L’IDÉE D’UNE VILLE n’a cessé d’évoluer et de se transformer au fil des deux année qu’a duré notre travail. Le spectacle s’inspire des VILLES INVISIBLES de Calvino – auxquelles tente de se mesurer presque chaque artiste, mais aussi du travail effectué avec des jeunes « en difficulté » de l’enseignement secondaire de la ville de New York pour définir leurs propres perceptions du visible et de l’invisible ; et, enfin, avec une ferveur toute particulière, de la lecture de PLANÈTES BIDONVILLES, un livre légèrement hystérique mais profondément émouvant de Mike Davis. Davis décrit les « mégabidon- villes » tentaculaires qui se déploient à toute vitesse à la lisière des grandes villes – les plus importants étant ceux de Nairobi, Mexico, Delhi, Rio. Nous sommes arrivés à un moment critique où, pour la première fois, les gens sont plus nombreux à vivre dans les villes plutôt que dans les régions rurales du monde – parfois, il ne leur est même pas nécessaire d’aller à la ville, la ville vient à eux.
Comment les villes s’adaptent-elles à ce phénomène ? Pour qui est faite la ville ? Le centre des vieilles villes n’abrite parfois qu’une élite aisée, tandis que les espaces dépourvus de centre urbain continuent à se remplir de ceux qui cherchent à survivre. En Occident, la plupart d’entre nous vivons dans des sortes de « quartiers privés » qui se ressemblent plus que les villes qui les abritent, un « néant doré ». C’est dans cet espace ex-urbain que débute le spectacle, un espace sans repère qui gomme tout repère.