Performances — Jan Fabre et Marina Abramovic, la rencontre de deux initiés

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Le 4 Avr 2005

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L'épreuve du risque-Couverture du Numéro 85-86 d'Alternatives ThéâtralesL'épreuve du risque-Couverture du Numéro 85-86 d'Alternatives Théâtrales
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MARINA ABRAMOVIC com­mence les Solo Per­for­mances de 1969 à 1976, date de sa ren­con­tre avec l’Allemand Ulay avec lequel elle fait œuvre com­mune jusqu’en 1988. Ils réalis­eront ensem­ble 37 per­for­mances. Ils fouil­lent dans leurs corps jusqu’à l’épuisement, pour tou­jours en dépass­er les lim­ites, pour mieux regarder der­rière le miroir, vivre une ini­ti­a­tion comme un appren­tis­sage dans la dual­ité. Ils par­tent à la recherche de la pen­sée ori­en­tale, de la philoso­phie indi­enne, la reli­gion suméri­enne et la tra­di­tion occulte. Selon la pen­sée ori­en­tale, le détache­ment est essen­tiel afin d’atteindre un stade plus élevé. Leur démarche s’inscrit dans un mou­ve­ment per­ma­nent, une énergie mobile. La ren­con­tre avec le Dalaï Lama influ­ence NIGHTSEA CROSSING (1981 – 1986), médi­ta­tion immo­bile de plusieurs heures qui se déroule dans divers­es par­ties du monde. Ils par­courent la Grande Muraille de Chine à pied, cha­cun par­tant d’une extrémité dif­férente, pour décider de se sépar­er lorsqu’ils se ren­con­trent enfin, en 1988. Une dernière con­fronta­tion avec leur dou­ble avant de se retourn­er et de le chercher en eux, tran­scen­dant les lim­ites mêmes du dual­isme.

Mari­na reprend les Solo Per­for­mances de 1989 à 1998. Son expéri­ence au Tibet, par­mi les Aborigènes aus­traliens et ses études des divers rit­uels lui per­me­t­tent d’amener son corps proche d’un état lim­ite. En 1997, dans le Pavil­lon Ital­ien, lors de la 47e Bien­nale de Venise, Mari­na retient les spec­ta­teurs dans le sous-sol du bâti­ment pen­dant sa boulever­sante per­for­mance, mal­gré l’odeur écœu­rante des os énormes qu’elle frotte avec une brosse jusqu’à les blanchir de tout morceau de chair, tout en psalmodi­ant une litanie qua­si incan­ta­toire. Une vidéo com­plète son action qui s’intitule BALKAN BAROQUE où, habil­lée en infir­mière, elle racon­te une étrange his­toire : com­ment les Balka­ns tuent les rats pour les trans­former en Rat Loup. La per­for­mance a lieu toutes les après-midi pen­dant trois jours. Mari­na Abramovic sera récom­pen­sée pour cette inter­ven­tion par le Prix Inter­na­tion­al de la Bien­nale.

En novem­bre 2002, Mari­na Abramovic réalise THE HOUSE WITH THE OCEAN VIEW à la Sean Kel­ly galerie à New York. Douze jours durant, dans un rit­uel de purifi­ca­tion, elle va pou­voir jauger son champ d’énergie, le con­fron­ter à celui de l’audience, dans trois pièces ouvertes face au pub­lic (salle de bain, salon, cham­bre), sans manger, par­ler, ni lire ou écrire. Elle est habil­lée de vête­ments inspirés par le con­struc­tiviste Alexan­der Rod­chenko dont les couleurs sont en har­monie avec les principes de la Védique Indou. Elle trans­forme des gestes sim­ples en une céré­monie : se laver trois fois par jour, boire de l’eau minérale, s’asseoir, dormir sept heures par jour, s’habiller, regarder les gens silen­cieux, con­trôler sa res­pi­ra­tion grâce à un métronome… Tableau vivant, Mari­na pas­sant d’une pièce à l’autre s’expose dans ses moments les plus intimes. Un téle­scope est même mis à dis­po­si­tion du pub­lic dans la galerie. Grâce à ce jeûne con­sen­ti, elle reste émo­tion­nelle­ment éveil­lée, dans une transe médi­ta­tive. Son acuité s’aiguise, dans un échange d’énergie avec le pub­lic ; elle sent les pen­sées des gens et leur aura, du moins le dira-t-elle plus tard. De toute évi­dence, elle maîtrise les tech­niques de médi­ta­tion.

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Sylvie Ferré
Sylvie Ferré est directrice indépendante et nomade du Festival Polysonneries basé à Lyon, mais également...Plus d'info
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