Après le déluge

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Après le déluge

Le 1 Juil 1999
Article publié pour le numéro
Écrire le théâtre aujourd'hui-Couverture du Numéro 61 d'Alternatives ThéâtralesÉcrire le théâtre aujourd'hui-Couverture du Numéro 61 d'Alternatives Théâtrales
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EN ARRIÈRE PLAN, l’Arche de Noé, naufragée. Tout autour,des arbres noyés, des mares puantes. Noé, la femme de Noé, les fils de Noé, Sem, Cham,

Japhet et leurs femmes patau­gent par­mi des ani­maux au milieu de plusieurs mètres de boue recou­vrant la terre entière. Il règne une chaleur trop­i­cale.

Sem :
J’au­rai bien­tôt dégagé ma jambe gauche, j’en viendrai alors à faire mon cinquième pas aujour­d’hui.

Cham :
J’en suis encore à mon deux­ième.

La femme de Cham :
Pour cela donc on aura tenu le coup dans cette caisse qui se voulait un bateau, afin main­tenant d’être dans la gadoue jusqu’au cou et l’on peut être heureux si l’on arrive à faire trois pas en avant d’i­ci ce soir.

Japhet :
Peut-être que ça irait plus vite à la nage !

Il essaie de nag­er, mais n’y parvient pas, ses frères et leurs femmes rient.

Noé :
Allez, con­tin­uez ! Vous imag­inez que pour avoir survécu au déluge pen­dant six mois, vous retrou­ver­iez une place au par­adis ? Soyez heureux qu’un jour vos pieds puis­sent touch­er un bout de gravier sec.

Subite­ment la voix de Dieu reten­tit d’en haut.

Dieu :
Crois­sez et mul­ti­pliez et peu­plez le peu­ple de la terre.

Les fils de Noé rigo­lent, leurs femmes se bouchent les oreilles. Noé et sa femme font le signe de croix.

Dieu :
C’est le signe de l’al­liance que j’ai faite entre moi et vous et toutes les âmes vivantes, pour toute l’é­ter­nité désor­mais.

Cham :
Ta gueule !

Japhet :
Ferme-la ! Dis-nous plutôt com­ment nous arriverons jamais à retir­er nos pattes de cette gadoue.

Sem :
Aïe ! Une pierre, une pierre !

Noé :
Qu’y a‑t-il encore ! Une pierre, comme si c’é­tait le moment de plaisan­ter.

La femme de Noé :
Une pierre ! Cela ne se peut pas, cela ne se trou­ve plus !

Sem :
Aus­si vrai que j’ai cassé mon petit orteil, aus­si vrai ai-je eu affaire à une pierre.

Retire son pied de la boue et le pointe sous les yeux de Noé.

Noé jubile :
C’est vrai, il est cassé ! Il y a encore des pier­res dans ce monde !

La femme de Noé :
Il y a encore autre chose au monde que de la boue et de l’eau ! Nous sommes sauvés !

Elle s’é­vanouit.

Noé :
Une pierre ! Une pierre !

La femme de Noé revientà elle :
Une pierre ! Une pierre !

Noé :
Main­tenant je voudrais être en présence de celui qui oserait encore pré­ten­dre : « on n’y parvien­dra pas à met­tre jamais le pied sur le sol ferme ! » d’un geste large Je vous le dis en vérité, le jour est proche où nous parvien­drons à un vrai désert. Allons vers l’a­vant ! Au désert ! Au désert !

Dieu soupire, Noé peste, la femme de Noé pleure, ses fils rigo­lent, les jeunes femmes sont fâchées, les ani­maux beu­g­lent, ensem­ble ils patau­gent plus avant.

Texte traduit par Mau­rice Tasz­man.

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Lothar Trolle
Lothar Trolle est né en même temps que la R.D.A. Il y écrit pour le...Plus d'info
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