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[Photos de la chronologie].
Je vais faire une chronologie rapide de comment je suis arrivée jusqu’ici. Pour ne pas vous ennuyer je vais le dire rapidement, en essayant d’inclure seu- lement ce qu’il y a d’important, mais en faisant attention à ce que ça se comprenne. En 2008 ils m’engagent pour danser dans un groupe folklo- rique pour jouer Telesita, une petite fille de Santiago del Estero qui danse jusqu’à tomber de fatigue et meurt brûlée par un éclair. De Telesita on disait qu’elle était une jeune campagnarde, pauvre et innocente. Dans ces mythes, innocente peut vouloir dire qu’elle était vierge ou mongolienne. C’est pour ça, dit la légende, qu’elle s’est endormie près du feu ou qu’elle s’est fait prendre par un éclair en se promenant dans la forêt. Il y a une autre version qui dit qu’en tournant dans une danse de chacarera ses jupes ont attisé le feu avec lequel on tendait le cuir des tam- bours et en dansant et dansant, il s’est transformé en une flambée. Ça c’est la version que j’aime le plus. C’est un samedi en plein hiver et je suis seule. Je fais un saut et avant de toucher à nouveau le sol, je sens une douleur qui me casse en deux. Quand je tombe, je reste pliée en deux sur le sol sans pouvoir me relever. Une Telesita digne mais sans feu. En dansant jusqu’à tomber de fatigue comme une mongolienne. Diagnostic : protrusion lombaire. Ça arrive à tout le monde, ce n’est même pas original. Je ne peux pas danser pendant un moment alors je commence à étudier le théâtre. Dans ce cours, j’écris un monologue dédié à « Pablo » avec qui je sortais à l’époque. Comme il avait un frère jumeau, on va l’appeler Pablo « l’homme double ». 2009 : Je commence à répéter dans le salon de la maison de ma mère. J’arrête de sortir avec Pablo « l’homme double » et comme je n’ai plus de muse inspiratrice tout me semble plus compliqué. Le lieu n’aide pas non plus (dans la maison de ma mère et tout ça). C’est pourquoi je trouve une salle qui est n’encore qu’à moitié construite et chaque fois que j’arrive je nettoie les restes de sciure sur le sol. Les choses s’améliorent mais pas tant que ça.
Avec Norman c’est comme normal, à une lettre près, Clément Thirion, jeune metteur en scène belge, signe sa première production…