GIULIANA KIERSZ

Théâtre

GIULIANA KIERSZ

B 2017

Le 18 Avr 2019

A

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Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 137 - Noticias argentinas - Perspectives sur la scène contemporaine argentine
137

I

Je suis seule. Dans un lieu sur une route iden­tique du début à la fin. Cela fait des jours que je marche. Je suis par­tie quand il fai­sait encore froid et l’automne s’éloignait. Main­tenant les fleurs sont déjà de retour. La cam­pagne sur les côtés. Devant. Der­rière. Je suis tou­jours debout sur la route sans savoir où aller. Je ne pense pas. Il faut que je pense un peu. Une voiture passe à toute vitesse sur la route. Je dois com­mencer à penser et je me demande si je me mets à fumer une cig­a­rette ou pas. Et je décide que oui. Mais je n’ai pas de cig­a­rettes. Et il n’y a rien alen­tour. Tout autour de moi est vert ou asphalte. Et je renonce à l’idée de fumer une cig­a­rette. Un homme appa­raît sur une bicy­clette. J’ai une con­ver­sa­tion avec lui. Je lui demande vers où c’est A, l’endroit où je veux aller. Il me dit que non, que là, je vais vers B, un endroit dont je n’avais jamais enten­du par­ler. Il me dit que A c’est loin et que je n’y aille pas seule. On ne peut pas y aller seul. On ne va pas là-bas seul. Il se pro­pose de m’accompagner, non mer­ci. Il me pro­pose sa bicy­clette, non mer­ci. Il m’accompagne sur le côté de la route, il s’approche de moi, il m’offre une cig­a­rette, non mer­ci. Je con­tin­ue à marcher et lui reste là avec sa bicy­clette sur le bord du chemin. Debout, avec un pied sur la pédale et le dos penché de l’autre côté, en équili­bre. Quand je me retourne et que je le vois, j’ai de la peine pour cet homme que je ne con­nais pas et qui me regarde tout en main­tenant l’équilibre. Je reviens. Je fume une cig­a­rette et je vais avec lui à B, où il vit avec sa femme et son fils. Ce jour-là nous arrivons à sa mai­son et il fait nuit. Sa mai­son est près de la route, elle est cou­verte de ciment blanc. Sur les côtés de la route tout est obscu­rité. Sur le devant de sa mai­son une lumière blanche. Nous entrons. Nous dînons. Je m’assois à sa table car­rée, sur une chaise en bois. Nous dînons. Nous buvons du vin. On entend une télévi­sion en bruit de fond. Sa femme et son fils me souri­ent. Je leur souris. Ils sont aimables. La mai­son me calme. Au moins c’est une mai­son. Cette nuit-là je reste dormir là et je ne con­tin­ue pas vers où j’étais en train d’aller.

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