Ce n’est pas une femme abattue de solitude mais une femme que l’on abat 1
ÉCRITE il y a vingt ans, la pièce Juan Radrigán est aujourd’hui, grâce à la mise en scène de Rodrigo Pérez, l’une des meilleures créations présentées à Santiago du Chili en 2007. La pièce fait référence à un triple suicide survenu dans une contrée isolée de la cordillère des Andes.
La voix autodidacte de Juan Radrigán (né en 1937) se fait entendre en 1979 comme une sorte de plaidoyer canalisant le devenir de la marginalité au Chili.
Les premières pièces qu’écrit cet ancien ouvrier textile, dirigeant syndical et libraire, sont lues comme une réaction contre l’oppression exercée par la dictature militaire d’Augusto Pinochet alors qu’il veut entrer dans des analyses plus ontologiques.
Ayant abandonné l’écriture romanesque, il a une parfaite connaissance de la « classe populaire » – il en fait partie –, ce qui le rend critique à l’égard du ton paternaliste, compassé et caricatural avec lequel le théâtre chilien l’a représentée jusqu’alors.
Dans TESTIMONIOS DE LAS MUERTES DE SABINA Témoignages des morts de Sabine, 1979 ) CUESTION DE UBICACION (Question de repères, 1980), HECHOS CONSUMADOS (Faits avérés, 1981) et EL TORO POR LAS ASTAS (Le taureau par les cornes, 1982), il donne une profondeur existentielle aux plus démunis et aux exclus du système ; tout particulièrement aux victimes des mises en chômage massives résultant des transformations économiques et de la forte crise qui a dévasté le pays au début des années quatre-vingt.