La curiosité, moteur de l’engagement

Théâtre
Réflexion

La curiosité, moteur de l’engagement

Le 26 Mai 2013
Simon McBurney, DIALOGUE AVEC LE PUBLIC, Festival d’Avignon 2012. Photo Christophe Raynaud de Lage
Simon McBurney, DIALOGUE AVEC LE PUBLIC, Festival d’Avignon 2012. Photo Christophe Raynaud de Lage

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Simon McBurney, DIALOGUE AVEC LE PUBLIC, Festival d’Avignon 2012. Photo Christophe Raynaud de Lage
Simon McBurney, DIALOGUE AVEC LE PUBLIC, Festival d’Avignon 2012. Photo Christophe Raynaud de Lage
Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 117-118 - Utopies contemporaines
117 – 118

DÈS LES PREMIÈRES ÉDITIONS du Fes­ti­val d’Avignon, Jean Vilar affir­mait avec force la par­tic­i­pa­tion du spec­ta­teur au proces­sus de créa­tion : « Je vous l’ai dit : à chaque fois que vous êtes spec­ta­teurs – j’allais dire par­tic­i­pants – d’un spec­ta­cle à Avi­gnon, l’œuvre représen­tée prend un sens plus pro­fond et plus vif. Car lorsque le comé­di­en accom­plit val­able­ment sa tâche, quand l’auteur a fait la sienne, il reste encore, à l’heure des clar­ines, ce troisième bon­homme dont tout depuis tou­jours dépend : le pub­lic1 ».

« Par­tic­i­pant », « fidèle » et/ou « assidu », voire « expert » : ces qual­i­fi­cat­ifs, récem­ment util­isés par
les soci­o­logues des publics pour ten­ter de définir la spé­ci­ficité du fes­ti­va­lier d’Avignon, con­tin­u­ent à met­tre en exer­gue son engage­ment 2. Dans les pas de Vilar, Hort­ense Archam­bault et Vin­cent Bau­driller ont d’emblée placé le spec­ta­teur et la com­mu­nauté spec­ta­to­rielle au cœur de leur pro­jet pour le Fes­ti­val d’Avignon. L’originalité de leur démarche con­siste, depuis 2004, à réin­ven­ter le Fes­ti­val en mis­ant sur la curiosité du spec­ta­teur comme moteur de son engage­ment. Ain­si, le con­trat avec le fes­ti­va­lier se fonde sur la con­fi­ance dans sa capac­ité à s’étonner, à s’interroger, à repouss­er les fron­tières du con­nu pour explor­er
de nou­veaux ter­ri­toires, à con­fron­ter son point de vue sin­guli­er à ceux, pluriels, de la com­mu­nauté qui l’englobe, bref, à pren­dre le risque d’être bous­culé, désta­bil­isé. En retour, il béné­fi­cie d’une série de dis­posi­tifs conçus pour l’accompagner tout au long de ce qu’Archambault et Bau­driller nom­ment sa « tra­ver­sée ». Cette expéri­ence à la fois sin­gulière et col­lec­tive con­duit le spec­ta­teur tou­jours engagé, par­fois « décen­tré3 », à con­stru­ire un regard et un dis­cours cri­tiques, à inven­ter de nou­velles façons de s’approprier le Fes­ti­val, à s’émanciper, enfin, au sens où l’entend Jacques Ran­cière4.

La struc­ture com­plexe qu’Archambault et Bau­driller ont imag­inée pour le Fes­ti­val invite à l’exploration. Plutôt qu’une jux­ta­po­si­tion de spec­ta­cles, qui induirait pour le fes­ti­va­lier un par­cours linéaire, les co-directeurs pro­posent une pro­gram­ma­tion qui s‘organise, telle une con­stel­la­tion, autour d’un, voire deux artistes asso­ciés qui ouvrent leur lab­o­ra­toire de créa­tion au pub­lic. Il s’agit donc pour le spec­ta­teur de « tra­vers­er » le Fes­ti­val, selon un par­cours oblique, indi­rect, comme l’étymologie l’indique, de met­tre au jour échos et réso­nances au sein d’une même édi­tion et d’une édi­tion à l’autre, de con­stru­ire son pro­pre réseau de cor­re­spon­dances. Cette con­fig­u­ra­tion struc­turelle en réseau, faite de con­nex­ions, de liens act­ifs et d’espaces de partage, est prob­a­ble­ment à rap­procher de la révo­lu­tion numérique et du développe­ment d’internet à la fin des années 1990, qui redéfinis­sent le rap­port au voir et au savoir, et, pour Bau­driller, inau­gurent une nou­velle étape dans l’histoire du Fes­ti­val d’Avignon. Au tour­nant du XXIe siè­cle, les deux co-directeurs réaf­fir­ment avec force la voca­tion
expéri­men­tale du Fes­ti­val, lab­o­ra­toire tout autant que vit­rine de la créa­tion con­tem­po­raine.

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Florence March
Florence March est Professeur de théâtre anglais des XVIe et XVIIe siècles à l’Université Paul...Plus d'info
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