Scènes de femmes polonaises

Compte rendu
Performance
Théâtre

Scènes de femmes polonaises

Le 12 Déc 2016
Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 129 - Scènes de femmes
129

Nous vous invi­tons à les décou­vrir les 15 et 16 décem­bre à la Galerie HUS (Paris), à deux pas du Théâtre des Abbess­es.

Jeu­di 15 décem­bre 2016 – 19h-21h

Ren­con­tre organ­isée par Alter­na­tives théâ­trales et la Galerie HUS
Une instal­la­tion vidéo et audio pour une per­for­mance col­lec­tive médi­ta­tive.
Avec : Anna Smo­lar / Mag­da Szpecht / Mme Curie (incar­née par Curie City) / per­formeuses Edka Jarząb / Natalia Kor­cza­kows­ka / Stanisława Przy­byszews­ka / Domini­ka Dymińs­ka et des femmes de Varso­vie…
Pro­jet Curie City- incu­ba­teur d’art à Varso­vie financé par une bourse de la ville de Varso­vie. Suivi du verre de l’amitié.

Sur réser­va­tion au (+33) 01 40 18 03 70 ou par mail
Par­tic­i­pa­tion pour les artistes : 10 euros.
Ven­dre­di 16 décem­bre 2016 – 16h30/18h30
Ren­con­tre organ­isée par l’Institut Adam Mick­iewicz et Alter­na­tives théâ­trales, en col­lab­o­ra­tion avec la Galerie HUS

Con­férence “Fatherkillers“
Pro­jec­tions de pho­tos
En présence de : Anna Karasin­s­ka / Mag­da Szpecht / Anna Smo­lar / Katarzy­na Kalwat / Weroni­ka Szcza­w­in­s­ka
Intro­duc­tion par Joan­na Klass
Débat ani­mé par Piotr Gruszczyn­s­ki et Sylvie Mar­tin-Lah­mani (codi­rec­trice d’Alternatives théâ­trales). Inter­pète : Agniesz­ka Zgieb

Sur réser­va­tion au (+33) 01 40 18 03 70 ou par mail

Galerie Hus 4, rue Aris­tide Bru­ant 75018 Paris  — Métro Abbess­es ou Blanche

À l’occasion de la rétro­spec­tive d’un grand artiste, une ques­tion s’impose : quelle suite ? Qui vien­dra après ? Vers où est-il pos­si­ble d’apercevoir les change­ments irréversibles à venir ? À l’instar de Borges, nous imag­i­nons le monde comme un jardin que tra­versent des chemins, qui bifurquent, allant cha­cun dans une direc­tion dif­férente. Ce que nous présen­tons aujourd’hui ne con­stitue qu’une hypothèse, qu’un seul chemin dans le paysage con­fus qu’est à présent la vie théâ­trale. Ou plutôt, de cinq chemins dif­férents. Nous vivons dans une époque où l’histoire dépasse notre imag­i­na­tion. Il ne faut pas avoir peur d’utiliser des mots forts : voilà pourquoi j’ai voulu appel­er cette soirée « Fatherkillers », en faisant référence au livre emblé­ma­tique de Piotr Gruszczyńs­ki. Comme Mick­iewicz l’a fait dans Les Aïeux ou Shake­speare dans Mac­beth, j’invoque les sor­cières, et je cite celui qui donne son nom à notre Insti­tut, le grand poète polon­ais qui écrivait en exil, ici à Paris : « tout est obscu­rité à présent, tout est sourd, que va-t-il advenir ? Que va-t-il advenir ? »
[Joan­na Klass pour l’In­sti­tut Adam Mick­iewicz]
Si le théâtre existe depuis des siè­cles, c’est unique­ment parce qu’il se nour­rit de change­ments pro­téi­formes. L’approche en ter­mes de généra­tions a été sou­vent cri­tiquée, elle n’a pas de sens — et pour­tant elle en a. En Pologne, les artistes qui ont aujourd’hui pris la parole sont nés assez tard pour n’avoir con­nu le com­mu­nisme et Sol­i­darność qu’à tra­vers les manuels sco­laires et les réc­its de famille. Chose bien plus impor­tante encore : pour eux, le cap­i­tal­isme n’est nulle­ment un par­adis rêvé mais un sys­tème exis­tant qu’il faut à tout prix cri­ti­quer et même con­tester. De plus, la crise économique per­ma­nente en Europe, et la crise de la démoc­ra­tie qui, ces derniers temps, prend de l’ampleur et se trans­forme pas à pas en dic­tature de la majorité, nous oblig­ent à inter­roger non seule­ment le con­tenu des mes­sages artis­tiques mais égale­ment leur forme. L’art se développe en une con­ti­nu­ité qui prend les aspects d’un dia­logue ou d’une polémique et d’une rup­ture. J’ignore pourquoi, ces dernières années, dans le théâtre polon­ais, les femmes ont enfin réus­si à s’exprimer. Il y en a tou­jours eu, mais elles n’ont jamais été aus­si nom­breuses et fortes ! Elles ont aigu­il­lé les dis­cours vers d’autres voies. Elles ont tué leurs pères, ou tout sim­ple­ment en ont fui la malé­dic­tion, telles des pro­tag­o­nistes shake­speari­ennes. Cha­cune à sa façon. Cela vaut la peine de les con­naître !
[Piotr Gruszczyńs­ki]

Biogra­phie des artistes

Mag­da SZPECHT
“L’Art, lieu d’une lib­erté plus grande que nulle part ailleurs.“
Née en 1990, artiste de théâtre, auteure d’in­stal­la­tions et de spec­ta­cles. Après une for­ma­tion de met­teuse en scène à l’École de théâtre de Cra­covie et de jour­nal­isme (cre­ative writ­ing) à l’U­ni­ver­sité de Wrocław, elle met notam­ment en scène Dolphin_who_loved_me (prix du jury au Fes­ti­val 100° de Berlin), ain­si que La pos­si­bil­ité d’une île d’après Michel Houelle­becq (TR, Varso­vie, 2015) et Schu­bert : com­po­si­tion roman­tique pour 12 inter­prètes et un quatuor à cordes (Teatr Dra­maty­czny, Wal­brzych, 2016). Elle est égale­ment l’au­teure de l’in­stal­la­tion-objet Mono­logue intérieur. Com­ment attein­dre le zen en per­for­mant la forêt (Nar­o­dowy Teatr Stary de Cra­covie, 2016) et de l’in­stal­la­tion-per­for­mance Pourquoi je ne t’écris pas ?, adap­tée des Souf­frances du jeune Werther de Goethe (Teatr Oster­wa, Lublin, 2016).

Anna KARASIŃSKA
“Je prends soin de faire « agir » mes spec­ta­cles plutôt que de les « racon­ter ». D’en faire des événe­ments qui s’ac­com­plis­sent ici et main­tenant. Je décon­stru­is la rela­tion spec­ta­teur-spec­ta­cle-comé­di­en, pour que les gens se voient réelle­ment et entrent en con­tact les uns avec les autres.
Quand je fais un spec­ta­cle, je prévois ce qui doit arriv­er aux per­son­nes qui y par­ticipent, aux spec­ta­teurs, et les moyens de l’obtenir. Je ne réfléchis pas au sujet – le sujet n’est qu’un moyen par­mi d’autres, une « cou­ver­ture » pour le mécan­isme que je crée.
Je m’in­téresse à l’u­til­i­sa­tion de l’art comme méth­ode pour se libér­er des con­trôles.
J’es­saie de main­tenir le spec­ta­teur en état d’am­biva­lence, de rire et d’in­quié­tude. Je mène son intel­lect en bateau tout du long.
Fis­sur­er l’idée de ce que nous con­sid­érons comme réel et évi­dent est le geste le plus puis­sant pour trans­former le monde.“
Née en 1978, elle étudie la mise en scène à l’École de ciné­ma et de théâtre (PWSFTT Leon Schiller), passe par l’École des Arts plas­tique Łódź, puis la philoso­phie. Ses courts métrages reçoivent de nom­breux prix dans les fes­ti­vals inter­na­tionaux. Son spec­ta­cle Eweli­na pleure (TR, Varso­vie, 2015) est con­sid­éré comme le plus impor­tant de la sai­son et le plus primé. Son Spec­ta­cle sec­ond (Teatr Pol­s­ki, Poz­nan, 2016) est encen­sé par la cri­tique. En novem­bre 2016, elle réalise L’an­niver­saire dans le cadre du cycle Micro-théâtre à Komu­na Warsza­wa.

Anna SMOLAR

“Je crée des spec­ta­cles car j’ai tou­jours eu du mal à par­ler aux gens. Au théâtre ce qui m’intéresse ce sont ces moments où quelque chose se dévoile, quand le jeu cesse d’être du jeu. Mes derniers spec­ta­cles ont un car­ac­tère doc­u­men­taire. J’aime observ­er ce qui se passe lorsque l’acteur com­mence son tra­vail par une ren­con­tre avec une per­son­ne réelle, lorsque le spec­ta­cle s’enracine dans la réal­ité qui nous entoure, dans ce qui nous ani­me ici et main­tenant en tant que col­lec­tiv­ité. Je vois la troupe d’acteurs comme le reflet de cette col­lec­tiv­ité. Ces derniers temps je pro­pose aux acteurs qu’ils devi­en­nent les co-auteurs du texte. La parole des acteurs m’intéresse, leur sen­si­bil­ité, leur choix des mots. Ensem­ble nous cher­chons des out­ils pour un lan­gage per­son­nel, qui invite au dia­logue.“
Met­teuse en scène fran­co-polon­aise, tra­duc­trice. Diplômée de let­tres à la Sor­bonne. For­ma­tion théâ­trale au Sud­den Théâtre. En 2001, elle crée sa com­pag­nie, Gochka, avec laque­lle elle réalise des spec­ta­cles jusqu’en 2004.
Par­mi ses mis­es en scène en Pologne, on compte L’Echange de Paul Claudel, L’E­tranger de Camus et La Folle de Chail­lot de Girau­doux. Elle tra­vaille égale­ment au Teatr Nowy de Varso­vie et y monte Pinoc­chio de Joël Pom­mer­at. Son dernier spec­ta­cle, L’homme le pire du monde d’après le texte de Mal­go­rz­ta Hal­ber, a été créé en novem­bre 2016 à Kalisz. Elle reçoit plusieurs prix, notam­ment pour son Dib­bouk (prix de mise en scène d’une pièce con­tem­po­raine 2016) et pour Acteurs juifs (Grand prix du fes­ti­val Kon­tra­punkt à Szczecin ; prix pour sa com­pag­nie à Kalisz, 2016). Elle a été assis­tante à la mise en scène de Krys­t­ian Lupa, Jacques Las­salle et Andrzej Sew­eryn. Au ciné­ma, elle a tra­vail­lé avec Agniesz­ka Hol­land et Kasia Admik. Elle a égale­ment traduit en français L’amour de pierre, réc­it de Grazy­na Jagiel­s­ka.

Weroni­ka SZCZAWIŃSKA
“L’artiste devrait savoir recon­naître le moment et la sit­u­a­tion dans lesquels il agit, le rap­port de forces dans lequel il est pris. L’as­so­ci­a­tion des artistes de la Com­mune de Paris avait rai­son : la créa­tion, c’est l’ac­tion com­mune pour le renou­veau, pour la nais­sance du luxe pour tous, des splen­deurs à venir et de la République uni­verselle. Le.a metteur.euse en scène devrait avant tout veiller à la force du mes­sage de la pièce et au bien-être de ses col­lab­o­ra­teurs. Il n’y a aucune con­tra­dic­tion entre l’in­di­vid­u­al­isme et le sens de la com­mu­nauté – au théâtre, ils se motivent l’un l’autre.“
Met­teuse en scène, dra­maturge, diplômée en Sci­ences humaines à l’Université de Varso­vie et de L’École de théâtre. Direc­trice artis­tique du Théâtre Bogus­laws­ki à Kalisz. Elle tra­vaille en Pologne avec des scènes nationales et des galeries d’art. Elle crée des spec­ta­cles, des textes, des instal­la­tions en col­lab­o­ra­tion avec Agniesz­ka Jakimek, Krzysztof Kalis­ki et Piotr Waw­er. Mis­es en scène : Jack­ie. La mort et la princesse (Teatr Jarasz, Olsz­tyn, 2008) ; Com­ment être aimée (Théâtre Dra­ma­tique de la Bal­tique, Kosza­lin, 2011) ; RE//MIX Zamkow (Komu­na Warsza­wa, 2012) ; Le génie en col roulé (Nar­o­dowy Teatr Stary, Cra­covie, 2014) ; Champ d’é­tudes : lec­tures de jeunes filles de Jezyce (Poz­nan) (CK Zamek, Poz­nan), Les guer­res que je n’ai pas vécues (Teatr Pol­s­ki, Byd­goszcz, 2015) ; La pornogra­phie de la poloni­tude tar­dive (Gale­ria Labirynt, Lublin, 2015) ; K. ou le sou­venir d’une ville (Teatr Bogus­laws­ki, Kalisz, 2016).

Katarzy­na KALWAT
“L’élé­ment essen­tiel de mon théâtre est la créa­tion de spec­ta­cles basés sur un sujet : je relie les instal­la­tions, la vidéo, la répéti­tion, le con­cert et l’ex­péri­men­ta­tion. Cette diver­sité des moyens d’ex­pres­sion et des formes au sein d’un seul pro­jet a pour but de faire ressor­tir la con­tro­verse, de telle sorte que le spec­ta­teur puisse s’ap­procher au max­i­mum du sujet.
J’ex­plore des his­toires humaines réelles. Récem­ment, j’ai réal­isé Holzwege (TR, Varso­vie) sur l’œu­vre de Tomasz Siko­rs­ki, précurseur du min­i­mal­isme dans la musique européenne, ain­si que Reyk­javik 74′ (Teatr Horzy­ca, Torun), his­toire d’un groupe de per­son­nes qui ont avoué un crime qu’elles n’ont pas com­mis. Le point de départ de mon tra­vail est tou­jours un matériel doc­u­men­taire plein de con­tra­dic­tions. Durant les répéti­tions, nous nous trans­for­mons, avec la dra­maturge Mar­ta Sokołows­ka et les comé­di­ens, en mem­bres d’un groupe de recherche expéri­men­tale et nous menons une sorte d’en­quête. Ensuite, devant les spec­ta­teurs, nous recon­stru­isons les événe­ments et les pro­tag­o­nistes. Le proces­sus même de recon­struc­tion a pour but la recherche de la vérité. Pour mes derniers pro­jets, je col­la­bore avec Mar­ta Sokołows­ka, auteure et dra­maturge. Le matériel dra­ma­tique est créé à par­tir des impro­vi­sa­tions des comé­di­ens et d’un texte préex­is­tant.“
For­mée à la mise en scène à l’École de théâtre de Varso­vie et en psy­cholo­gie à l’U­ni­ver­sité de Cra­covie, elle est bour­sière du gou­verne­ment français et assis­tante à la mise en scène auprès de Krys­t­ian Lupa (Per­sona. Mar­i­lyn et Per­sona. Le corps de Simone). Elle met en scène Holzwege au TR de Varso­vie en 2016 (Prix de la mise en scène d’une pièce con­tem­po­raine). Elle a col­laboré égale­ment avec Teatr Pol­s­ki, Teatr Nowy de Poz­nan et Teatr Juliusz Słowac­ki de Cra­covie.

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