La Chaleur du silence

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La Chaleur du silence

Lettre à un ami

Le 26 Oct 2015
Eugenio Barba et Georges Banu au Festival international de Sibiu (Roumanie), 2012. Photo Mihaela Bartha.
Eugenio Barba et Georges Banu au Festival international de Sibiu (Roumanie), 2012. Photo Mihaela Bartha.

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Eugenio Barba et Georges Banu au Festival international de Sibiu (Roumanie), 2012. Photo Mihaela Bartha.
Eugenio Barba et Georges Banu au Festival international de Sibiu (Roumanie), 2012. Photo Mihaela Bartha.
Article publié pour le numéro
126 – 127

Bar­ba reste indis­so­cia­ble­ment lié à la rela­tion d’amitié avec Jerzy Gro­tows­ki, rela­tion qui reste exem­plaire pour le théâtre mod­erne. Elle l’a for­mé et nour­ri tout au long de son par­cours. À cela s’ajoutent les ami­tiés avec des uni­ver­si­taires qui ont con­sti­tué un noy­au affec­tif et de tra­vail : Fer­di­nan­do Taviani, Fab­rizio Cru­ciani, Fran­co Ruffini, Nico­la Savarese, Mirela Schi­no. Lui, il sait ce que le mot « ami­tié » veut dire.
Nous pub­lions la let­tre adressée à Georges Banu en guise de réponse à l’invitation de par­ticiper à notre dossier.
20 juil­let 2015

Cher Georges

LE THÉÂTRE est un méti­er soli­taire ancré dans une rou­tine partagée. La dou­ble hélice de son ADN tresse deux forces incon­tourn­ables. La pre­mière est le car­ac­tère éphémère des rela­tions, pas seule­ment la ren­con­tre avec les spec­ta­teurs mais aus­si la col­lab­o­ra­tion entre les per­son­nes qui ont décidé de mon­ter un spec­ta­cle ensem­ble. C’est là l’origine de notre théâtre occi­den­tal : depuis les com­pag­nies ital­i­ennes, français­es, espag­noles ou anglais­es du seiz­ième siè­cle jusqu’à nos jours, acteurs et alii sont soudés par un con­trat lim­ité dans le temps avec des claus­es très pré­cis­es quant à la répar­ti­tion des gains.

Car le théâtre doit être rentable. Telle est la sec­onde des forces incon­tourn­ables de son ADN. Le théâtre doit pou­voir nour­rir son homme. Un spec­ta­cle doit avoir un ren­de­ment économique, bil­lets ven­dus chaque soir et longtemps. À moins que l’équivalent de ce ren­de­ment ne soit une « qual­ité » artis­tique qui ouvre le cof­fre-fort des sub­ven­tions publique et privées. Même la pro­fes­sion d’une idéolo­gie peut être rentable quand un théâtre agit au sein d’une dic­tature ou par­mi des mécènes et des prêtres qui le plient à leur vision du monde.

Le théâtre vole avec deux ailes. L’une est immense, puis­sante et pousse vers la terre. Ses bat­te­ments ne font que répéter : fais-le ton beau spec­ta­cle, mérite-toi les éloges des gens, les applaud­isse­ments des cri­tiques et des autorités et profite de l’argent et de l’auréole d’artiste qu’ils te pro­curent. L’autre est rachi­tique, dif­forme et pousse vers les nuages d’un ciel vide. Cette aile démo­ni­aque, anar­chisante et rebelle s’est dévelop­pée au siè­cle dernier et brûle de chang­er le monde ou soi-même, d’entrer en con­tact avec l’authenticité de notre nature ou la lim­pid­ité spir­ituelle que cha­cun rêve de pos­séder.

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