Permettre aux acteurs d’être à la manœuvre

Entretien
Théâtre

Permettre aux acteurs d’être à la manœuvre

Questions au collectif Théâtre en liberté

Le 11 Nov 2019
Sylvie Perederejew dans Le songe d’une nuit d’été de William Shakespeare. Mise en scène Hélène Theunissen. Théâtre en Liberté 2017. Photo Isabelle De Beir.
Sylvie Perederejew dans Le songe d’une nuit d’été de William Shakespeare. Mise en scène Hélène Theunissen. Théâtre en Liberté 2017. Photo Isabelle De Beir.
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Quelle est la durée de vie de cette asso­ci­a­tion 

Le pre­mier spec­ta­cle de l’équipe (qui ne s’appelait pas encore Théâtre en Lib­erté) était Le Livre de Christophe Colomb de Paul Claudel. Nous étions en 1992, il y a 27 ans !

Quelle appellation/signature ?
col­lec­tif, bande, groupe, troupe, ensem­ble…

Lorsque Daniel Sca­haise était l’animateur de Théâtre en Lib­erté, nous nous définis­sions comme « troupe ». Aujourd’hui, nous lui préférons le terme de « col­lec­tif d’acteurs », tout aus­si ancré dans une forme de résilience mais moins figé et plus ouverts aux influ­ences nou­velles.

Quelles sont vos influ­ences (théâ­trales et non théâ­trales) ?

Vilar, et son Théâtre Nation­al Pop­u­laire, a grande­ment inspiré Sca­haise au début de l’aventure. Même si notre mode de fonc­tion­nement et nos ori­en­ta­tions artis­tiques ont changé, nous restons proches de cette mou­vance de départ tout en réin­ven­tant et en affi­nant chaque jour le mod­èle.

Con­statez-vous un retour du leader ?

Dans notre fonc­tion­nement actuel, il n’y a pas de leader. Daniel Sca­haise l’a été jusqu’en 2015. Après son départ, per­son­ne dans l’équipe ne se sen­tait légitime à le rem­plac­er et il était très com­pliqué de pro­pos­er le lead­er­ship de l’équipe à un artiste créa­teur extérieur. Nous avons donc repen­sé notre façon de faire et avons opté pour ce col­lec­tif représen­té par qua­tre per­son­nes internes occu­pant des respon­s­abil­ités spé­ci­fiques selon leurs com­pé­tences. Nous ne sommes plus dans un sys­tème ver­ti­cal ou hiérar­chique mais plutôt dans un sys­tème hor­i­zon­tal organ­isé qui per­met à la fois un fonc­tion­nement de groupe démoc­ra­tique et une effi­cac­ité de ges­tion. Si les lead­ers exis­tent encore au théâtre, si cer­tains met­teurs en scène se com­por­tent comme des dieux ou des rois, si cer­tains directeurs de théâtre font la loi sans con­cer­ta­tion dans leurs insti­tu­tions, nous avons choisi de fonc­tion­ner autrement sans aucun autori­tarisme et dans le dia­logue per­ma­nent.

Y a‑t-il une dimen­sion poli­tique à votre démarche col­lec­tive,
un pro­jet poli­tique à affirmer et défendre ?

Nous n’avons pas de pro­jet poli­tique à défendre à pro­pre­ment par­ler. L’important reste que notre démarche puisse sus­citer le ques­tion­nement dans le chef du spec­ta­teur, que celui-ci, inter­pel­lé ou se pro­je­tant dans notre spec­ta­cle puisse sor­tir du théâtre et abor­der les prob­lèmes de société avec un regard renou­velé. C’est au citoyen à con­cré­tis­er la poli­tique. Mais le théâtre est rarement inno­cent…

Par ailleurs, si notre exis­tence et notre résilience est une évi­dence dans le paysage cul­turel belge, en cela, oui, nous faisons de la poli­tique car nous nous bat­tons pour résis­ter. Notre façon de faire est atyp­ique, les notions de troupe ou de com­pag­nie d’acteurs ne sont effec­tive­ment que très rares dans le milieu théâ­tral actuel. Si les médias cou­vrent volon­tiers un spec­ta­cle « événe­ment », ou les pre­miers pas d’un jeune met­teur en scène, suiv­re le tra­vail d’une équipe sur le long terme, qui per­dure depuis plus de 25 ans est peut-être moins por­teur… Rien n’est donc à pri­ori gag­né pour nous et cela, depuis des années. Nous faisons donc acte poli­tique lorsque nous résis­tons pour défendre nos valeurs col­lec­tives, à vision durable, à l’encontre du « coup par coup » ou d’un cer­tain indi­vid­u­al­isme artis­tique.

Y a‑t-il une men­ace à tra­vailler ensem­ble ?

La men­ace, c’est l’ennui. Tra­vailler en vase clos avec les mêmes per­son­nes provo­quera inéluctable­ment fatigue et ennui. Avoir la sen­sa­tion qu’on n’a plus rien à appren­dre, qu’il n’y a plus de chal­lenge… Notre nou­veau fonc­tion­nement nous per­met de con­tourn­er ce dan­ger : nous pou­vons tous tra­vailler ailleurs, nous changeons régulière­ment de met­teur en scène et nous col­laborons dans cha­cune de nos pro­duc­tions avec des artistes extérieurs à l’équipe. Cela nous per­met à la fois de rassem­bler le col­lec­tif autour d’un pro­jet com­mun tout en ren­con­trant de nou­velles per­son­nes et de nou­veaux savoir-faire.

Le texte com­plet de l’entretien avec
le Théâtre en lib­erté est à retrou­ver sur 
www.alternatives theatrales.be 

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