Ne pas avoir peur de la nuit

Entretien
Théâtre

Ne pas avoir peur de la nuit

Entretien avec Starlette Mathata

Le 19 Juil 2014
Steven Scharf et Starlette Mathata dans Rosetta, Ilona, Sue de Ari Kaurismäki, Luc et Jean-Pierre Dardenne et Amos Kollek, mise en scène Sebastian Nübling, KVS, Bruxelles, 2014. Photo Ene-Liis Semper
Steven Scharf et Starlette Mathata dans Rosetta, Ilona, Sue de Ari Kaurismäki, Luc et Jean-Pierre Dardenne et Amos Kollek, mise en scène Sebastian Nübling, KVS, Bruxelles, 2014. Photo Ene-Liis Semper

A

rticle réservé aux abonné.es
Steven Scharf et Starlette Mathata dans Rosetta, Ilona, Sue de Ari Kaurismäki, Luc et Jean-Pierre Dardenne et Amos Kollek, mise en scène Sebastian Nübling, KVS, Bruxelles, 2014. Photo Ene-Liis Semper
Steven Scharf et Starlette Mathata dans Rosetta, Ilona, Sue de Ari Kaurismäki, Luc et Jean-Pierre Dardenne et Amos Kollek, mise en scène Sebastian Nübling, KVS, Bruxelles, 2014. Photo Ene-Liis Semper
Article publié pour le numéro
Couverture du 121-122-123 - Créer à Kinshasa
121 – 122-123

Bernard Debroux : D’où vous vient votre pas­sion pour le théâtre ? Avez-vous suivi une for­ma­tion pour arriv­er dans ce méti­er ?

Star­lette Math­a­ta : Déjà à l’école j’étais plutôt une « lit­téraire» ; j’avais une facil­ité pour mémoris­er mes cours et j’aime beau­coup les langues. Mon père tra­vail­lait dans le secteur com­mer­cial et, comme j’étais l’aînée de la famille, il voulait que je suive la même voie. J’ai fait un an de fil­ière maths pour le sat­is­faire. Je me sou­viens qu’au moment de pass­er mon Bac, on suiv­ait à la télévi­sion le pre­mier Fes­ti­val Inter­na­tion­al de l’acteur de Kin­shasa. Pen­dant dix jours, tous les jours, il y avait un spec­ta­cle qui pas­sait à la télé. J’ai dit à mon père : « après mon bac, c’est ce méti­er que je veux faire. » Il a été d’accord. Le Fes­ti­val Inter­na­tion­al de l’acteur était organ­isé par L’écurie Mal­o­ba. Je n’y ai pas été accep­tée tout de suite mal­gré de nom­breuses let­tres de moti­va­tion… Deux amis avaient demandé l’espace de répéti­tion à L’écurie Mal­o­ba pour y tra­vailler leur pièce Les Coupables à laque­lle ils m’avaient demandé de par­ticiper. Le prési­dent de L’écurie Mal­o­ba, Mutombo Buit­shi, qui nous obser­vait, s’est intéressé à notre tra­vail. Il nous a con­vo­qués et nous a engagés dans Malaï­ka, sa troupe (une des trois qui com­po­sait l’écurie Mal­o­ba). Il a pris soin de nous. Il était très sévère et m’a trans­mis sa rigueur dans le tra­vail. C’est aus­si la per­son­ne qui m’a appris à ne pas avoir peur de la nuit. La pre­mière fois que je suis ren­trée tard chez moi le soir, je reve­nais de la répéti­tion. Par­fois nous restions jour et nuit dans le théâtre, en retraite, pour créer un spec­ta­cle.

B. D. : Une ren­con­tre mar­quante dans votre tra­jec­toire pro­fes­sion­nelle…

S. M. : On l’appelait « le géant de la scène », « l’araignée noire ». Il était très som­bre, grand et il avait une voix grave. Quand vous n’aviez pas sat­is­fait à la répéti­tion, vous ne ren­triez pas chez vous. Il dis­ait : « Si vous ne répon­dez pas à mes critères, vous restez là jusqu’au petit matin. » C’était des sortes de puni­tions ! On était oblig­és de rester par­fois jusqu’à minu­it et finale­ment, on devait se con­former à ses folles exi­gences pour pou­voir ren­tr­er chez nous… Avec une sorte de rage, il arrivait à nous faire sor­tir de nous mêmes. Mais en même temps, il rame­nait les filles chez elles et payait le trans­port aux garçons pour qu’ils ren­trent chez eux.

J’ai joué dans un spec­ta­cle de Mutombo Buit­shi Mourir en Europe qui a eu un très grand impact à Kin­shasa. La pièce traitait de la rela­tion entre le Con­go et l’Europe, entre les Noirs et les Blancs, l’envoi des médica­ments périmés pour l’Afrique, de la cor­rup­tion… Com­ment les gens vendaient leur âme pour de l’argent en Europe. C’était une très belle écri­t­ure. Un jour qu’on répé­tait, celui qui jouait un domes­tique doit s’absenter. Je prends sa place et com­mence à jouer le rôle du domes­tique avec un accent espag­nol. Je m’amusais beau­coup parce que ce n’était pas mon rôle ! Mutombo est sor­ti de son bureau et j’ai pen­sé qu’il allait croire que je me moquais de son tra­vail ! C’est le con­traire qui est arrivé. Il m’a pro­posé de garder le rôle, donc j’avais deux rôles dans le spec­ta­cle !

B. D. : Com­bi­en de temps êtes-vous restée à l’écurie Mal­o­ba ?

S. M. : Deux ans. La troisième année, je suis par­tie pour une autre aven­ture. C’était au départ un voy­age

A

rticle réservé aux abonné.es
Envie de poursuivre la lecture?

Les articles d’Alternatives Théâtrales en intégralité à partir de 5 € par mois. Abonnez-vous pour soutenir notre exigence et notre engagement.

S'abonner
Déjà abonné.e ?
Identifiez-vous pour accéder aux articles en intégralité.
Se connecter
Accès découverte. Accès à tout le site pendant 24 heures
Essayez 24h
Entretien
Théâtre
Starlette Mathata
1
Partager
Bernard Debroux
Bernard Debroux
Fondateur et membre du comité de rédaction d'Alternatives théâtrales (directeur de publication de 1979 à...Plus d'info
Partagez vos réflexions...
La rédaction vous propose
Mon panier
0
Ajouter un code promo
Sous-total

 
Artistes
Institutions

Bonjour

Vous n'avez pas de compte?
Découvrez nos
formules d'abonnements