ARIEL FARACE

Théâtre

ARIEL FARACE

Constanza muere (Constanza meurt) 2015

Le 16 Avr 2019

A

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Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 137 - Noticias argentinas - Perspectives sur la scène contemporaine argentine
137

Con­stan­za
La Mort
La Musique

Ton insis­tance me sur­prend. Bon, je ne sais pas si elle me sur­prend vrai­ment, mais… Je ne sais pas. J’avais la tête à autre chose. C’est ce qui est bien avec le dimanche. Il n’y a pas tant de mou­ve­ment. On plan­i­fie et on fait. Sans tout ce désor­dre comme pen­dant la semaine. Sans inter­rup­tion. Je n’aime pas les inter­rup­tions. Ceux qui vivent seuls n’aiment pas les inter­rup­tions. Mais j’étais aus­si en train de lire, ne t’inquiète pas. Je ne dis­ais pas ça pour toi. Non. Toi tu ne m’interromps pas. J’ai fait du thé. Je suis en train de le faire. Il y a des bis­cuits. Ce que j’aime avec le thé c’est l’attente. Cette sus­pen­sion du sachet dans l’eau. Tout ce goût et cette couleur qui se répan­dent. Comme s’ils se lais­saient aller. Ce qui avant frémis­sait, bouil­lait dans un emporte­ment embar­ras­sant : main­tenant ça tiédit. Ça tiédit… et ça s’offre entière­ment. L’attente inévitable, non ? Tu le pre­nais avec du sucre ? Je ne sais plus si tu le pre­nais avec du sucre… Moi je l’aime sucré. On dit que le sucre niv­elle la mélan­col­ie. C’est chim­ique. Donc pour le dimanche c’est idéal : thé, sucre, quelques bis­cuits. Moi aus­si j’étais en train de lire. Juste là. Dans le fau­teuil. Pour pass­er l’après-midi. La fin réclame de la poésie, donc la fin de la journée je l’attends entre des rimes. Je m’assieds dans le fau­teuil, je lis… Je ne sais pas. Je bois du thé. Je m’imprègne des vers. C’est mon moment. Par moment j’ai la sen­sa­tion que les grands poètes par­lent de moi. Ha. Quoi ? Qu’est-ce qui arrive ? Quoi ? Je le lis ? Que je le lise. Ah, oui. Je le lis. Oui, oui. Je le lis, je le lis.
Mourir est un art, comme tout. Moi je le fais excep­tion­nelle­ment bien. Telle­ment bien que c’est de la folie. Telle­ment bien que ça sem­ble réel. On dirait, je sup­pose, que j’ai un don.

Je ne sais plus si tu le pre­nais avec du sucre. Et elle, ça serait qui ?

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