Collectif Eudaimonia

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Entretien
Théâtre

Collectif Eudaimonia

Le 23 Jan 2020
Crédit : Christophe Raynaud de Lage
Crédit : Christophe Raynaud de Lage
Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 139 - Nos alternatives
139

A l’occasion des représen­ta­tions de DERNIERS REMORDS AVANT L’OUBLI par le Col­lec­tif Eudai­mo­nia

Qu’est-ce que vous faites ensem­ble ?

Le Col­lec­tif Eudai­mo­nia a été créé à l’initiative de Guil­laume Séver­ac-Schmitz qui en est le directeur artis­tique. Nous faisons du théâtre !
L’idée du Col­lec­tif naît surtout d’une volon­té de partage et de con­struc­tion chorale des créa­tions artis­tiques. L’échange, la con­cer­ta­tion, le débat d’idée, l’orientation esthé­tique sont au cen­tre des dis­cus­sions et con­stituent sa ligne fon­da­men­tale.
Nous avons la volon­té de créer des spec­ta­cles qui nous ressem­blent, c’est-à-dire, qui con­tient in fine la syn­thèse de toutes nos dis­cus­sions.
En ce sens, nous ne nous éloignons pas véri­ta­ble­ment d’une forme de tra­vail tra­di­tion­nelle et représen­ta­tive de toute Com­pag­nie théâ­trale.
Néan­moins, la notion de tra­vail col­lec­tif est impor­tante d’un point de vue moral et artis­tique, c’est un véri­ta­ble état d’esprit, qui con­siste, pour le directeur artis­tique, à être très à l’écoute, à déléguer les respon­s­abil­ités, à pren­dre en con­sid­éra­tion les avis de cha­cun, étape par étape. Nous créons des textes du réper­toire clas­sique, prin­ci­pale­ment axés sur l’Elisabéthain (Richard II de Shake­speare et La duchesse d’Amalfi de John Web­ster), mais aus­si du réper­toire con­tem­po­rain (Un obus dans le coeur de Waj­di Mouawad et Derniers remords avant l’oubli de Jean Luc Lagarce).
Le dénom­i­na­teur com­mun dans le choix de mon­ter ces oeu­vres, c’est tout d’abord le souhait de se con­fron­ter à de grandes oeu­vres et de grands auteurs. Tra­vailler des textes qui puis­sent sol­liciter tous les corps de méti­er du théâtre, de la con­cep­tion à l’actorat, à un grand niveau de réflex­ion et d’exigence artis­tique ; mais c’est égale­ment une véri­ta­ble démarche sen­si­ble. L’oeuvre choisie doit impéra­tive­ment faire le lien avec nous, notre his­toire, nos envies, nos rêves, afin d’avoir véri­ta­ble­ment des choses à dire, à partager, à appren­dre et à trans­met­tre.

Com­ment vous êtes-vous trou­vés ?

Le Col­lec­tif Eudai­mo­nia a vu le jour à l’initiative de Guil­laume Séver­ac-Schmitz.
Au com­mence­ment des choses, pour les besoins de la pre­mière créa­tion qui était un solo, l’équipe était très réduite : Un acteur/musicien/metteur en scène, un assis­tant col­lab­o­ra­teur à la mise en scène, un régis­seur et une éclairag­iste.
Puis l’équipe s’est néces­saire­ment agrandie à par­tir de la créa­tion de Richard II de Shake­speare. Nous ne nous sommes pas trou­vés, car nous nous con­nais­sions déjà avant, nous nous sommes retrou­vés pour faire du théâtre ensem­ble. Nous parta­gions pour cer­tains (Met­teur en scène/ Régis­seur son/régisseur plateau/Costumière/Scénographe) une longue expéri­ence de créa­tion sur les spec­ta­cles de Waj­di Mouawad (Littoral/Forêts et la Trilo­gie du Sang des Promess­es); pour d’autres (les inter­prètes surtout) nous avons partagé ensem­ble les bancs des Ecoles Nationales (TNS/CNSAD).

Crédit : Christophe Ray­naud de Lage

Que refusez-vous ? Qu’affirmez-vous ?

Nous refu­sons de nous décourager dans cet envi­ron­nement con­cur­ren­tiel !!!
Nous refu­sons de nous pli­er à des volon­tés marchan­des qui altèr­eraient notre état d’esprit et nos choix artis­tiques.
Nous sommes libres, nous sommes vivants, nous avons de l’énergie, nous avons des choses à mon­tr­er, à racon­ter, à trans­met­tre.

Quels sont vos objec­tifs ?

Nous avons le souhait de gag­n­er en maîtrise artis­tique, de pro­gress­er dans l’affirmation de notre
geste théâ­tral, de con­tin­uer à faire un théâtre Pop­u­laire exigeant, pour tous, qui rassem­ble, qui éduque, qui élève.

Com­ment se prend une déci­sion ?

Par la con­cer­ta­tion !!!
Les déci­sions artis­tiques se pren­nent avant et pen­dant les créa­tions, selon les sujets, nous nous con­cer­tons en petits groupes représen­tat­ifs surtout pour l’aspect tech­nique et la con­cep­tion.
Pour les déci­sions au plateau, c’est un tra­vail très choral, des déci­sions tou­jours col­lec­tives rel­a­tives à la dra­maturgie, au sens de l’oeuvre et à la lec­ture com­mune que nous voulons lui don­ner.
D’un point de vue de la ges­tion interne, seul le bureau admin­is­tratif et de pro­duc­tion ain­si que la
direc­tion artis­tique se con­cer­tent pour pren­dre les déci­sions.

Peut-on par­ler de vie organique du groupe ?

Il n’y a pas de règles pré-établies. Néan­moins, et bien sou­vent les col­lab­o­ra­tions sont recon­duites.
Tout dépend de l’oeuvre, des pro­fils à dis­tribuer, des emplois du temps et des disponi­bil­ités de cha­cun. Il reste tou­jours un noy­au dur ; des tit­u­laires en quelque sorte. La fidél­ité se vit très bien. Nous ne sommes pas dupes. Rien ne dure.

Quelle est la durée de vie de l’association ?

En soit, tant que nous aurons le moyen de créer des spec­ta­cles, nous nous rassem­blerons.
Pour ce qui est de la durée même des col­lab­o­ra­tions, elle se définit en fonc­tion des repris­es, des disponi­bil­ités. Notre volon­té, c’est que les spec­ta­cles se jouent, se repren­nent, régulière­ment, qu’on se retrou­ve, qu’on reprenne la route ensem­ble tant qu’on le peut ; cela fait 5 ans déjà.

Quelle appellation/Signature ?

Le Col­lec­tif appa­raît tou­jours comme étant le pre­mier pro­duc­teur des spec­ta­cles, en col­lab­o­ra­tion
ensuite avec d’autres lieux et les tutelles. La con­cep­tion des spec­ta­cles est tou­jours signée par
Guil­laume Séver­ac-Schmitz.!

Quelles sont vos influ­ences ?

Chéreau, Don­nel­lan, la décen­tral­i­sa­tion, le TNP, Mouawad, Musique Baroque, les arbres, les
sci­ences, les enfants, Titien, le Tin­toret, Mon­et, Picas­so, tech­no, Scors­ese, Cop­po­la, de Pal­ma,
Taran­ti­no, Shake­speare …, que dire que dire que dire !

Con­statez-vous un retour du leader ?

Dis­ons que non ! Puisque tout le monde peut être leader, puisque chaque per­son­ne à son mot à dire, puisque tout le monde et bien con­scient des com­pé­tences de cha­cun.
Le tout est de se met­tre d’accord, en con­cer­ta­tion, pour que chaque déci­sion puisse per­me­t­tre l’avancée de l’ensemble du tra­vail de groupe.
Celui qui énonce ce choix final est le directeur artis­tique, on ne peut se dépar­tir de cela.
Il faut quelqu’un qui tranche ou bien rien n’avance.

Crédit : Christophe Ray­naud de Lage

Y‑a-t-il une dimen­sion poli­tique dans votre tra­vail ?

Par les enjeux du théâtre que nous faisons, Oui ! Faire du théâtre pour tous, créer des spec­ta­cles exigeants mais acces­si­bles, faire décou­vrir le réper­toire, des pièces peu con­nues, agir sur le ter­rain, don­ner des stages, des Mas­ter class­es, des ate­liers, faire des ren­con­tres après les spec­ta­cles, aller dans les Col­lèges, les Lycées, les Uni­ver­sités ; défendre une cul­ture du savoir acces­si­ble à tous…
En revanche, pas d’idéologie, pas de prise de posi­tion sur tel ou tel courant poli­tique, hormis bien évidem­ment une totale indig­na­tion con­tre toute forme de racisme, d’homophobie, d’antisémitisme, et d’extrémisme religieux ou poli­tique.
Mais nos spec­ta­cles n’ont pas à pro­pre­ment par­ler de reven­di­ca­tion poli­tique.

Pensez-vous qu’il y a une men­ace à tra­vailler ensem­ble ?

Tou­jours, comme partout. Il serait totale­ment faux de croire que tout se passe idéale­ment.
Pour l’instant ça va très bien pour nous.
On gère !!!
Mer­ci !!!


DERNIERS REMORDS AVANT L'OUBLI

de Jean-Luc Lagarce
éd. Les Solitaires Intempestifs
conception et mise en scène Guillaume Séverac-Schmitz
dramaturgie Clément Camar-Mercier
avec Clément Aubert, Jean-Toussaint Bernard, Caroline Fouilhoux, Marie Kauffmann, Adrien Melin, Anne-Laure Tondu
scénographie Angéline Croissant et Guillaume Séverac-Schmitz
création lumières Léo Grosperrin et Guillaume Séverac-Schmitz
réalisation images Collectif Eudaimonia création musique Guillaume Séverac-Schmitz
création costumes Emmanuelle Thomas régisseur général et son Yann France

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Écrit par Sylvie Martin-Lahmani
Pro­fesseure asso­ciée à la Sor­bonne Nou­velle, Sylvie Mar­tin-Lah­mani s’intéresse à toutes les formes scéniques con­tem­po­raines. Par­ti­c­ulière­ment atten­tive aux...Plus d'info
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24 Jan 2020 — Eszter Salamon Kaaitheater 17 et 18 janvier 2020

Eszter Sala­m­on Kaaithe­ater 17 et 18 jan­vi­er 2020

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A l’occasion des représen­ta­tions de ON EST SAUVAGE COMME ON PEUT au Théâtre Nation­al à Brux­elles (21.01 > 01.02.2020), nous sommes heureux de pub­li­er un entre­tien avec le Col­lec­tif Gre­ta Koetz.

Par Greta Koetz
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