La pièce met en scène différentes œuvres de l’artiste visuelle et actrice : Denise Groesman
[…]
L’Atelier de Denise.
Denise est entrain de peindre. Raphaël dort contre le mur de l’exposition « Je suis une famille » avec un cœur en caoutchouc (sculpture que Denise a réalisée quand elle était adolescente). Raphaël se réveille. Raphaël joue avec le cœur en caoutchouc. Raphaël regarde une vidéo que Denise a réalisée quand elle était adolescente, avec ce même cœur sur un terrain de basket. La vidéo se termine. Raphaël lance le cœur en caoutchouc dans un panier de basket qui se trouve dans l’atelier.
RAPHAËL c’est quoi ça ?
DENISE c’est un cœur en caoutchouc. Ma dernière sculpture adolescente. J’ai essayé de reproduire un cœur en regardant un de ces livres qui décrivent le corps humain. Il est censé avoir les dimensions réelles, il n’est pas un peu grand ?
RAPHAËL Oui, les dimensions sont bizarres et il est trop lourd. Un cœur c’est pas aussi lourd.
DENISE Et celle-là je l’ai faite aussi à cette époque. Je l’ai modelée en argile en me regardant dans le miroir. J’étais en train d’apprendre à modeler le visage humain. Ce n’est pas vraiment un calque, mais j’essayais de reproduire le plus fidèlement possible l’anatomie de mon visage.
Raphaël filme les sculptures adolescentes, les photos.
DENISE À cette époque j’ai tout essayé : modeler l’argile, faire des moules, des maillages métalliques, couper de la taule et faire de la soudure autogène, électrique, me mettre un masque protecteur pour que mon visage ne devienne pas tout rouge (un jour ça m’est arrivé). La sculpture d’un homme qui est replié sur lui-même, qui soit en argile et après se transforme en verre, en homme oiseau de verre. Qu’il soit transparent et qu’on puisse allumer une lumière à l’intérieur. Ce petit homme se trouve dans une piscine en résine au fond d’un ordinateur avec cinq figurines en fil de fer et cire, une légion d’extra-terrestres qui se battent contre la matrice pour le protéger avec des parties du corps trouées comme s’ils avaient reçu un coup de feu et donc tu peux voir à travers eux. Générer une autre légion de figurines de papier mâché qui monte un escalier très élevé pour qu’une autre avec une cravate et un cœur puisse prendre un remède. Il y en a un qui est mauvais et qui attend de l’autre côté de l’escalier. Cette sculpture avait aussi une lumière qui se projetait à travers la résine, qui était en fait une piscine faite de détritus : une dent, des clefs, des petits papiers avec des mots écrits dessus. La lumière traversait la résine puis passait à travers une grille et éclairait la scène. Une espèce de magma volcanique faite de morceaux de papier journal peints en blanc et vieillis. Je ne me rappelle plus comment je suis arrivée à chacune de ces sculptures. C’est comme si elles appartenaient à un passé nuageux, comme si je les avais faites quand j’avais deux ans. Je n’en ai aucun souvenir conscient. Si je faisais une exposition de ces matériaux, je serais la première spectatrice.
Raphaël découvre un tableau avec sa caméra.