EUGENIA PÉREZ THOMAS

Théâtre

EUGENIA PÉREZ THOMAS

Las casas íntimas (Les maisons intimes) 2013

Le 15 Avr 2019

A

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Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 137 - Noticias argentinas - Perspectives sur la scène contemporaine argentine
137

ANÍS démé­nage, avec une boîte et un trousseau de clefs qu’elle change en même temps que de mai­son.
[…]

Mai­son 16. ANÍS

C’était ça notre plan, faire sem­blant d’être intéressés par une offre immo­bil­ière pour espi­onner ce qu’ils man­gent, ceux qui dor­ment dans la même pièce ou alors l’endroit où les per­son­nes rangent leurs bibelots. Ma mère avait cou­tume de m’emmener promen­er dans les maisons à louer. Elle mar­quait des cer­cles rouges dans le jour­nal comme ceux qui cherchent du tra­vail. Cette activ­ité d’espionnage était mon passe-temps heb­do­madaire : il faut observ­er les apparences sans rien détru­ire. Ça c’était avant, quand je n’avais pas plus de dix ou onze ans. Main­tenant c’est dif­férent, je garde des maisons où se répan­dent les affaires des autres sous forme de cas­cade et je me pro­tège de la tête aux pieds. J’adopte rapi­de­ment les rit­uels qui se cachent sous les choses et je trav­es­tis ma per­son­nal­ité en menant une vie d’emprunt. D’un cer­tain point de vue la ville ressem­ble aux vil­lages à l’heure de la sieste. Par exem­ple, dans cette mai­son ils dor­ment pen­dant la journée et je ne les vois presque pas. La dernière fois que nous avons déje­uné ensem­ble ça a été dans le noir et j’ai explosé. Je me suis fais une très mau­vaise idée de ces gens, de leurs mots, de leurs voitures et de leurs sex­es. Je leur ai dit qu’ils étaient des fils de putes affectueux et attachants. Ce sont des besti­oles de la con­som­ma­tion, ils ont été con­t­a­m­inés par la peste et ils en sont con­tents. Ma mère ne s’approche pas parce qu’elle veut sen­tir qu’elle est dif­férente. Moi je garde la mai­son, parce que c’est une mai­son de famille et parce qu’il pleut, ce qui est courant en automne. Je par­le de la météo pour dire quelque chose. C’est tou­jours comme ça, le milieu qui t’entoure. La grand-mère Lía me traite devant les autres comme si j’étais quelqu’un de spé­cial. Que je suis la plus belle, la plus gen­tille, la plus intel­li­gente. Ça me fait honte, elle dit ça en pen­sant qu’elle est objec­tive. L’oncle Rito m’a traitée d’anarchiste. Tout ça parce que je ne crois pas en la pro­priété privée. Lui il est péro­niste. Sur la table nous jetons notre furie. Il me traite de capricieuse, je lui crache dessus. Je demande par­don. Lui, que c’est pas grave. Nous ter­mi­nons le repas par un café. Dans la mai­son de grand-mère Lía ils ont peur de moi, ils dis­ent que je m’échappe comme le lapin blanc dans les con­tes. Rito et Lía n’aiment pas que j’habite chez des étrangers. Je m’en fiche, je ne pense pas que ce qui est com­mun soit for­cé­ment quel­conque.

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