
Quel jour de quelle saison, d’il y a à peu près une décennie, ai-je rencontré pour la première fois Freddy Tsimba ? Tel un prêtre à demi dément, il officiait une messe de mitrailles dans un temple de terre battue et de murs sans fenêtre ni toit, atelier à peine plus grand qu’une panse de phacochère.
En ce temps-là, Kinshasa trépignait de fièvres de guerre suite à des violences commises par des Rebelles occupant le Nord-est du pays. Plus de la moitié de la ville brûlait de prendre les armes et de monter vers les régions infestées de ces nyangalakata.
Quant à moi, rien que des mots – que je voulais miraculeux – peuplaient mes rêves de jour et mes rêves de nuit : arbres, fauves, rivières, fleuve, océan, montagnes, volcans, toutes sortes de vivants minéraux, liquides, végétaux et animaux, en unisson avec les hommes, allant en guerre d’un pas de racines, de crocs, d’écumes, de quartz et de feu. Mais rêves dérisoires qui, comme chacun sait, n’ont pas les muscles de tempêtes remueuses de saisons. Et même ces mots avaient du mal à naître et à prendre racines dans mon ventre.