Bernard Debroux : La musique est omniprésente à Kinshasa. Pourrions-nous faire avec vous un tour d’horizon des différents genres qu’on voit fleurir dans la ville ?
Brain Tshibanda : Il y a à Kinshasa plusieurs genres musicaux. La musique fanfare était au départ concentrée dans des lieux mortuaires. Quand il y a un deuil, le groupe musical vient animer toute la soirée et même le lendemain matin avant la levée du corps. Certains de ces groupes se sont détachés de cette fonction de musique mortuaire et ont commencé à créer des spectacles comme groupe musical à part entière : des fanfares ont donc choisi une autre orientation, reprenant des morceaux de musique congolaise et étrangère, le tout joué avec saxo, trompette et s’apparentant à des ensembles de jazz. C’est le cas de la fanfare La Confiance.
B. D. : Les chorales sont extrêmement nombreuses…
B. T. : Les chorales se sont développées et se développent encore dans des églises. Il y en a une multitude. Mais il est à noter que certaines se démarquent du répertoire chrétien pour évoluer vers la musique profane. Tel est le cas de Chœur de la Grâce qui a pris l’option d’intégrer des chants populaires congolais ou des morceaux de musique moderne africaine – réarrangés – dans son répertoire. Il puise dans la culture africaine et recompose une musique nouvelle qui montre une identité africaine et particulièrement congolaise. Ce qui lui a permis de sortir souvent du pays et lui a valu beaucoup de récompenses.
B. D. : On sent le jazz très présent aussi…
B. T. : Le jazz à Kinshasa a pris de l’ampleur après 2000 suite à un programme mis en place par le Centre Wallonie-Bruxelles avec deux volets : formations et productions. Les formations étaient assurées par une équipe de formateurs belges francophones dirigée par
Pierre Vaiana. Elles étaient orientées vers la guitare, la basse, le piano, le saxo… Il s’agissait essentiellement de formations de formateurs. Peu à peu, le jazz a élu domicile dans des centres culturels alors que pendant longtemps tout se passait dans des hôtels. Les musiciens s’y produisaient pour les résidents, des visiteurs, des étrangers. Au fil du temps, des groupes de jazz se sont créés – Kinjazza, Nsumuenu, New Wave, J’Affro’zz, etc. et un public est venu assister régulièrement aux concerts. Enfin, un festival de jazz est né, qui rassemble des jazzmen depuis 2007.
B. D. : Une nouvelle génération de musiciens est donc apparue dans le paysage musical…
B. T. : Les premiers formateurs ont à leur tour enseigné cet art musical à des jeunes. Une nouvelle génération s’est mise en place… Chaque mois, nous programmons un concert de jazz afin de développer le jazz à Kin.