Il y a quelques années, lors d’une table ronde à Rio de Janeiro, un animateur européen posa une question relative à la pertinence et au besoin de pérenniser les festivals de danse en général. La réponse semblait suggérer que les festivals avaient sans doute connu leur période de gloire et qu’il était peut-être temps de passer à quelque chose de nouveau et de différent. Cette réponse faisait clairement référence à la réalité et aux conditions propres aux festivals européens. Bien entendu, quand il s’agit de festivals de danse, on peut affirmer sans trop de crainte qu’ils relèvent de tentatives plutôt hasardeuses, surtout sur le continent africain. En réalité on pourrait même affirmer, qu’au même titre que le gorille des plaines de l’ouest, que le guépard et le rhinocéros, les festivals de danse contemporaine sont en voie de disparition en Afrique. Il n’existe aucune ville susceptible d’accueillir ou d’offrir une plateforme solide, autonome, indépendante et de grande envergure, capable de prendre le pouls des citoyens, ou qui soit animée par un vivier d’artistes locaux, inspirés et révolutionnaires.
Ce modèle européen et la situation en Afrique sont diamétralement opposés ; voyons le festival Connexion Kin de Kinshasa.
Il est un vibrant exemple d’un désir audacieux et visionnaire de secouer une société écorchée vive dont la confiance est ébranlée. On pourrait penser que les Kinois n’ont plus besoin de ces chocs pour prendre conscience d’eux-mêmes ; l’Histoire leur en a donné suffisamment. Cependant la confiance en soi c’est tout à fait autre chose.
Il en va de même pour ce qui concerne la présence de l’argent et des initiatives en provenance de l’étranger qui offrent un mélange intéressant et paradoxal d’impératifs et d’opportunités, pour les artistes locaux, le public et les sponsors étrangers.