles et déca­pantes aux sources d’une cul­ture encore trop embrumée par des clichés touris­tiques. Un théâtre qui cherche à enfon­cer les mots dans les choses « comme on pousse un couteau dans le ven­tre d’une poule ».

Jérôme Han­k­ins.

  1. La pièce traduite en français par Jérôme Han­k­ins avec la col­lab­o­ra­tion de Claude Régy, est pub­liée aux édi­tions de L’Arche, 2000. ↩︎
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