Il faut venir pour le comprendre

Théâtre
Parole d’artiste

Il faut venir pour le comprendre

Le 24 Avr 2019
Pundonor par Andrea Garrote. Photo Sandra Cartasso.
Pundonor par Andrea Garrote. Photo Sandra Cartasso.
Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 137 - Noticias argentinas - Perspectives sur la scène contemporaine argentine
137

À l’occasion de la sor­tie du #137 d’Alternatives Théâ­trales, « Noti­cias Argenti­nas », le dra­maturge du KVS, orig­i­naire de Buenos Aires, nous livre son car­net de route au cœur du FIBA en jan­vi­er 2019. Par Ger­ar­do Sali­nas et traduit de l’espagnol par Benoît Hen­naut.

À la fin des années 1990, j’ai quit­té Buenos Aires pour m’installer en Bel­gique. J’y suis depuis retourné régulière­ment et y ai même tra­vail­lé. Cepen­dant, ma vis­ite au cours de la douz­ième édi­tion du Fes­ti­val Inter­na­tion­al de Buenos Aires (FIBA) avait quelques par­tic­u­lar­ités. En pre­mier lieu, 2019 mar­que le 20e anniver­saire de mon départ, et pour un Argentin, revenir après 20 ans, cela a un goût de Car­los Gardel, l’archétype portègne et son tan­go Volver. Deux­ième­ment, je voy­ageais cette fois en vue de l’organisation d’une semaine d’arts de la scène lati­no-améri­cains à Brux­elles, que je pré­pare avec des parte­naires d’Argentine, d’Uruguay, du Brésil et du Chili. Il s’agit du fes­ti­val Próx­i­ma­mente, qui se tien­dra en novem­bre 2019, et qui est co-pro­gram­mé par 5 parte­naires : Fun­dación Teatro a Mil au Chili, Insti­tu­to Nacional de Artes escéni­cas en Uruguay, Platafor­ma Argenti­na, Mostra Inter­na­cional de Teatro à Sao Paulo au Brésil, et le KVS à Brux­elles. Ce fes­ti­val a l’intention de con­tex­tu­alis­er et de mon­tr­er les dynamiques pro­pres à la région. J’ai ain­si fait le voy­age avec deux jour­nal­istes belges, Cather­ine Mak­ereel du Soir, et Fil­ip Tie­lens du Stan­daard, afin qu’ils expéri­mentent le ter­ri­toire lati­no-améri­cain avant de décou­vrir les com­pag­nies invitées à Brux­elles.

Invité par le FIBA, et au cœur de ces dis­po­si­tions men­tales, je me suis attaché à observ­er l’état du théâtre à Buenos Aires dans le con­texte d’une nou­velle crise économique.

Il n’est pas facile de racon­ter un fes­ti­val comme le FIBA. J’ai ten­té de m’en approcher à tra­vers le fil­tre des thèmes qui m’intéressent et avec lesquels je tra­vaille en Bel­gique. Une série de cartes postales et d’observations accu­mulées qui for­ment une mille-feuille de pâte feuil­letée gorgé de dulce de leche

La ville en forme la pre­mière couche, directe­ment liée à la deux­ième : les con­di­tions de pro­duc­tion du fes­ti­val.

Buenos Aires est une des plus impor­tantes cité-théâtre du monde. Chaque semaine, dans un entrelacs de théâtres les plus divers, qui va d’un des meilleurs opéras de la planète au salon d’un apparte­ment, on présente pas loin de 400 pièces. La tra­di­tion est très impor­tante, mais elle se traduit aus­si dans une pro­fonde diver­sité et dans beau­coup d’esprit punk.

Lorsque Cather­ine Mak­ereel deman­da au met­teur en scène inter­na­tionale­ment recon­nu Fed­eri­co León (dans son espace jardin de Zelaya, qui fut sa mai­son), ce qu’il pen­sait être typ­ique­ment argentin, il lui répon­dit : « la force des idées et la volon­té que quelque chose se passe, peu importe l’adversité du con­texte ». Aucune crise économique ni défaut d’appui offi­ciel ne vien­dront s’interposer face à la volon­té d’un créa­teur. Il existe une pul­sion envers le tra­vail coopératif, par néces­sité et par iden­tité.

Ce sont des car­ac­téris­tiques qui peu­vent s’appliquer au fes­ti­val. Du fait de la récente déval­u­a­tion du peso, la valeur réelle du bud­get du FIBA s’est diluée en un laps de temps d’à peine six mois. En référence au dol­lar, les pesos valaient env­i­ron 60% de moins qu’au moment où le bud­get du fes­ti­val fut arrêté. Il est évi­dent qu’un fes­ti­val inter­na­tion­al négo­cie la majeure par­tie de ses con­trats dans une devise étrangère. De sorte que le pro­gramme inter­na­tion­al a été dras­tique­ment réduit. Et le fes­ti­val changea deux fois de dates. Ma pro­pre expéri­ence de directeur artis­tique de fes­ti­val en Bel­gique me laisse imag­in­er là le pire cauchemar. Mais le FIBA a per­sévéré. Tra­di­tion­nelle­ment, le fes­ti­val de Buenos Aires est situé au print­emps [NdT : en automne pour l’Europe], et occupe une grande par­tie du mois d’octobre. Un autre fac­teur impor­tant était le cal­en­dri­er des élec­tions prési­den­tielles prévues égale­ment en octo­bre 2019. Le devenir des insti­tu­tions artis­tiques en Argen­tine est inti­ment lié à la poli­tique ; elles sont très sen­si­bles aux change­ments de tra­jec­toire… La déci­sion fut donc prise de pro­gram­mer le fes­ti­val en été 2019 [Ndt : soit l’hiver européen] afin de le pro­téger des allers-retours poli­tiques. La sec­onde moitié de jan­vi­er s’imposa, bien qu’il s’agisse de longue tra­di­tion de la péri­ode du fes­ti­val San­ti­a­go a Mil, au Chili. En jan­vi­er, Buenos Aires est humide et étouf­fante ; la ville se trans­forme qua­si­ment en un désert urbain. Mais à cette occa­sion par­ti­c­ulière, le FIBA a saisi l’occasion de pro­gram­mer en syn­ergie avec San­ti­a­go a Mil. En out­re, la déci­sion fut prise de faire mon­ter la ville au front, et d’impliquer la scène alter­na­tive.

Le cen­tre du fes­ti­val s’est instal­lé dans le quarti­er d’Abasto. C’est une zone en cours de gen­tri­fi­ca­tion, comp­tant encore sur une présence mas­sive d’immigrants majori­taire­ment péru­viens, et abri­tant la plus anci­enne com­mu­nauté juive de la ville. Qui plus est, la zone est tou­jours habitée, dans ma mémoire du moins, d’un lieu comme le Babilo­nia (qui a dis­paru aujourd’hui), qui fut une salle emblé­ma­tique de la scène alter­na­tive des années 1990, et qui vit défil­er à l’époque beau­coup de noms qui for­ment aujourd’hui le main­stream d’un théâtre argentin de qual­ité : Ale­jan­dro Tan­tan­ian, Andrea Gar­rote, ou encore Rafael Spregel­burd.

Deux pro­jets ambitieux, gra­tu­its et pluridis­ci­plinaires ont été réal­isés dans le quarti­er : le Maratón Abas­to, et le Bom­bón Veci­nal, un for­mat né de la scène alter­na­tive et créé par Mon­i­na Bonel­li et Cris­t­ian Scot­ton. Les deux pro­jets com­bi­naient des créa­tions site spe­cif­ic et des pro­duc­tions plus tra­di­tion­nelles en salle, des per­for­mances plus mod­estes, des con­certs et des work­shops. Au sein de ces par­cours, et entre autres mer­veilles, j’ai pu voir la per­for­mance Sr. Woman et Lady Ray van Ring, avec les incroy­ables Mariela Por­tillo del Rayo, Car­la Cre­spo et Guiller­ma Etkin. La fréquen­ta­tion de ces événe­ments fut mas­sive, et per­mit de touch­er un pub­lic moins habitué aux arts de la scène.

Les deux couch­es suiv­antes du mille-feuille (après la ville et les con­di­tions de pro­duc­tion) sont for­mées par la diver­sité et l’immigration.

La pro­duc­tion scénique argen­tine est diver­si­fiée, puis­sante. J’ai pu voir dans cette édi­tion 2019 du FIBA Mi fies­ta, écrite et inter­prétée par Mayra Bonard, une de mes héroïnes de la com­pag­nie mythique de danse El Des­cueve, ain­si que Pun­donor, écrit, dirigé et inter­prété par Andrea Gar­rote en col­lab­o­ra­tion avec Rafael Spregel­burd. Ces deux pièces offrent la per­spec­tive de deux femmes quadragé­naires, à par­tir de leur posi­tion sociale. Dans un monde artis­tique au sein duquel les per­spec­tives ten­dent à être mas­cu­lines, et les corps de femmes extrême­ment jeunes, ce fut une vraie bouf­fée d’air frais. J’aimerais égale­ment soulign­er le tra­vail de Mari­na Otero (qu’on ver­ra au KVS en novem­bre dans le pro­gramme de Próx­i­ma­mente), qui dans 200 golpes de jamón ser­ra­no tra­vaille la forme d’un bio­dra­ma [NdT : un style répan­du à Buenos Aires, forme mono­loguée bio­graph­ico-fic­tion­nelle] avec Gus­ta­vo Garzón, un acteur de séries télé et du cir­cuit théâ­tral com­mer­cial. Elle y expose la manière avec laque­lle ces deux économies théâ­trales, la com­mer­ciale et l’indépendante, tra­versent les corps et la réal­ité de ceux qui les fréquentent.

En dehors du pro­gramme offi­ciel, j’ai eu l’occasion de me ren­dre à une répéti­tion du légendaire Grupo Krapp (dont on ver­ra le tra­vail Rubios dans Próx­i­ma­mente), et j’ai enfin pu décou­vrir le tra­vail plébisc­ité de Mar­i­ano Ten­coni Blan­co, Todo ten­dría sen­ti­do si no existiera la muerte. Sans oubli­er la très émou­vante instal­la­tion de Fed­eri­co León, La últi­ma pel­lic­u­la, dans laque­lle on peut assis­ter dans des park­ings urbains à la pro­jec­tion du dernier film qui y fut mon­tré alors qu’ils étaient encore des ciné­mas.

Un autre aspect de la diver­sité qu’il faut soulign­er est le fait que Buenos Aires est une ville faite de grands courants migra­toires. Dans l’imaginaire et le réc­it com­muns, on dis­tingue les migra­tions, prin­ci­pale­ment européennes, des 19e et 20e siè­cles, de la migra­tion orig­i­naires des pays lim­itro­phes, ou même de l’intérieur du pays. Les nou­veaux proces­sus migra­toires com­por­tent un poten­tiel nar­ratif qui n’est que peu exploité. En ce sens, la pièce La veloci­dad de la luz m’a sur­pris par sa sim­plic­ité, son intégrité et l’importance de son pro­pos. Il s’agit d’une créa­tion col­lec­tive de la com­pag­nie de Mar­co Canale, qui est en rési­dence à la Vil­la 31 (où vil­la sig­ni­fie ici bidonville). Cette com­pag­nie est com­posée, dans sa majorité, de femmes de plus de 60 ans orig­i­naires de l’immigration. Dans le groupe et dans la créa­tion s’entremêlent des Argentins d’origine paraguayenne, alle­mande, bolivi­enne, française, ital­i­enne, … On y par­le l’espagnol mais aus­si le guaraní, l’italien, l’aymara, l’italien ou l’allemand. C’est un joy­au pour la con­struc­tion de l’identité con­tem­po­raine, dans un temps mar­qué par l’intolérance et les dis­cours xéno­phobes.

En ce sens, j’ai égale­ment retenu l’expérience menée par Vivi Tel­las avec deux immi­grants séné­galais, un nou­veau groupe présent dans les rues de la ville, sou­vent mal con­nu et vic­time de vio­lence insti­tu­tion­nelle.

Deux autres couch­es intéres­santes du mille-feuille, étroite­ment col­lées l’une à l’autre, sont offertes par la poli­tique et l’épique. Au Teatro 25 de Mayo, quelques min­utes avant que ne com­mence le work in progress inti­t­ulé 80 de un min­u­to présen­té par Rubén Sab­ba­di­ni, survient une panne d’électricité. Le gradin était rem­pli de pro­gram­ma­teurs inter­na­tionaux. La com­pag­nie déci­da de pour­suiv­re. Sans lumière, et sans sur­titrage. Ce geste lais­sa une impres­sion forte dans toute l’assistance. En plus de soulign­er avec force les capac­ités per­for­ma­tives du groupe. Comme si cela avait été écrit d’avance, la lumière est rev­enue vers la fin de la représen­ta­tion. Une démon­stra­tion épique très forte.

Il est évi­dent, comme le souligna Lola Arias en réponse à Fil­ip Tie­len à pro­pos de la pos­si­bil­ité de tra­vailler sans moyens, « qu’il ne s’agit pas de roman­tis­er la pau­vreté ». C’est pourquoi cette couche épique doit s’articuler à la poten­tial­ité poli­tique de la scène argen­tine. Il y a quelques années, celui qui était alors min­istre de la Cul­ture de la Ville de Buenos Aires et qui fut aupar­a­vant directeur du FIBA, Darío Lop­er­fi­do, eut l’idée de met­tre en doute le nom­bre de dis­parus de la dernière dic­tature argen­tine qu’avancent les asso­ci­a­tions de défense des droits de l’homme. C’était un acte for­tu­it de néga­tion­nisme qui fit de lui une per­sona non gra­ta dans la plu­part des vernissages et soirs de pre­mière, et qui finit par le pouss­er à la démis­sion.

De la même façon, au sein du Théâtre San Mar­tin, tem­ple du théâtre argentin, un groupe impor­tant d’actrices s’associèrent sur scène à Thel­ma Fardin afin de dénon­cer son viol voici dix ans par un acteur recon­nu du théâtre lors d’une tournée, alors qu’elle avait 16 ans. Avec la même force, la majorité de la scène théâ­trale milite en faveur de la pro­mul­ga­tion de la « loi avorte­ment ». Le signe de ral­liement en faveur de la loi est recon­naiss­able dans les rues de Buenos Aires au port d’une étoffe verte. A l’occasion de nom­breuses pièces, les actri­ces et acteurs vien­nent saluer le pub­lic en por­tant cette étoffe verte, en sou­tien à un avorte­ment sûr, légal et gra­tu­it.

Dans un posi­tion­nement fort en ter­mes de genre, Pablo Rotem­berg utilise unique­ment la langue inclu­sive dans sa pièce La oscuri­dad cubrió la tier­ra. En espag­nol, dans ce cas, les ter­mi­naisons –a du féminin et –o du mas­culin sont rem­placées par un invari­ant en –e. Ain­si à la place de chicos et chi­cas (des garçons et des filles), on emploie chiques. C’est un choix qui provoque de vio­lents débats avec les puristes de la langue, s’agissant d’une inter­ven­tion aus­si effec­tive et rad­i­cale.

L’action poli­tique ne se lim­ite pas à la scène. Des organ­i­sa­tions comme la plate­forme LODO, le club cul­turel Matien­zo, l’IMPA, la Scène poli­tique, entre autres, ques­tion­nent l’organisation, la régle­men­ta­tion et le finance­ment des arts. Il est impor­tant de not­er que la lég­is­la­tion actuelle qui régit les espaces cul­turels de Buenos Aires trou­ve son orig­ine dans un mou­ve­ment venu de la base et porté par les asso­ci­a­tions cul­turelles et les artistes. Avec l’aide d’avocats, ils ont défi­ni un pro­jet de régle­men­ta­tion que la Ville de Buenos Aires a ensuite pro­mul­gué en loi.

Enfin, la touche finale de ce gâteau com­pos­ite : l’Amérique latine est le futur. Si on exam­ine la radi­ogra­phie du corps d’un ouvri­er qui dût toute sa vie porter de lour­des charges, la forme de son squelette habitué à ces tâch­es nous dévoil­era ses activ­ités passées, même si on en igno­rait au départ la nature. Le squelette de l’Amérique latine est sa logis­tique, la con­nex­ion entre toutes ses par­ties. La struc­tura­tion d’une économie post­colo­niale nous révèle que ce squelette a été ori­en­té vers une com­mu­ni­ca­tion avec l’Europe et les États-Unis. Ceci est en train de chang­er. Au niveau cul­turel, pro­gram­ma­teurs et directeurs de fes­ti­vals régionaux se ren­con­trent et s’enrichissent de plus en plus au con­tact des uns et des autres. Le besoin d’un réc­it et d’une indus­trie dévelop­pés au niveau de la région se fait sen­tir. La chose sem­ble aller de soi par­lant d’arts de la scène, mais les acteurs de ter­rain lui font pren­dre corps avec inten­sité. Sans tomber dans le roman­tisme de la pau­vreté de moyens, la volon­té d’y par­venir à tout prix pèse sur le tout. Les col­lab­o­ra­tions et les rap­ports au quo­ti­di­en entre pays de la région sont de plus en fréquents et provo­quent une con­ta­gion d’expériences, chaque zone se pro­fi­lant  avec sa pro­pre iden­tité.

En guise d’au revoir

Ces dif­férentes couch­es de sens et la forme que pren­nent leurs rela­tions sont dif­fi­ciles à exprimer par un texte. Il n’y a peut-être pas autre chose à faire que suiv­re le con­seil de Fed­eri­co Irazábal, directeur artis­tique du FIBA : « Il faut venir pour le com­pren­dre. » Aller ain­si à la ren­con­tre de l’écosystème infi­ni du théâtre argentin. Au-delà de la diver­sité, de la quan­tité et des dif­férences formelles, les artistes argentins parta­gent une énergie débor­dante et un engage­ment total avec leur tra­vail. Il y a là une réma­nence de nos par­tic­u­lar­ités locales et des dif­fi­cultés de pro­duc­tion. Mais je sens en eux une très grande con­science, un sen­ti­ment d’urgence exprimé dans chaque mot et dans chaque mou­ve­ment, une empreinte débar­rassée de toute bureau­cratie. C’est quelque chose qui me fascine et que je désire partager avec mon sec­ond foy­er, la Bel­gique.

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Benoit Hennaut
Benoît Hennaut est Docteur en lettres de l’ULB et de l’EHESS à Paris. Il est...Plus d'info
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