Le cauchemar de Mary Shelley

Entretien
Théâtre

Le cauchemar de Mary Shelley

Entretien avec Marie-France Collard

Le 12 Jan 2009

A

rticle réservé aux abonné.es
Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 100 - Poétique et politiqueCouverture du numéro 100 - Poétique et politique - Festival de Liège
100

BERNARD DEBROUX : Tu es asso­ciée à ce vaste pro­jet mul­ti­dis­ci­plinaire du Groupov, TOVARITCH, qui se déroule – pré­pa­ra­tion et créa­tions – sur plusieurs années. Vous prenez en charge, toi et Claude Schmitz, le deux­ième volet, cen­tré sur la pos­si­ble dis­pari­tion de l’homme et sur les rêves de la sci­ence de pou­voir con­stru­ire un homme arti­fi­ciel, le mythe de Franken­stein. Com­ment êtes-vous arrivés à cette ques­tion et com­ment vous a‑t-on choi­sis, vous, (ou peut-être vous êtes vous choi­sis et présen­tés…) pour pren­dre en charge cette par­tie du pro­jet.
Quelle est la place de cette par­tie par rap­port à l’ensemble dans le cadre de cette démarche habituelle du Groupov : le work in progress… ?

Marie-France Col­lard : Nous sommes arrivés à un stade de l’évolution de l’humanité où celle-ci s’est créé la pos­si­bil­ité d’œuvrer à sa pro­pre fin. C’est donc, briève­ment résumée, l’idée cen­trale du pro­jet TOVARITCH. Il y a, bien sûr, les armes atom­iques qui ont cette capac­ité. Et rien, dans l’histoire de l’Homo Sapi­ens, ne per­met de penser qu’il sera assez « sapi­ens » pour ne pas les utilis­er. D’autant qu’il a à sa portée, aujourd’hui, les moyens sci­en­tifiques pour inter­venir sur son iden­tité même. Le volet 2, FRANKENSTEIN – c’est un titre pro­vi­soire – traite de la manière dont la sci­ence s’est emparée du corps et essaie de le trans­former, entre autres, à tra­vers quelque chose d’essentiel, de fon­da­teur pour l’esprit humain, c’est-à-dire : la repro­duc­tion, le rap­port à l’autre sexe, au désir et le rap­port à la descen­dance. Grâce à la biogéné­tique, on peut, depuis quelques décen­nies, enfan­ter sans avoir eu de rap­port sex­uel, par fécon­da­tion in vit­ro et réim­plan­ta­tion de l’embryon dans l’utérus. On peut égale­ment effectuer des diag­nos­tics pré-implan­ta­toires sur les embryons con­gelés disponibles, détecter telle ou telle mal­adie, et pourquoi pas bien­tôt, le sexe, la couleur des yeux, puis les « tri­er » et sans doute inter­venir sur le code géné­tique, dans l’idée d’obtenir un enfant con­sid­éré comme « par­fait » – notion ô com­bi­en sub­jec­tive – tout cela, si les lég­is­la­tions le per­me­t­tent, pris en charge par la médecine. Cer­tains envis­agent égale­ment l’ectogenèse, c’est-à-dire le fait de con­duire une grossesse à son terme com­plète­ment à l’extérieur du corps féminin. C’est la porte ouverte à tous les pos­si­bles… Enfin, il existe une autre poten­tial­ité : dans un futur pas très loin­tain, en com­bi­nant la biotech­nolo­gie, la nan­otech­nolo­gie, la robo­t­ique, l’intelligence arti­fi­cielle, il sera sans doute envis­age­able de con­cevoir un être com­plète­ment arti­fi­ciel, bien que fait en par­tie de matière organique, capa­ble de s’auto-reproduire et qui finale­ment pour­rait don­ner nais­sance à une nou­velle « espèce ».

A

rticle réservé aux abonné.es
Envie de poursuivre la lecture?

Les articles d’Alternatives Théâtrales en intégralité à partir de 5 € par mois. Abonnez-vous pour soutenir notre exigence et notre engagement.

S'abonner
Déjà abonné.e ?
Identifiez-vous pour accéder aux articles en intégralité.
Se connecter
Accès découverte. Accès à tout le site pendant 24 heures
Essayez 24h
Entretien
Théâtre
Marie-France Collard
Partager
Bernard Debroux
Bernard Debroux
Fondateur et membre du comité de rédaction d'Alternatives théâtrales (directeur de publication de 1979 à...Plus d'info
Partagez vos réflexions...
La rédaction vous propose
Mon panier
0
Ajouter un code promo
Sous-total

 
Artistes
Institutions

Bonjour

Vous n'avez pas de compte?
Découvrez nos
formules d'abonnements