L’exercice de l’écriture, vérité ou mensonge ?

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L’exercice de l’écriture, vérité ou mensonge ?

Le 15 Juil 1999
ENTRE CHIEN ET LOUP de Daniel Lamahieu, mise en scène François Lazaro. Photo François Lazaro.
ENTRE CHIEN ET LOUP de Daniel Lamahieu, mise en scène François Lazaro. Photo François Lazaro.
ENTRE CHIEN ET LOUP de Daniel Lamahieu, mise en scène François Lazaro. Photo François Lazaro.
ENTRE CHIEN ET LOUP de Daniel Lamahieu, mise en scène François Lazaro. Photo François Lazaro.
Article publié pour le numéro
Écrire le théâtre aujourd'hui-Couverture du Numéro 61 d'Alternatives ThéâtralesÉcrire le théâtre aujourd'hui-Couverture du Numéro 61 d'Alternatives Théâtrales
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Notes sur ce que je cherche

« SI JE TENTE DE DÉFINIR ce que j’ai cher­ché à faire depuis que j’ai com­mencé à écrire, la pre­mière idée qui me vient à l’e­sprit est que je n’ai jamais eu envie de répéter dans un livre une for­mule, un sys­tème ou une manière élaborés dans un livre précé­dent. »1 Et cela en déroute plus d’un. Pourquoi chang­er sans cesse d’écri­t­ure, Pourquoi faire de l’écri­t­ure un exer­ci­ce ? Pourquoi par­ler de l’écri­t­ure par la forme ? Pourquoi appa­raître comme « une machine à pro­duire des textes. » Est-ce pour fuir un par­cours assuré et recon­naiss­able de l’au­teur qui laboure d’an­née en année le même sil­lon ? Pourquoi vouloir lancer les dés à chaque fois, Sans doute parce que j’in­vestis des champs de recherch­es qui sont en réal­ité des enquêtes sur moi-même, des ten­ta­tives pour saisir une vérité de moi, jusqu’à con­sid­ér­er, à force, tout ce tra­vail sur soi (moi) comme le désir de se (me) désal­ién­er du men­songe de l’ex­is­tence si bien assim­ilé et digéré par la société policée des femmes et des hommes qui, jour après jour, se mentent à eux-mêmes, sou­vent à leur insu, sur ce qu’ils sont, et con­sid­èrent cette atti­tude comme vraie. Con­tre l’ac­cep­ta­tion de se men­tir à soi-même, j’es­saie de not­er com­ment capter une écri­t­ure dif­férente, com­ment, au moyen de l’in­dif­féren­cié de la langue des autres, con­stru­ire un texte qui dise par­fois « je », sans jamais l’avouer, l’écri­t­ure théâ­trale avançant ou masquée ou démul­ti­pliée comme les images d’un kaléi­do­scope. De ces ques­tion­nements et doutes, de ces trois aven­tures, quel est le vrai ? Quel est le faux ? Quel est le vrai-faux ? Com­ment enten­dre ces trois ques­tions ? « Sur les ruines du vrai et du faux, le vrai-faux s’in­stalle. Nous l’employons tous les jours, il est la trame de notre vie, mais le plus sou­vent nous ne l’i­den­ti­fions pas. Il échappe à tous nos efforts pour le définir en fonc­tion de ces entités, le vrai et le faux, que nous croyons plus solides et qui pour­tant n’ont pas en elles-mêmes de déf­i­ni­tion pro­pre. Un dic­tio­n­naire, que j’au­rai la char­ité de ne pas nom­mer, proclame que le vrai est le con­traire du faux et que le faux est le con­traire du vrai. Quant au vrai-faux, il n’est ni la con­tra­dic­tion, ni l’i­den­ti­fi­ca­tion des con­tra­dic­toires, ni l’in­imag­in­able, ni l’indé­cid­able. Il n’est pas davan­tage le ni vrai ni faux. Il n’est pas une moyenne dans un con­tin­u­um. D’au­cuns en vien­nent à se deman­der s’il existe. Son prob­lème est donc dialec­tique­ment sem­blable à celui de l’ex­is­tence de Dieu »2.

Ce que je peins, je dépeins avec les mots est-il vrai ? Est-il faux ? Ou vrai-faux ?

Vérité en pein­ture, vérité d’écri­t­ure ?

Cette ques­tion du vrai-faux de l’écri­t­ure se pour­suit d’un essai à l’autre, d’un texte à l’autre jusqu’à l’une de mes dernières pièces, LES BAIGNEUSE (1997)3, où neuf femmes s’ex­am­i­nent, se jau­gent et s’af­fron­tent. Neuf corps féminins : Mam’zelle Coco, Madame Mar­goc Madame Nicky, Made­moi­selle Rita, Mam’zelle Sis­si, Madame Suzon, Made­moi­selle Zaza, Madame Zul­ma
et une jeune fille, Alice. Cézanne, qui n’en finis­sait pas avec ses baigneuses, dis­ait : « Je vous dois la vérité en pein­ture et je vous la dirai. »4 L’écri­t­ure théâ­trale peut- elle relever, de la vérité de l’oeil, le défi’ De cette affir­ma­tion — devoir la vérité en pein­ture et la dire — découlent mes pro­pres inter­ro­ga­tions liant ici l’oeil, le pein­tre et l’écrivain. Ques­tions et notes au sujet de cette pièce, peut-être vraie-fausse, sur les femmes, LES BAIGNEUSES :

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Daniel Lemahieu
Daniel Lemahieu est l’auteur d’une vingtaine de pièces de théâtre dont USINAGE, DJEBELS, NAZEBROCK ou...Plus d'info
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