Depuis le début de leur tandem en 1997, le duo français Clédat & Petitpierre, composé d’Yvan Clédat et de Coco Petitpierre fait circuler les arts plastiques avec les arts de la scène. En effet, à travers les créations de ces deux plasticiens, les sculptures de couleurs vives, cessent d’être exclusivement artefact et oeuvres d’art, pour prendre vie, grâce aux êtres qui s’y glissent. Avec Ermitologie (2017) le duo instaure une représentation « spectacle » plus classique : les créations donnent à voir des corps vivants toujours mais, dans un dispositif (scène, noir dans la salle, public assis face à la scène) qui se rapproche grandement de la représentation.
Mais s’agit-il pour autant d’un véritable retour ? Rien n’est moins sûr. D’une part, le duo revient à ses premières amours car Clédat & Petitpierre avaient tenté, il y a une vingtaine d’années, de travailler sur des spectacles dont la forme empruntait déjà aux codes des arts de la scène. D’autre part, ce déploiement dramaturgique ne fait qu’approfondir et déployer une circulation entre les arts plastiques et les arts de la scène déjà bien présente dans leurs créations. Une circulation qui s’est donc tissée avec le public à travers ce qu’ils nomment donc des « sculptures à activer », des créatures dans lesquelles ils font s’insérer des circassiens et des danseurs mais dans lesquelles ils se faufilent également eux-mêmes pour les faire vivre en public. Ce qui s’est révélé un atout précieux. Comme le souligne Coco Petitpierre, « Se retrouver tous les deux dans des sortes de territoires où nos corps sont en action nous a permis d’ éclaircir beaucoup de choses, notamment ce que l’on voulait montrer au public, et aussi ce que l’on souhaitait demander aux interprètes ».
Des sculptures vivantes d’une inquiétante étrangeté
L’inanimé s’anime ainsi depuis près de trente ans à travers des créations artisanales : en amont, Coco Petitpierre crée le « mou », les « costumes » hétérogènes, tandis que Clédat élabore le « dur » de la mécanique et des décors.