L’ingénieux ingénu – le théâtre de musique de Thom Luz

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L’ingénieux ingénu – le théâtre de musique de Thom Luz

Le 28 Nov 2018
WHEN I DIE - a ghost story with music, avec Daniele Pintaudi, Jack McNeill, Samuel Streiff, Mathias Weibel (v.l.n.r.), Theater Gessnerallee Zürich.© Karin Hofer / NZZ
WHEN I DIE - a ghost story with music, avec Daniele Pintaudi, Jack McNeill, Samuel Streiff, Mathias Weibel (v.l.n.r.), Theater Gessnerallee Zürich.© Karin Hofer / NZZ
Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 136 - Théâtre Musique
136

Une con­ver­sa­tion avec le met­teur en scène zuri­chois Thom Luz a de grandes chances de porter en fin de compte sur les dif­férents mod­èles de machines à fumée, liq­uides appro­priés et autres brouil­lards arti­fi­ciels. Spé­cial­iste de la ques­tion et col­lec­tion­neur de ces engins à brass­er de l’air, le met­teur en scène for­mé à Zurich et aujourd’hui rési­dent du The­ater Basel en con­nait toutes les pos­si­bil­ités et les vari­antes – et en effet la fumée a une place impor­tante dans ses créa­tions, au même titre que la musique, omniprésente et inter­prétée en scène.

L’un de ses plus récents spec­ta­cles, Girl from the fog fac­to­ry (2018), se passe d’ailleurs dans une usine de fab­ri­ca­tion de ces machines – une entre­prise dont les employés doivent redou­bler d’inventivité pour relancer les ventes en pro­duisant des nuages inat­ten­dus, accom­pa­g­nés par des musi­ciens embauchés pour l’occasion. Ils n’y parvien­dront vis­i­ble­ment pas, le spec­ta­cle se finis­sant sur un paysage brumeux et mélan­col­ique évo­quant un espace à l’abandon.

Girl from the fog machine fac­to­ry. © San­dra Then.

Patience camp, sa pre­mière mise en scène à Bâle en 2007, relatait déjà un échec. Le réc­it de la ten­ta­tive de tra­ver­sée de l’Antarctique par Sir Shack­le­ton en 1913 et de l’attente de l’équipage dans le navire blo­qué par les glaces était resti­tué par qua­tre comé­di­ens avec des moyens som­maires – une porte sur roulette, un har­mo­ni­um mobile, une vieille carte du monde, une gui­tare, une machine à neige et trois tréteaux sim­ples en bois. Au rêve de l’explorateur finale­ment con­traint de revenir sans être par­venu à réalis­er son exploit, et à l’attente de l’équipage dans le navire avant le renon­ce­ment, cor­re­spondait la ten­ta­tive mod­este mais ardem­ment vécue des acteurs à restituer ensem­ble le réc­it, tou­jours vis­i­ble­ment à la lim­ite de l’échec eux aus­si. Ce pre­mier spec­ta­cle posait les bases de ce qui fait encore le théâtre de Luz aujourd’hui : une scène essen­tielle­ment vide accueil­lant des élé­ments de décor mobiles – portes sur roulettes, piano ou har­mo­ni­um, échelles ou machines de tech­nique de théâtre (grue, nacelle…), lam­pes mobiles var­iées, machines à fumée util­isées par les comé­di­ens… et le plus sou­vent qua­tre ou cinq inter­prètes qui sont aus­si bien acteurs, chanteurs que musi­ciens s’adressant frontale­ment aux spec­ta­teurs pour partager le réc­it d’une aven­ture improb­a­ble.

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Eric Vautrin
Dramaturge du Théâtre Vidy-Lausanne (direction Vincent Baudriller), co-responsable du groupe de recherche NoTHx (« Nouvelles...Plus d'info
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