
Photo Henri Pribik.
IL ET ELLE. Il ou elle ? Voici une histoire d’amitié qui, depuis plus de trente ans, s’est confortée à travers un parcours artistique dont la singularité s’est approfondie au fil des créations et des spectacles.
Les plus avertis distingueront peut-être ce qui porte la marque de l’un(e) ou de l’autre. Mais là n’est pas l’essentiel.
Ce qui aurait pu être une collaboration sans lendemain (au départ une danseuse cherche un créateur lumière qui s’est vite révélé metteur en scène) est devenu une démarche unique qui lie deux artistes dans l’invention d’une forme qui n’appartient qu’à eux.
Il en est sans doute de l’amitié comme de l’amour, qui pour Alain Badiou exige de « réinventer le risque et l’aventure, contre la sécurité et le confort »1. De même, la relation engagée par Nicole et Patrick dans leur projet artistique au long cours a fait le pari de tenter d’articuler deux démarches, le théâtre et la danse, en créant une méthode, un langage et au final un univers de signes fascinant, qui renvoie le spectateur à un monde étrange, à une expérience esthétique singulière, qui advient s’il accepte lui aussi de s’évader des normes – narratives et psychologiques – qui régissent habituellement la scène.
On est en présence d’un « état d’esprit, d’une volonté de déséquilibrer la perception (par des accents inattendus, des lenteurs appuyées, des angles d’attaques imprévus…), d’un désir d’affronter l’origine et la fin, à travers des langages inédits dont on ne savait pas qu’ils pouvaient traduire aussi justement nos comportements les plus secrets ou les plus énigmatiques ».2
Ce qui fonde souvent une relation d’amitié, ce sont aussi des références communes. Celles avouées de Patrick et Nicole sont davantage du domaine de la littérature ou de la peinture (cette dernière sera de plus en plus prégnante au fur et à mesure de leurs réalisations). Henri Michaux, disent-ils, les a marqués tous les deux, comme ces artistes de la scène pour lesquels ils ont une admiration commune : Tadeusz Kantor, Pina Bausch, Robert Wilson.
- Alain Badiou, Éloge de l’amour, Flammarion, Café Voltaire, 2009, p. 17. ↩︎
- Patrick Bonté, Théâtre-danse : la fusion ou rien !
Alternatives théâtrales no 105, 2e trimestre 2010, p. 2. ↩︎ - Caroline Lamarche, Nous, dans la nuit, in Théâtre-danse : la fusion ou rien ! op cit. p. 42. ↩︎
- Pascal Crochet, Au cœur de l’inattendu, une certaine douceur, in Théâtre-danse : la fusion ou rien ! op cit. p. 55 et 57. ↩︎