Que refusez-vous ? qu’affirmez-vous ?
Nous refusons d’assujettir une création aux délais de production attendus du secteur ou autrement dit, nous voulons bien donner du jus mais pas les pépins, et si nous ne sommes pas ensemble, nous n’avançons pas. Nous affirmons que chaque projet a besoin d’une méthodologie dédiée qui pourra être une expérimentation. Nous affirmons que créer prend du temps. Beaucoup de temps. Et que nous avons envie de le faire de sorte à ce que chacun se retrouve dans les processus et le travail que nous mettons en place. Nous tentons de cheminer et d’œuvrer collégialement. Non pas par soucis d’épanouissement personnel mais bien par désir de faire du théâtre confraternellement. En acceptant à la fois les lois de la gravité et donc d’une certaine verticalité et en appréciant les joies des horizons et paysages nouveaux et donc de l’horizontalité. Nous avançons et procédons donc en oblique, dans le respect de chacun. On ne refuse pas grand-chose entre nous, ce qui fait que nos créations sont peut-être plus longues à voir le jour. Plus qu’affirmer ou refuser nous essayons. On a décidé à cinq de fonctionner comme cela, même si le « comme cela » est en perpétuelle modification et réflexion, mais c’est à peu près tout ce qu’on « affirme ».
Quelle appellation/signature ?
collectif, bande, groupe, troupe, ensemble…
Compagnons évidemment officiellement. Collectif administrativement. Est-ce qu’on sera tous d’accord là-dessus ? Pas sûr. Une bande ? Mais quand il s’agit de l’écriture dans des programmes ou des dossiers nous utilisations l’appellation collectif qui fait un peu plus sérieux. On s’appelle entre nous les compagnons, puisqu’on a tous plus ou moins habités la même maison lors de notre passage au conservatoire de Mons, rue des compagnons, tout simplement. Mais depuis 2016 on s’est aussi institutionnalisés en ASBL « Les Compagnons pointent », on est donc chacun devenus pointus : Le point de vue, le point final, l’embompoint, le point de suspension (ou sous-fifre) et le point-virgule.
Quelles sont vos influences (théâtrales et non théâtrales ?)
Boby Lapointe. Les Monty Python. Remy Bricka. Django Edwards, Laurel et Hardy. Pierre Aucaigne. Elles sont aussi nombreuses que cinq personnes qui répondent pour eux mêmes à cette question.
Constatez-vous un retour du leader ?
On n’ouvre pas quand il vient frapper. Il aurait bien du mal à revenir puisqu’il n’a jamais vraiment été là. Chacun arrivant avec ses qualités et ses défauts dans la compagnie, certaines doses de « leaderisme » ont tendance à réapparaître parfois, c’est assez naturel. Surtout quand il s’agit de questions de production mais on essaie d’éviter cela en distribuant les tâches de différentes manières à chaque fois. Nous sommes sans cesse en questionnement et notre but à tous est de tous s’occuper de tout, les choses se disent et évoluent tout doucement.
Y‑a-t-il une dimension politique à votre démarche collective,
un projet politique à affirmer et défendre ?
Peut-être, de loin. Penser au groupe et à son intérêt avant soi-même. Nous faisons du théâtre, pas campagne. Si il y a une dimension politique elle s’exprime dans notre praxis mais nous n’avons jamais écrit un manifeste là-dessus. On tente (ce) quelque chose d’abord pour nous même parce qu’on sent que peut-être cela peut être chouette comme ça aussi.
Y‑a-t-il une menace à travailler ensemble ?
Une menace ? Pour le moment à part avoir du plaisir à le faire, on ne voit pas. La menace que ça marche. Et puis si ça ne marche pas, le chemin aura été drôle et enrichissant pour chacun. La menace de ne plus vouloir travailler ensemble. De temps en temps, à l’instar d’un vieux couple, les manies de chacun passent alternativement du statut de irritant à réconfortant.
Le texte complet de l’entretien avec Les Compagnons pointent
est à retrouver sur : www.alternatives theatrales.be