Quand on interroge une artiste dans sa maturité sur son passé et les racines souvent profondes qui lui ont permis de s’épanouir et de maîtriser ses modes d’expression, on trouve souvent un fil rouge. Pour Isabelle Dumont, ce fil rouge, c’est la curiosité.
De son goût de l’expression par le corps qui l’a conduite à participer aux expériences singulières et aux univers décalés proposés par la compagnie Mossoux-Bonté et par le laboratoire de création théâtrale d’Ingrid von Wantoch Rekowski jusqu’aux cabinets de curiosité qu’elle invente et développe depuis une dizaine d’années, c’est l’esprit de recherche qui a guidé son parcours.
Il y a toujours eu chez elle cette oscillation : le corps comme outil d’expression dans les expériences de théâtre/danse – la pensée en acte dans les conférences. Présence importante du texte dans les spectacles des débuts, engagement ensuite dans l’expression épurée du théâtre/danse, retour au texte, aux images, aux objets, au chant et à la danse dans les cabinets de curiosités.
Parce que le réel l’intéresse dans ce qu’il offre d’insolite – l’étrangeté, le bizarre, le merveilleux, les surprises – Isabelle Dumont a mis en chantier à un rythme, qui de l’extérieur semble étourdissant, des formes originales de représentation et de diffusion du savoir, s’adressant au public dans une intimité volontairement choisie. Dans ces « conférences- spectacles », elle propose avec assurance, application, travail, connaissance, sensibilité et générosité, des aspects de l’état des connaissances du monde, à un public impressionné et comme envoûté (je l’ai vérifié à maintes reprises).
Parmi l’ensemble des projets, nombreux et divers, que l’artiste présente dans des théâtres, universités, musées, salons particuliers, ce texte met en perspective certains d’entre eux qui sont représentatifs de sa démarche1.
Une commande du Kunstenfestivaldesarts en 2006 a été l’élément déclencheur qui a donné naissance à un premier cabinet de curiosité, le Petit Salon baroque. Cet univers baroque, qu’elle connaissait peu au départ, l’a sans doute séduite parce que cette période de l’histoire entretient un rapport au monde perturbé, où on est dans le clair-obscur, le faux-semblant, l’illusion. La terre n’est plus le centre de l’univers, le monde s’agrandit. Déjà, dans ce premier cabinet, une place particulière a été donnée au chant qu’Isabelle Dumont affectionne et qu’elle maîtrise avec talent.