Franzobel ou le bon usage

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Franzobel ou le bon usage

Le 2 Juil 1999
Article publié pour le numéro
Écrire le théâtre aujourd'hui-Couverture du Numéro 61 d'Alternatives ThéâtralesÉcrire le théâtre aujourd'hui-Couverture du Numéro 61 d'Alternatives Théâtrales
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FRANZOBEL réus­sit l’équa­tion peu com­mune d’écrire dans une langue savante et pop­u­laire à la fois. D’au­cuns affirmeront que sa langue est d’un philo­logue, d’autres qu’il écrit une langue orale.

Il se pour­rait que les uns et les autres aient rai­son, que l’op­po­si­tion entre savant et pop­u­laire soit une coupure assez récente. Pourquoi oppos­er l’une à l’autre ? Rabelais par exem­ple, savant ou pop­u­laire ? Depuis quand ?

Je ne suis pas qual­i­fié pour écrire l’his­toire du gâchis issu de « enfin Mal­herbe vint » ; moins encore pour par­ler des par­lers alle­mands. Ce que je crois savoir est que l’ir­rup­tion ful­gu­rante de Wern­er Schwab dans l’écri­t­ure de langue alle­mande s’in­scrit dans une lignée, dans un arbre généalogique enchevêtré auquel appar­tient aus­si Fran­zo­bel lequel déboule à son tour dans notre paysage théâ­tral, sin­guli­er, unique il est vrai, se récla­mant toute­fois explicite­ment de Schwab, de Jan­dl, de Her­mmanovsky Orlan­do, de Thomas Bern­hard, plus implicite­ment de Kon­rad Bayen … dans KAFKA UNE COMÉDIE, du Volk­stück aus­si, un genre éminem­ment autrichien, de l’Alle­magne du Sud et de l’I­tal­ie du Nord.

Fran­zo­bel se veut dans la diver­sité d’une langue, l’alle­mand tel qu’il se par­lait dans l’Em­pire aus­tro- hon­grois, une langue infil­trée par des par­lers divers, aus­si divers que les iden­tités que comp­tait l’Em­pire, aus­si métis­sés que les pop­u­la­tions entrelacées, des langues à défendre au sein d’une langue.

Cette langue « métis­sée » résiste aux cen­sures des Académies, aux cen­sures du Con­grès de Vienne, les langues de la cam­pagne résis­tent à la langue de la ville, font des détours, des boucles.

Le par­ler en boucles (au sens d’une bande-son mise en boucle), la répéti­tion de phras­es entières, de séquences même tel que le pra­tique Fran­zo­bel n’est pas un procédé mais, dit-il, une pra­tique venue de Wels, sa région.

De plus Fran­zo­bel fait explos­er les mots « importés », ceux de l’améri­cain notam­ment : mar­ket­ing devient marked­ing soit marke­chose en français.

En un mot Fran­zo­bel fait un bon usage du mau­vais usage des mots.

L’amour et l’hu­mour des petits mots font les grandes riv­ières du théâtre.

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