Sorti de l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa, Steve Bandoma est allé en Afrique du Sud pour parfaire sa formation. Il est revenu au pays en 2011 après avoir reçu divers prix et bourses à l’étranger. Il a créé Koi d 9?, une structure pour la promotion des arts contemporains en RD Congo, dont il assume la coordination. Rencontre avec un jeune artiste kinois de la « South African connexion ».
Martin van der Belen : Quel est ton parcours ?
Steve Bandoma : Je suis né et j’ai grandi à Kinshasa. J’ai 33 ans. En 2004, j’ai été gradué en art plastique, option peinture, à l’Académie des Beaux-Arts. La fin de mes études a été plutôt mouvementée. Quelques amis et moi, on jouait déjà les avant-gardistes. On voyait bien que le secteur de l’art au Congo stagnait par manque d’innovation. On voulait faire changer cela. On en avait ras-le-bol de l’académisme obsolète qui nous était imposé. En 2002, dans le sillage du « Librisme » lancé quelques années plus tôt par Francis Mampuya, on a créé une plateforme sous l’appellation de « Librisme Synergie ». Comme des disciples de ce précurseur de l’art contemporain en RDC, on voulait aussi prôner une attitude d’esprit libre, on peut dire même « libéré ». Sous les auspices de La Halle de la Gombe [l’Institut français de Kinshasa], qui voyait cela plutôt d’un bon œil, on se retrouvait là avec Vitshois, Alain Mwilambwe, Wantina… comme des maquisards, des frondeurs embusqués, en train d’échanger des idées autour du développement de cet art dit « contemporain ». Librisme Synergie était comme l’enfant direct du Librisme. Qui prônait juste « l’état libre d’esprit » dans le vrai sens du mot. On était encore étudiants, mais chacun de nous avait déjà son espace respectif de production…
En 2005, je suis parti en Afrique du Sud. D’abord pour parfaire mon anglais, tout en me disant que j’allais aussi prospecter en matière de débouchés artistiques. J’ai abouti à Cape Town où j’ai suivi des formations professionnelles à City Varsity University avec le parrainage de Cape Africa Platform. Ça m’a permis de mieux comprendre les enjeux majeurs de l’art contemporain. Au bout de trois ans et beaucoup de sacrifices pour m’intégrer, ma carrière a connu là-bas une vraie ascension ! Lors de ma toute première exposition solo à l’Alliance Française de Cape Town, le génial artiste et curateur Brett Bailey a découvert mon travail et a décidé de me donner ma chance en m’invitant à un grand projet de performances publiques appelé Infecting the city. Là, j’ai conquis un public vraiment large.
En 2007, j’ai été admis dans le comité de Vansa, Visual Art Network in South Africa. En son sein, j’ai appris pas mal d’autres choses sur l’administration culturelle… et j’ai également élargi mon réseau de relations professionnelles, ce qui m’a permis de franchir l’étape suivante… En 2009, j’ai bénéficié d’une bourse de l’ONG suisse Pro Helvetia, qui m’a permis d’aller pour la première fois en Europe, participer à une résidence de création à Zurich. Dans le cadre du programme « Visa pour la création », j’ai été invité à Paris par CulturesFrance… J’ai contribué à des grands projets et expositions à Pointe-Noire, Paris, Londres, La Nouvelle Orléans, Florida (US), Kinshasa…