ALBERT OSTERMAIER écrit des textes de théâtre, des textes pour des musiques (rock, notamment) et des poèmes aussi. Ses textes, des partitions, c’est le cas pour ses deux premières pièces ENTRE DEUX FEUX- TOPOGRAPHIE TOLLER et TATAR TITUS.
En 1986, il découvre UNE JEUNESSE EN ALLEMAGNE, une autobiographie de Ernst Toller, un poète brûlé, tel qu’il y en eut plusieurs en Allemagne, pour s’être opposé à la déferlante nazie, ce qui leur a valu les camps de la mort, l’exil, l’oubli souvent.
Ces « artistes dégénérés » restent à redécouvrir, à faire entendre — en cela Albert Ostermaier s’est fait le topographe du lieu Toller. Ce travail de terrain, ce dialogue avec Toller conduit à interroger les espérances, les luttes, les échecs dans la confrontation avec les événements politiques et historiques d’hier et d’aujourd’hui. Le topographe en vint à inscrire son propre itinéraire dans le champ de son investigation.
Toller dialoguant avec Tollkirsch, son double, son alter ego, sa face cachée, dans l’heure qui précédera son suicide dans une chambre d’hôtel à New York, en 1939, c’est bien sûr aussi un dialogue entre Toller et Ostermaier, c’est une trace de ce que furent l’Allemagne et l’Europe de la république de Bavière jusqu’à la république espagnole.
De plus, Albert Ostermaier et Ernst Toller nous donnent à entendre que le politique s’inscrit aussi dans la langue. Le nazisme c’est aussi une perversion de la langue. Le langage, un territoire à explorer, à défendre, à inventer. Le théâtre, un lieu de cette défense et illustration alors que des feux mal éteints redoublent sur des continents entiers de notre petite étoile.
Quelle place au poète parmi ces feux ?
Albert Ostermaier s’inscrit dans cette question en faisant appel à Toller, à TATAR TITUS (le poète et le pouvoir), à Brecht aussi dans une de ses dernières pièces.