Une ouverture pour l’avenir

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Théâtre

Une ouverture pour l’avenir

Entretien avec Jan Fabre

Le 17 Mai 2013
Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 117-118 - Utopies contemporaines
117 – 118

GEORGES BANU : Dans quel esprit avez-vous accep­té l’invitation de Hort­ense Archam­bault et Vin­cent Bau­driller d’être artiste asso­cié pour l’édition 2005 du Fes­ti­val d’Avignon ? Pour créer des spec­ta­cles ? Faire con­naître le mou­ve­ment théâ­tral de votre pays ? Défendre une posi­tion esthé­tique ?

Jan Fab­re : Pour répon­dre à cette invi­ta­tion j’ai voulu créer des spec­ta­cles à présen­ter à Avi­gnon comme dans un lieu de recherche, nulle­ment con­ser­vatif ou passéiste. J’ai voulu créer des spec­ta­cles comme HISTOIRE DES LARMES autour du sang et des liq­uides du corps humain ordi­naire. De même, j’ai créé des spec­ta­cles-man­i­festes qui por­taient sur la sit­u­a­tion de l’artiste aujourd’hui : L’EMPEREUR DE LA PERTE, s’inscrivait dans cette lignée. Et LE PLAGIAT s’attaquait à la ques­tion essen­tielle pour la moder­nité, la ques­tion du cerveau sur laque­lle je tra­vaille aujourd’hui encore. Mes textes n’avaient rien de clas­sique, il s’agissait des textes d’un artiste qui voulait tra­vailler avec les corps et les mots. J’ai essayé de me présen­ter comme un artiste à part entière.

Je n’ai pas cher­ché à œuvr­er à la dif­fu­sion du théâtre de mon pays. À aucun moment cette préoc­cu­pa­tion n’est entrée en ligne de compte.

J‘ai voulu que l’on invite des artistes qui ont une vision comme Romeo Castel­luc­ci, Mari­na Abramovic ́, des artistes qui ont une vision et non pas sim­ple­ment des gens de théâtre.

G. B. : Qu ’avez-vous retenu de cette expéri­ence ? De nou­velles décou­vertes ? De nou­velles alliances ?

J. F. : Mo i‑même j’ai élar­gi le champ de mes expéri­ences et j’ai pu les présen­ter dans leur entière diver­sité.

Je ne sais pas si je peux par­ler de « nou­velles alliances », mais je peux dire que nous, Hort­ense Archam­bault, Vin­cent Bau­driller et moi-même, avons accordé des oppor­tu­nités à de nom­breux artistes de se faire con­naître et décou­vrir par un pub­lic qui, sou­vent, les igno­rait. Je pense à Gisèle Vienne par exem­ple,
et bien d’autres.

G. B. : Que ls béné­fices en avez-vous retiré ? Quels obsta­cles avez-vous dû sur­mon­ter ?

J. F. : No us avons créé une rup­ture dans le champ des arts per­for­mat­ifs. Comme m’a dit Romeo Castel­luc­ci, j’ai œuvré à ouvrir beau­coup de portes et cela est essen­tiel à cer­tains moments de l’histoire de l’art. Mais cette volon­té d’élargir et de révéler des artistes a été la source d’une incroy­able bataille. Elle ne m’a pas effrayé, je suis un guer­ri­er et je sais com­bat­tre, mais je dois dire qu’elle a dévelop­pé beau­coup d’énergie néga­tive. Je ne regrette rien, sauf le com­porte­ment de cer­tains cri­tiques ou gens de théâtre qui ont cher­ché non pas à pro­duire le scan­dale, si utile à l’art, mais le spec­ta­cle du scan­dale avec des visées sub­al­ternes comme, par exem­ple, vouloir éjecter les jeunes directeurs d’alors, écarter des artistes nou­veaux aux­quels on refu­sait le droit à l’expérience nova­trice. Lut­ter fut exci­tant, mais pen­dant l’événement ce fut par­fois pénible. Mal­gré les attaques et les rejets, l’édition 2005 du fes­ti­val a représen­té pour moi et les artistes proches une ouver­ture pour l’avenir.

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Georges Banu
Écrivain, essayiste et universitaire, Georges Banu a publié de nombreux ouvrages sur le théâtre, dont...Plus d'info
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